La Conférence sur l'art islamique d’Ithra se penche sur l'histoire des mosquées

Mettant en vedette l'esthétique, l'évolution et la fonction des mosquées, l'exposition réunit une vaste série de chefs-d'œuvre artistiques musulmans présentés pour la première fois en Arabie saoudite. (Photo AN par Huda Bashatah)
Mettant en vedette l'esthétique, l'évolution et la fonction des mosquées, l'exposition réunit une vaste série de chefs-d'œuvre artistiques musulmans présentés pour la première fois en Arabie saoudite. (Photo AN par Huda Bashatah)
(Photo AN par Huda Bashatah)
(Photo AN par Huda Bashatah)
Le terme masjid (mosquée en arabe) est issu du terme sojood, qui désigne la prosternation. (Photo AN par Huda Bashatah)
Le terme masjid (mosquée en arabe) est issu du terme sojood, qui désigne la prosternation. (Photo AN par Huda Bashatah)
(AN photos par Huda Bashatah)
(AN photos par Huda Bashatah)
(AN photos par Huda Bashatah)
(AN photos par Huda Bashatah)
Short Url
Publié le Samedi 27 novembre 2021

La Conférence sur l'art islamique d’Ithra se penche sur l'histoire des mosquées

  • S'appuyant sur des études récentes, les experts examinent comment 3,5 millions de mosquées dans le monde évolueront au fil du temps
  • De nombreux thèmes, perspectives et études ont été abordés par des orateurs d'élite qui sont venus participer à cette conférence les 24 et 25 novembre

DHAHRAN, Arabie saoudite : Depuis des milliers d'années, les mosquées représentent des lieux sacrés pour les musulmans du monde entier. Ithra vient d’organiser une conférence sur l'art islamique destinée à examiner la portée et les effets des mosquées sur leurs communautés, sur le plan spirituel.

Cette conférence s'inscrit dans le prolongement des efforts entrepris par l'association Abdullatif Al-Fozan Award for Mosque Architecture (Prix Abdullatif Al-Fozan pour l'architecture des mosquées) et Ithra, un portail incontournable en matière d'art et de culture. (Photos AN par Huda Bashatah)
Cette conférence s'inscrit dans le prolongement des efforts entrepris par l'association Abdullatif Al-Fozan Award for Mosque Architecture (Prix Abdullatif Al-Fozan pour l'architecture des mosquées) et Ithra, un portail incontournable en matière d'art et de culture. (Photos AN par Huda Bashatah)

De nombreux thèmes, perspectives et études ont été abordés par des orateurs d'élite qui sont venus participer à cette conférence les 24 et 25 novembre.

 

FAITS MARQUANTS

La conférence a présenté des objets et des pièces provenant des deux saintes mosquées de La Mecque et de Médine – empruntés au Musée national de Riyad –, 84 œuvres provenant du Musée des arts islamiques du Caire – dirigé par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes – ainsi que 34 autres objets faisant partie de la collection d'Ithra.

Dans un entretien accordé à Arab News, le directeur des programmes à Ithra, Ashraf Fagih, explique que « les philosophes, les historiens, les membres du conseil d'administration du musée et les penseurs ont discuté des aspects de la mosquée en tant que monument, mais surtout en tant que phénomène vivant, jouant un rôle essentiel dans l'histoire de la civilisation humaine depuis l'aube de l'Islam ».

« Les objets sont les éléments tangibles et intangibles des mosquées : l'artisanat, les fondations, les écoles de pensée et les opinions qui gravitent autour de la mosquée en tant qu'entité vivante. Cet ensemble est une partie intégrante et cruciale de notre identité en tant que musulmans et Arabes, mais aussi en tant que citoyens du monde », ajoute-t-il.

Pour évoquer la mosquée du futur, Abdallah Al-Rashid, directeur d'Ithra, s'appuie sur des études récentes. Il décrit ainsi sa forme et sa fonction et évoque comment 3,5 millions de mosquées dans le monde évolueront au fil du temps.

M. Al-Rashid a annoncé l’intention d’Ithra de lancer un concours portant sur les mosquées et destiné aux étudiants des universités. Les organisateurs de l'événement réuniront un groupe de spécialistes issus des universités saoudiennes et collecteront les avis des jeunes Saoudiens, leurs idées novatrices ainsi que leurs visions des mosquées de demain.

Ainsi, cette conférence permet de discuter et de comprendre, avec plus de profondeur, l'évolution historique des mosquées dans la mesure où elle met l'accent sur l'art islamique et sur la préservation et la relance de la culture musulmane.

Elle s'est articulée autour de six thèmes : la beauté et la fonction des objets exposés dans les mosquées, l'évolution des mosquées, leur esthétique, leur architecture traditionnelle, ainsi que leur préservation et leur rénovation pour les transformer en musées.

L'un des exposés marquants qui ont été présentés au cours de la première journée de la conférence est celui de Michael Frishkopf, professeur d'ethnomusicologie à l'université d'Alberta au Canada. Il porte sur les aspects sonores de la mosquée qui offrent une nouvelle perspective de l'architecture islamique.

