KHARTOUM: Le Conseil de souveraineté, plus haute autorité au Soudan, a suspendu jeudi la section de l'accord de paix de 2020 qui concerne l'Est, poumon économique du pays que des manifestants menaçaient de bloquer de nouveau.
Le numéro deux du Conseil de souveraineté, le très puissant Mohammed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a précisé que l'accord était suspendu "jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé avec les habitants de l'Est", selon l'agence officielle Suna.
"Les différentes parties dans l'Est vont se réunir autour de la même table et se mettre d'accord pour résoudre tous les problèmes de l'Est", a-t-il ajouté.
Car l'Est se divise depuis que le gouvernement de transition de Khartoum a signé en octobre 2020 à Juba, la capitale du Soudan du Sud, un accord de paix historique avec cinq groupes rebelles de différentes régions.
Une section spéciale avait été dédié à l'Est, où se trouvent les ports de la mer Rouge, dont Port-Soudan par lequel transite la quasi-totalité des importations du pays et les exportations de pétrole du Soudan du Sud.
Si les délégués qui ont signé avec Khartoum continuaient de défendre ce qu'ils avaient obtenu à Juba jusqu'à ces derniers jours, pour les tribus Beja, qui comptent plus de 4,5 millions de membres dans l'Est, ces délégués ne les représentent pas.
Elles les accusent d'avoir fait trop de concessions au pouvoir central et réclament une meilleure représentativité au sein des autorités et plus de budget pour une région qui voit passer les richesses du pays sans en voir les retombées économiques.
Ses membres ont bloqué pendant un mois et demi les routes et docks de la région, créant de graves pénuries au Soudan. Ils n'ont levé leur blocus qu'après le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil de souveraineté, le 25 octobre.
Ils annonçaient alors donner jusqu'au 19 décembre au gouvernement pour revoir sa copie sur l'accord de Juba. Faute de quoi, les barrages en travers des routes et la fermeture des docks reprendraient.
Jeudi soir, les signataires de l'accord de Juba pour l'Est ont salué "la suspension du texte pour deux semaines", se disant "prêts à discuter immédiatement".