PARIS: Le peintre et sculpteur français Bernard Rancillac, représentant de la Figuration narrative, un courant né dans les années 60, est mort lundi à l’âge de 90 ans, a annoncé mardi un ami proche de l'artiste.
"Son épouse, Djohar Rancillac, m'a chargé d'annoncer le décès de son mari, Bernard, qui s'est éteint lundi à 7H00 à son domicile de Malakoff" (Hauts-de-Seine), a déclaré la même source, ancien conservateur du musée Matisse au Cateau-Cambrésis (Nord).
Né à Paris le 29 août 1931, Bernard Rancillac était un représentant de ce courant, forme de pop art français satirique et virulent.
A l'instar d'Hervé Télémaque, Valerio Adami ou Jacques Monory, sa peinture, qui a intégré les musées nationaux et a été exposée à l'étranger, est réaliste, colorée et porteuse d'un regard aiguisé sur le monde.
L'une de ses dernières toiles monumentales, intitulée "Enfer et Paradis", représente plusieurs figures politiques, George Bush, Margaret Thatcher, Hitler et Saddam Hussein dans une mise en scène suggestive du rapport entre dictature et démocratie.
En 1998, il avait peint à l'acrylique "Femme d'Alger", une femme voilée, recouverte d'un treillage de branchages et de fils barbelés, posant la question de la place de la femme dans nos sociétés.
Engagé aussi dans ses écrits comme en peinture contre le système capitaliste, la censure et le marché, il refusait pourtant d'être qualifié "d'artiste politique". Il avait marqué les esprits en 2015, lors d'une exposition à la patinoire royale de Bruxelles, en inscrivant au feutre "ceci est un faux" sur deux tableaux présentés comme les siens, ce qui avait donné lieu à un procès.
Après une enfance en Algérie, et la deuxième guerre mondiale, Bernard Rancillac a étudié le dessin en France et effectué son service militaire au Maroc. Il avait commencé à peindre tout en gagnant sa vie comme instituteur, puis quitter l'enseignement en 1959, grâce à un premier contrat avec un collectionneur.
Lauréat du prix de peinture à la Biennale de Paris en 1961, il s'était libéré des modes de son époque en introduisant dans ses toiles des allusions à la BD, au dessin animé ou au cinéma, devenues sa marque de fabrique.
En 1964, l’exposition "Mythologies quotidiennes" à Paris, qu'il avait notamment organisée avec les peintres Hervé Télémaque et Peter Foldès, a fait naître la notion de "figuration narrative" en peinture.
Il s'est aussi fait connaître à travers des affiches murales et slogans de mai 1968.