M. Frishkopf explique à Arab News que « l'architecture, c'est pour la vie. Elle est au service des gens qui vivent dans des arrangements sociaux. En ce qui concerne les mosquées, il existe une relation spirituelle avec les gens et cette relation repose sur les éléments sonores. Ces sons sont indispensables à la vie sociale et transmettent des émotions grâce à la parole et à l'expression verbale. Les mosquées sont donc pour moi des lieux sonores ; une description bien plus proche de la dimension spirituelle qu'elles revêtent que de la dimension esthétique visuelle ».

« Le terme masjid (mosquée en arabe) est issu du terme sojood, qui désigne la prosternation. Il s'agit là d'un acte sonore et postural. Ainsi, la mosquée n'est pas uniquement un bâtiment, et si nous examinons son aspect spirituel, il convient de s’arrêter sur l'importance de la prosternation. En effet, lorsque le front touche le sol, le champ visuel est bloqué mais les oreilles restent ouvertes », poursuit M. Frishkopf.

Les discussions menées lors de la conférence mettent en évidence la valeur des mosquées à travers le temps, qui doit être préservée à l’avenir.

Parmi les thèmes abordés, Minwar Al-Meheid, chef de projet jordanien spécialisé dans l'ingénierie et l'architecture, s'est penché sur le Minbar de Saladin à la mosquée Al-Aqsa (le minbar est une sorte d'escabeau servant de chaire d'où le khatib - imam ou mollah - fait son sermon lors de la prière du vendredi dans une mosquée, NDRL). Il s'agit de la chaire islamique la plus célèbre au niveau de sa conception, de son exécution et de l'art qu'il représente. Il a expliqué comment ce minbar a été fabriqué à partir de bois incrusté et d'ivoire sculpté, et comment les artisans chevronnés l'ont orné d'inscriptions.

(Photos AN par Huda Bashatah)
(Photos AN par Huda Bashatah)

On s'aperçoit ainsi des efforts considérables déployés dans le monde arabe pour créer un minbar de substitution permettant de faire revivre la chaire originale qui avait été réduite en cendres en 1969. Une nouvelle version a été reconstruite en Jordanie par des artisans et des menuisiers turcs et asiatiques pour être transportée par la suite à la mosquée Al-Aqsa. M. Al-Meheid précise que la géométrie fine de l'art islamique est perceptible également dans l'ancienne mosquée.

(Photos AN par Huda Bashatah)
(Photos AN par Huda Bashatah)

De son côté, Farah Abushullaih, directrice du musée d'Ithra, explique à Arab News que « l 'art et la culture islamiques suscitent davantage d'intérêt et de reconnaissance dans le monde. En revanche, Ithra a identifié dans ses recherches des idées fausses et des perceptions bien établies à ce sujet. L'exposition qui accompagne la conférence, ‘Shatr Al-Masjid : L'art de l'orientation’ est la première exposition de ce type au monde. Elle comble les lacunes qui caractérisent la compréhension de l'impact, de l'histoire et de la culture relatives à la culture islamique ».

Mettant en vedette l'esthétique, l'évolution et la fonction des mosquées, l'exposition réunit une vaste série de chefs-d'œuvre artistiques musulmans présentés pour la première fois dans le Royaume et ce, grâce à des partenariats inédits tant au niveau mondial que national. Elle propose plusieurs œuvres appartenant aux grandes dynasties islamiques : des Ayyoubides et Fatimides aux Mamelouks et Ottomans. Elle couvre par ailleurs des styles et des époques variés s'étalant sur plus de 1 000 ans.

Les visiteurs ont eu la chance de tisser eux-mêmes une partie de la Kiswa ou l'étoffe qui recouvre la pierre noire. Ce tissu sera posé plus tard cette année en utilisant des fils de soie vierge et des fils d'argent trempés dans de l'eau dorée. (Photo AN par Huda Bashatah)
Les visiteurs ont eu la chance de tisser eux-mêmes une partie de la Kiswa ou l'étoffe qui recouvre la pierre noire. Ce tissu sera posé plus tard cette année en utilisant des fils de soie vierge et des fils d'argent trempés dans de l'eau dorée. (Photo AN par Huda Bashatah)

La conférence a présenté des objets et des pièces provenant des deux saintes mosquées de La Mecque et de Médine – empruntés au Musée national de Riyad –, 84 œuvres provenant du Musée des arts islamiques du Caire – dirigé par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes – ainsi que 34 autres objets faisant partie de la collection d'Ithra.

L'exposition propose en outre 10 reproductions en 3D d'anciennes mosquées à travers le monde selon une chronologie séquentielle qui commence par la mosquée du Prophète. Elle révèle également comment d'autres mosquées ont trouvé leur inspiration dans leur structure, leur fonctionnalité et leur architecture.

