KABOUL: La monnaie afghane a plongé mardi sous la barre des 100 afghanis pour un dollar, perdant 5% en un jour, après des rumeurs de faillite d'une grande banque du pays, ont indiqué les changeurs.
La nuit dernière et ce matin, "des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux d'une faillite de la banque Maiwand", a expliqué à l'AFP Haji Sher Shah Ahmadzai, un cadre de la Commission des changes de Kaboul.
"Ces rumeurs étaient fausses", a-t-il souligné.
Mais la confiance dans la banque "s'est érodée" parce qu'elle n'a pas réussi ces dernières semaines à rembourser certaines dettes en dollars.
L'afghani a dévissé à 104,5 pour un dollar en fin d'après-midi, contre 99,3 en début de journée, et 80 début août.
L'Afghanistan souffre d'une grave crise de liquidités depuis le soudain retour au pouvoir des talibans à la mi-août. Depuis, les donateurs internationaux ont suspendu l'aide massive qui portait à bout de bras le budget du gouvernement depuis vingt ans.
La Maiwand est l'une des cinq plus grandes banques du pays, selon M. Ahmadzai.
Au-delà de son cas, les marchés bruissent de rumeurs d'effondrement de l'ensemble du secteur bancaire, a indiqué à l'AFP un des changeurs, Bilal Khan.
"Les banques n'ont plus d'argent. Et elles refusent de verser leur propre argent aux gens", a-t-il ajouté.
Selon lui, les marchés sont également en train de réaliser que le gouvernement taliban ne sera pas reconnu de sitôt par la communauté internationale, contrairement à ce qu'ils attendaient.
Cette déception "provoque cette forte dévaluation de l'afghani face au dollar, à la roupie pakistanaise et à l'euro", selon lui.
Les talibans ont décrété début novembre l'interdiction d'utiliser des devises étrangères en Afghanistan, mais sans la mettre en application jusqu'ici, selon les commerçants.
Les États-Unis ont également gelé près de 10 milliards de dollars de réserves de la banque centrale afghane.
Washington reste sourd aux demandes des talibans qui réclament un dégel de ces fonds pour relancer l'économie et lutter contre la famine qui menace aujourd'hui plus de la moitié de la population, selon l'ONU.