PARIS: Une première pour un ancien ministre français de l'Intérieur : à 76 ans, Claude Guéant, ancien bras droit du président Nicolas Sarkozy, a été incarcéré lundi à Paris pour non respect d'obligations liées à une condamnation en 2017.
« L'intéressé s'est présenté ce jour au service de l'exécution des peines du parquet de Paris et a été incarcéré au centre pénitentiaire de Paris-La-Santé », a indiqué le parquet général de Paris dans un communiqué.
L'ex- « premier flic » de France a été condamné en janvier 2017 à deux ans d'emprisonnement dont un an avec sursis probatoire et 75.000 euros d'amende, dans une affaire de primes en liquide du ministère de l'Intérieur. Il purgeait cette peine sous le régime de la liberté conditionnelle.
Cependant, début novembre, la cour d'appel de Paris a révoqué une partie de son sursis (3 mois) et de sa liberté conditionnelle (6 mois), estimant que M. Guéant ne réalisait pas les versements nécessaires pour payer l'amende et les dommages et intérêts qu'il s'était vu infliger.
Le procureur financier avait fait valoir que « seulement 36% » de sa dette d'environ 190 000 euros au Trésor public avait été acquittée et ce, pour « une grande partie, de façon contrainte par le biais de saisies ».
C'est en exécution de ces décisions que Claude Guéant a été placé sous écrou - pour neuf mois, a précisé son avocat Me Philippe Bouchez El-Ghozi, qui a annoncé son intention de saisir le juge d'application des peines afin d'obtenir un aménagement, soulignant l'état de santé « préoccupant » de son client.
« Il paye ce qu'il peut payer, c'est-à-dire 3 000 euros par mois, il n'a pas d'argent caché donc il ne peut pas payer plus, et malgré ça, on a décidé qu'on l'enverrait en prison », a-t-il déploré.
Artisan de la campagne de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant avait obtenu le secrétariat général de l'Élysée après la victoire de 2007, où son écrasante influence l'avait rendu incontournable dans les couloirs de l'exécutif.
Autrefois craint et respecté, l'ancien préfet et ancien directeur de la police nationale incarne aujourd'hui les affaires liées au quinquennat de Nicolas Sarkozy (2007-2012).
L'ex-secrétaire général de l'Élysée a aussi comparu devant la justice, en octobre et novembre, aux côtés de quatre anciens proches de Nicolas Sarkozy, pour des soupçons de favoritisme ou de détournement de fonds publics sur des millions d'euros dépensés en conseil politique et en sondages pour la présidence entre 2007 et 2012. Le rendu de la décision reste fixé au 21 janvier.
Il est par ailleurs mis en cause dans l'affaire d'un financement libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy et doit être jugé en février pour « financement illicite » de sa campagne législative de 2012.