LONDRES: Le nombre d’attaques perpétrées au Yémen par la milice houthie, soutenue par l’Iran, contre l’Arabie saoudite, qui visent principalement des sites civils, a doublé au cours des neuf premiers mois de 2021 par rapport à la même période l’année précédente, selon les résultats d’un groupe de réflexion américain.
Le rapport, réalisé par le Center for Strategic and International Studies (Centre d’études stratégiques et internationales ou CSIS), à Washington, appelle en outre les États-Unis à fournir à l’Arabie saoudite une aide supplémentaire pour se défendre contre les attaques et à souligner le rôle clé joué par l’Iran pour faciliter ces dernières.
«L’Iran et Ansar Allah (“partisans de Dieu”), plus connus sous le nom de “Houthis”, ont mené une campagne d’attaques spectaculaires qui ciblaient des civils saoudiens et la coalition dans le Golfe», indique le rapport du CSIS, publié mardi dernier.
«Les Houthis orchestrent une campagne de guerre irrégulière de plus en plus intense contre l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe en utilisant des missiles de croisière et balistiques sophistiqués, des aéronefs sans équipage (communément appelés “drones”) ainsi que d’autres armes à distance.»
Le CSIS comptabilise 4 103 attaques menées à partir du Yémen sur des sites saoudiens, notamment contre des cibles maritimes, entre le 1er janvier 2016 et le 20 octobre 2021. Il s’est avéré que «le nombre d’attaques perpétrées par mois par les Houthis contre l’Arabie saoudite et contre d’autres cibles a doublé au cours des neuf premiers mois de 2021 en comparaison avec la même période en 2020».
Le rapport indique également que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’Iran, qui répond directement au Guide suprême du pays, «a fourni aux Houthis une formation ainsi qu’un arsenal croissant d’armes et de technologies sophistiquées qui leur permet de disposer de missiles guidés antichars, de mines marines, de drones chargés d’explosifs, de missiles balistiques et de croisière, de véhicules maritimes sans équipage ainsi que d’autres armes et des installations».
Selon le rapport, la force Al-Qods, la branche expéditionnaire du CGRI, a travaillé aux côtés du Hezbollah libanais afin d’améliorer les capacités des Houthis «à un coût relativement faible», surtout si on le compare à ce qu’a coûté à l’Arabie saoudite l’amélioration des défenses aériennes indispensables à la neutralisation de la menace des attaques de missiles et de drones, ajoute-t-il.
«Les États-Unis et leurs alliés devraient mener une campagne plus agressive afin de rendre publiques les actions de l’Iran et des Houthis et de fournir une assistance supplémentaire, en matière de sécurité, à l’Arabie saoudite et aux autres États du Golfe», souligne-t-il.
Le Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe, a été plongé dans le conflit en 2014 lorsque les Houthis, idéologiquement alignés sur Téhéran, se sont emparés du pays par la violence à l’occasion d’un coup d’État contre le gouvernement internationalement reconnu. L’Arabie saoudite est ensuite intervenue contre les Houthis, aux côtés d’une coalition internationale, afin de défendre le gouvernement yéménite soutenu par l’ONU.
«Non seulement il y a eu une augmentation du nombre d’attaques contre l’Arabie saoudite au cours de l’année dernière, mais l’Iran et le Hezbollah libanais continuent de fournir aux Houthis des systèmes d’armes de plus en plus sophistiqués», avertit le CSIS.
«Les Houthis disposent désormais d’un assortiment florissant de missiles de croisière et balistiques, de drones et d’autres armes autonomes capables de frapper des cibles dans l’ensemble du Golfe, et au-delà».
D’après le rapport, Washington pourrait continuer à soutenir le Royaume en veillant à ce que les missiles sol-air Patriot restent disponibles. En outre, les États-Unis «devraient fournir des technologies supplémentaires de lutte contre les drones, car les systèmes Patriot ont une utilité limitée contre les petits drones».
Cela permettrait d’atténuer la menace d’attaques de petits drones, qui sont devenues de plus en plus fréquentes cette année.
Toutefois, même si la technologie antidrones est susceptible de réduire la menace physique pour les Saoudiens, il est également essentiel, selon le CSIS, que la communauté internationale prenne davantage conscience du rôle clé joué par Téhéran dans l’attisement des flammes de la guerre au Yémen.
«La sensibilisation croissante de l’opinion publique à l’ampleur du soutien iranien aux Houthis pourrait également faire pression sur les organisations multilatérales, telles que les Nations unies, pour qu’elles condamnent plus fermement l’intervention iranienne dans le conflit et qu’elles exigent que les Houthis renoncent au soutien iranien dans le cadre des négociations de paix», indique le rapport.
Pour conclure, le CSIS a averti que «sans une campagne plus efficace pour mettre en lumière et contrer publiquement ces attaques ainsi que pour aider l’Arabie saoudite à se défendre, l’Iran et les Houthis continueront à déstabiliser la région».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com