LONDRES: Des centres de détention «non sécurisés», dans le nord de la Syrie, détenant des dizaines de milliers de membres de Daech, ont créé un «mini califat» qui constitue une «menace sécuritaire grandissante» pour la région et les pays occidentaux, a mis en garde un nouveau rapport.
Des chercheurs du groupe de réflexion du Royal United Services Institute à Londres ont affirmé que la communauté internationale devait trouver un moyen de résoudre la situation, suggérant de créer un «tribunal hybride», similaire aux systèmes mis en place au Kosovo, au Cambodge et au Timor oriental.
«La réponse internationale actuelle réside dans la solution d’un maintien en cantonnement, mais celle-ci n'est pas durable», ont écrit Sabin Khan et Imogen Parsons, auteurs du rapport RUSI.
«Outre le fait que justice n’est pas rendue à ceux qui ont subi des violences, il existe une menace croissante pour la sécurité.»
Le rapport a ajouté que les autorités locales ne pouvaient pas retenir des détenus «indéfiniment», affirmant que la communauté internationale, à travers l'ONU ou le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, devait donner la priorité au jugement et à l'emprisonnement des personnes accusées de violations des droits humains, renvoyer les personnes condamnées de Syrie vers leurs pays d'origine, et rapatrier les enfants ainsi que les personnes vulnérables.
Ne pas le faire, a-t-il ajouté, aurait des conséquences politiques et sécuritaires «générationnelles d’une portée considérable».
On estime qu'environ 70 000 personnes, dont des combattants de Daech, des femmes et 27 500 enfants étrangers, sont actuellement détenues dans des camps en Syrie par les Forces démocratiques syriennes, les détenus étant originaires d'au moins 60 pays différents.
Ces détenus comptent 1 000 personnes du Royaume-Uni et de l'UE – sachant que de nombreux États occidentaux refusent de rapatrier leurs ressortissants –, entre autres Shamima Begum, née à Londres, qui a été déchue de sa nationalité par le gouvernement britannique en 2019.
Le rapport a obtenu le soutien d’importantes figures de la lutte contre le terrorisme au Royaume-Uni. Sir Mark Rowley, ancien commissaire adjoint de la Metropolitan Police, a déclaré au Times que la situation actuelle en Syrie constituait une «menace dangereuse à long terme», ajoutant que «les victimes décédées et les survivants largement dispersés ont certainement droit à la solution de ce problème».
Suzanne Raine, ancienne directrice du Joint Terrorism Analysis Centre du Royaume-Uni, a ajouté qu'il était important que les membres de Daech soient traduits en justice, au su et au vu de tous. Elle a déclaré au Guardian: «Une impasse comprenant l'impunité pour les auteurs devrait être inacceptable.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com