Dans l'Afghanistan des talibans, quelques lycéennes étudient et rêvent toujours

Cette photo prise le 14 novembre 2021 montre des écolières se préparant à rentrer chez elles dans une école secondaire du village de Nawabad, dans le district de Qarabagh. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 14 novembre 2021 montre des écolières se préparant à rentrer chez elles dans une école secondaire du village de Nawabad, dans le district de Qarabagh. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 décembre 2021

Dans l'Afghanistan des talibans, quelques lycéennes étudient et rêvent toujours

  • A la mi-août, lorsque les talibans ont repris le pouvoir, les cours ont cessé dans nombre d'écoles du pays
  • Depuis, rien n'a bougé, faisant craindre un retour aux années 90, lorsqu'ils interdisaient l'éducation aux filles

QARAH BAGH : Dans leur bastion conservateur de Ghazni (sud), les talibans n'ont "aucun problème" avec Zahra et d'autres lycéennes afghanes qui continuent d'étudier. Alors qu'officiellement, leur gouvernement ne le permet pas.

A la mi-août, lorsque les talibans ont repris le pouvoir, les cours ont cessé dans nombre d'écoles du pays. Début septembre, ils ont annoncé la reprise des collèges et lycées pour les garçons, mais pas pour les filles.

Depuis, rien n'a bougé, faisant craindre un retour aux années 90, lorsqu'ils interdisaient l'éducation aux filles.

Mais dans le district de Qarabagh à Ghazni, les cours n'ont jamais cessé pour les élèves du collège/lycée pour filles géré par le Comité suédois pour l'Afghanistan (SCA), une ONG qui travaille depuis 40 ans dans le pays.

Selon Forozan, professeure en première à Nawabad, après leur prise du pouvoir les islamistes sont juste venus vérifier que les enseignantes étaient des femmes et que les élèves se couvraient le visage, hormis les yeux, en présence d’hommes.

"Ils étaient contents, car nous étions couvertes comme ils le voulaient", raconte la jeune femme, debout devant une vingtaine d’adolescentes. "Mais nous le portions déjà avant, de toute façon".

"Nous sommes heureuses d'être enfin en sécurité", explique Shafiqa, 17 ans, assise au premier rang, après deux décennies de combats dans la zone qui empêchaient parfois les écoles de fonctionner.

Informatique sans ordinateur

Le district de Qarabagh symbolise toutes les incohérences de la politique éducative actuelle des talibans. Avant de reprendre le pouvoir, ils laissaient étudier les jeunes filles dans les villages qu'ils contrôlaient.

Mais en septembre, leur gouvernement n'a pas rouvert les collèges et lycées pour filles, assurant que cela serait fait "aussi vite que possible", une fois un "environnement éducatif sûr" garanti.

A Ghazni, les lycées et collèges publics pour filles ont obtempéré, et sont toujours fermés.

Mais les cours ont repris dans plusieurs établissements privés pour filles, souligne Mansoor Afghan, le vice-directeur provincial taliban de la culture.

C'est aussi le cas dans d'autres provinces, notamment dans le nord, longtemps hostile aux talibans, de collèges et lycées féminins, y compris publics, après négociations entre autorités et communautés locales.

Avec des situations parfois absurdes, comme dans le village de Jangalak, toujours dans la province de Ghazni, où la quarantaine de lycéennes et collégiennes de l'école publique doivent rester chez elles.

Mais une douzaine d'autres, âgées de 16 à 19 ans, vont toujours en cours, car appartenant à une classe spéciale de seconde pour élèves un temps déscolarisées gérée par le SCA. Les talibans ont donné leur accord, remplaçant seulement les cours d'éducation civique et patriotique par un enseignement religieux.

"Je les vois tous les jours quand je viens, ils n’ont aucun problème avec nous", affirme Zahra, 19 ans, assise dans la vieille maison délabrée qui fait office de classe, sans tables, chaises ni électricité, où on étudie l’informatique sans ordinateurs, dans des livres.

"Si les talibans me le permettent, je veux devenir ingénieure", ose rêver Zahra. Sa camarade, Soraya, 18 ans, souhaite être docteure, et Nadia, 17 ans, peintre.

Rêves lointains

Un haut responsable taliban, Suhail Shaheen, a récemment déclaré à l'AFP s'attendre à ce que les filles "soient en classe au printemps prochain", à la rentrée qui suivra la traditionnelle pause hivernale de trois mois.

Le respect par les talibans des droits de la femme, et notamment leur accès à l'éducation, est l'une des conditions posées par les pays occidentaux à la reprise de l'aide internationale pour l'Afghanistan, menacé par la famine.

Dans le village de Langar, également dans le district de Qarabagh, les élèves d'une classe de terminale du SCA, âgées de 18 à 26 ans, sont à la fois soulagées et inquiètes.

"Nous ne pensions pas que les talibans nous laisseraient continuer l’école, mais ils l’ont fait", constate Mahida, 18 ans.

Elle et ses camarades souhaitent poursuivre leurs études pour être professeures, docteures... Ou encore ingénieures électriciennes, peut-être parce qu’il n’y a pas d'électricité dans leur village.

Des rêves qui restent encore très lointains. Sohaila, son enseignante, espère que la communauté internationale reconnaîtra le régime taliban, car "cela nous ouvrira des portes" souvent fermées aux filles, avant même le retour des talibans.

A Ghazni comme dans beaucoup d'autres campagnes afghanes, nombre de filles quittent l'école après le primaire, car elles habitent loin, sont mariées très jeunes, ou issues de familles trop pauvres ou conservatrices.

En 2016, moins d’une Afghane sur cinq (18%) savait lire et écrire, contre 62% des hommes, selon l'ancien ministère de l’Éducation.

"Pour l’instant la situation est bonne", glisse Sohaila, la professeure. Mais face au flou des talibans, elle "reste aux aguets".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.