Le Dr Sami Angawi, fondateur et directeur du Centre de recherche sur le Hajj créé en 1975, est l'un des principaux chercheurs qui ont contribué à la réalisation des designs en 3D présentés dans l'exposition et représentant la Mosquée du Prophète à l'époque du Prophète Mahomet.(Photos AN par Huda Bashatah)
Le Dr Sami Angawi, fondateur et directeur du Centre de recherche sur le Hajj créé en 1975, est l'un des principaux chercheurs qui ont contribué à la réalisation des designs en 3D présentés dans l'exposition et représentant la Mosquée du Prophète à l'époque du Prophète Mahomet.(Photos AN par Huda Bashatah)

« Je poursuis des recherches à La Mecque et à Médine où je travaille depuis 40 ans. Nous avons coopéré avec Ithra pour réaliser ce modèle particulier de la Mosquée du Prophète », raconte M. Angawi à Arab News.

« La reconstruction des mosquées de La Mecque et de Médine pour les présenter au public en réalité virtuelle à travers le temps et l'espace revêt une grande importance : nous nous efforçons de transformer en réalité visuelle ce qui est documenté dans les livres. Nous y sommes parvenus avec le concours d'Ithra et nous poursuivons nos travaux sur de nombreux autres thèmes », poursuit-il.

L'exposition fait appel à quatre techniques visant à valoriser et à enrichir l'expérience des visiteurs : Des guides audio, des écrans, des calendriers interactifs et des casques de réalité virtuelle qui illustrent cinq mosquées à travers le monde. Lorsque le visiteur porte le casque, il part à la découverte des mosquées, ce qui permet aux non-musulmans de pénétrer dans les deux saintes mosquées.

Abdullah Alkadi enseigne la planification urbaine et régionale à l'université de Dammam. Il explique à Arab News qu'il a tenté de faire le lien entre les astrolabes et les appareils de navigation GPS au cours des recherches qu'il a menées pour cette exposition. « L'espace et le temps sont au centre de mes recherches, car tout ce qui se passe dans le monde, toutes les actions, se situent entre ces deux notions », affirme-t-il.

(Photo AN par Huda Bashatah)
(Photo AN par Huda Bashatah)

« J'ai cherché à établir un lien entre le GPS et les anciens instruments utilisés dans le passé, comme l'astrolabe. C'était un système de navigation grâce auquel les gens déterminaient facilement l'heure et la direction à suivre, mais aussi l'heure de la prière ; voilà donc le lien entre ce vieil outil et la nouvelle technologie qu'est le GPS. Le lieu et le temps peuvent être exploités, analysés et associés à bien des choses que ce soit dans le passé, dans le présent ou le futur », ajoute-t-il.

L'Art des Masjids

En marge de la conférence, l'exposition intitulée « The Art of Masjid » (L'Art des Masjids) a mis en lumière des œuvres contemporaines relatives aux mosquées du monde entier en collaboration avec Turquoise Mountain. Cette exposition met en lumière des calligraphies et des ornements architecturaux, y compris des panneaux, des meubles, des tapis de prière, et bien d'autres objets encore.

Le King Abdulaziz Complex for Holy Kaaba Kiswah (Centre du Roi Abdelaziz pour la Kiswa de la Sainte Kaaba) a, lui aussi, pris part à cette conférence de trois jours. Il a présenté des outils employés pour laver la Sainte Kaaba, ainsi que des pièces d'antiquités, un modèle 3D de Maqam Ibrahim et bien d'autres objets. Les visiteurs ont eu la chance de tisser eux-mêmes une partie de la Kiswa ou l'étoffe qui recouvre la pierre noire. Ce tissu sera posé plus tard cette année en utilisant des fils de soie vierge et des fils d'argent trempés dans de l'eau dorée.

Mme Abushullaih dit : « A travers ce projet de sensibilisation, Ithra permet aux communautés de prendre part à la discussion. Tout le monde peut partager ses photos et ses histoires qui seront publiées sur la plate-forme d'Ithra.  Les informations réunies à partir de la conférence et des expositions annexes soulignent l'importance de l'apprentissage, du perfectionnement des disciplines et de la préservation des mosquées et du patrimoine culturel ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Short Url
  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Deuxième point de vente duty-free ouvert à Dhahran

Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Short Url
  • Un deuxième magasin duty-free a ouvert à Dhahran, offrant des produits détaxés aux diplomates accrédités, un an après l’ouverture du premier point de vente à Riyad
  • Le dispositif vise à améliorer l’accès des diplomates aux biens hors taxes et à simplifier les procédures de remboursemen

RIYADH : Un deuxième magasin duty-free a récemment ouvert dans le complexe résidentiel d’Aramco à Dhahran, proposant des produits détaxés aux diplomates accrédités en Arabie saoudite.

Cette ouverture fait suite à l’inauguration du premier point de vente, lancé en juin 2023 dans le quartier diplomatique de Riyad.

Le magasin vise à offrir ses services aux diplomates et représentants des missions diplomatiques de la région, en proposant une expérience commerciale complète et des produits hors taxes, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.

Il entend également faciliter l’accès des diplomates aux biens exemptés de taxes et simplifier les procédures de remboursement, qu’elles soient effectuées périodiquement, à la fin de leur mission officielle ou durant leurs congés saisonniers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Short Url
  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?