PARIS: La Mosquée de Paris et trois fédérations musulmanes ont installé dimanche à Paris un Conseil national des imams (CNI), destiné à donner un agrément aux imams, un moment "historique" selon ses instigateurs, une "attitude irresponsable" selon ses détracteurs.
"Aujourd'hui est un jour historique", a déclaré le recteur de la Mosquée de Paris (GMP) Chems-eddine Hafiz, devant 200 cadres religieux et gestionnaires de lieux de culte, venus de Paris et d'autres régions, réunis dans un hôtel porte de Bagnolet.
"Ce moment scelle notre responsabilité devant les musulmans de France et devant tous nos concitoyens", a-t-il ajouté, rappelant que ce CNI - un projet maintes fois lancé mais sans succès - avait été appelé de ses vœux à l'automne 2020 par l'Elysée, dans le cadre de la lutte contre l'islam radical et les "séparatismes".
Cette instance est mise en place, outre par la GMP, par le Rassemblement des Musulmans de France, Musulmans de France (ex-UOIF proche des Frères musulmans) et la Fédération Française des Associations Islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA), qui ont quitté le bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM) en mars dernier.
Dimanche matin, à la Mosquée de Paris, les présidents de ces quatre fédérations, des imams de ces fédérations et des imams indépendants - soit une assemblée constituante de 26 personnes - ont voté les statuts de ce CNI et élu "à l'unanimité" l'imam Ba Amadou, président.
"La première mission du CNI sera d'accompagner la vie professionnelle des imams et des mourchidates (femmes ayant une responsabilité religieuse comme les aumônières par exemple, NDLR) en France", a souligné M. Hafiz.
"Un formulaire de demande d'agrément" sera disponible, en fonction de "grilles validées" ce dimanche, a précisé Anouar Kbibech, président du RMF.
Cette instance à peine formée a déjà été contestée par le président du CFCM. Dans un communiqué cette semaine, Mohammed Moussaoui a qualifié cette initiative de "détournement du travail fait sous l’égide du CFCM". Annonçant la mise en place d'un CNI le 12 décembre, il a promis que le CFCM se réservait "le droit d’agir par tous les moyens légaux pour faire cesser cette attitude irresponsable"
"Nous ne fermons la porte à personne", ont souligné dimanche MM. Hafiz et Kbibech.