DJEDDAH: Samedi, l’actrice tunisienne Hend Sabri s’est entretenue avec le jeune acteur saoudien Bara Alem, dans le cadre du Festival international du film de la mer Rouge, en présence d’un public majoritairement saoudien. Ella a évoqué les hauts et les bas de sa carrière, tout en échangeant avec le public. Nombreux sont ceux qui ont qualifié cette expérience d’«exceptionnelle».
L’actrice est membre du jury d’une compétition de longs-métrages présidée par le réalisateur italien Giuseppe Tornatore.
Elle a joué dans vingt-huit films et plusieurs séries. Elle a été primée à plusieurs reprises, recevant huit fois le titre de meilleure actrice dans différents festivals de cinéma. Elle a remporté le prix de la meilleure actrice au Festival du film arabe pour son rôle dans le film Genenet al Asmak en 2008. En 2012, elle a remporté le prix de la meilleure actrice arabe aux Murex d’or pour son rôle dans Asmaa.
«Je suis véritablement conquise», déclare l’actrice. «Je n’en reviens pas. L’enthousiasme est à son comble dans ce festival», ajoute-t-elle, en saluant les jeunes Saoudiens pour leurs connaissances en matière de cinéma. «Leur énergie créative est si contagieuse», poursuit-elle.
Elle a également rendu hommage aux Saoudiennes et à leur force. «Je n’ai jamais ressenti autant d’amour qu’ici, dans la ville de Djeddah», déclare-t-elle.
«On t’aime!», s’écrie le public en chœur.
Au cours de la discussion, une photo de l’actrice est projetée, prise dans les coulisses de son tout premier film, Les Silences du palais (1994). Dans ce film, elle a collaboré avec la célèbre réalisatrice tunisienne Moufida Tlatli.
À ses yeux, ce film est «l’un des plus importants du XXe siècle», affirmant qu’il lui a permis de découvrir le monde du cinéma.
Bien qu’elle ait joué dans plusieurs films égyptiens – l’actrice explique qu’un entretien improvisé avec la réalisatrice égyptienne Inas el-Degheidy a contribué à lancer sa carrière –, Hend Sabri ressent un lien fort avec son pays d’origine. Elle a découvert qu’elle pouvait soutenir son pays, grâce au cinéma, notamment à la lumière de l’instabilité politique qui règne en Tunisie depuis quelques années.
Après la révolution tunisienne, explique l’actrice, elle s’est sentie obligée de travailler avec des réalisateurs de la nouvelle vague cinématographique. Son film de 2019, Noura rêve, a été le premier pas dans cette direction.
Elle déclare au public saoudien que les acteurs ne devraient pas se limiter à un genre bien spécifique, en ne choisissant que des rôles dans des films commerciaux ou de grands films indépendants. «Se limiter aux grands films est une perte majeure. Explorez les options qui se présentent à vous… cette situation est très avantageuse.»
S’exprimant sur ce qui unit la communauté arabe, elle précise: «Notre civilisation tourne autour d’une culture partagée, et l’Égypte en est la principale source.»
Hend Sabri a inspiré les femmes tunisiennes et arabes de différentes générations grâce à ses personnages féministes.
«Partout dans le monde, les femmes ont peur de revendiquer leurs droits. Pourquoi regretterais-je d’être une femme? Quel est l’intérêt d’être célèbre sans influencer les autres et les inspirer, ou sans faire entendre sa voix?»
L’actrice fait également part de son opinion sur l’avenir du cinéma en Arabie saoudite: «Le vent du changement souffle déjà sur l’industrie cinématographique et le cinéma dans toute sa splendeur se fraye un chemin jusqu’en Arabie saoudite.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com