WASHINGTON : Les Américains n'ont pas attendu le Black Friday, ce vendredi, qui lance traditionnellement la saison des achats de fin d'année, pour faire leurs emplettes, rendant les détaillants optimistes malgré l'inflation, les pénuries et, désormais, un nouveau variant.
L'angoisse de rayons de jouets vides semble en effet avoir poussé de nombreux parents et grands-parents à s'y prendre en avance, pour éviter le drame du cadeau tant attendu mais absent au pied du sapin, à cause des difficultés mondiales d'approvisionnement.
Aux Etats-Unis la saison des fêtes commence dès fin novembre, avec le dîner familial de Thanksgiving, qui a eu lieu jeudi.
Les consommateurs américains ont déjà dépensé 76 milliards de dollars chez des détaillants en ligne depuis le début du mois de novembre, soit plus de 20% de plus que l'an dernier à la même époque, selon les données publiées vendredi par la société informatique Adobe.
Sans surprise, ce sont notamment les jouets qui ont été plébiscités par des "parents anxieux, de plus en plus conscients des difficultés de la chaîne d'approvisionnement".
Au total, les Américains pourraient dépenser, au cours de cette période de fêtes, 10,5% de plus que l'année dernière, tant dans les magasins que sur internet, selon la fédération américaine des détaillants (National Retail Federation), qui table sur un total de 859 milliards de dollars.
Les finances des ménages américains sont soutenues notamment par les aides du gouvernement, avec des crédits d'impôts pour les familles.
"Les consommateurs cherchant à faire leurs achats plus tôt, (...) des pénuries pourraient se développer dans les dernières semaines de la saison des achats" de fêtes de fin d'année, a averti Jack Kleinhenz, économiste en chef de la NRF.
Il s'attend néanmoins à "une excellente saison" si les rayons des magasins restent bien achalandés.
Pour sauver leur saison de fin d'année des ruptures de stock, les détaillants avaient pris des mesures extraordinaires, comme l'importation et le stockage d'articles plus tôt que d'habitude, la commande d'expéditions par fret aérien et, dans certains cas, l'affrètement de leurs propres navires.
Avec des résultats mitigés cependant: si les chaînes de grandes surfaces comme Walmart et Target s'en sortent avec des inventaires bien fournis, d'autres en revanche, comme Gap et Nordstrom, ont déjà signalé des ventes perdues, faute de n'avoir pu obtenir à temps tous les produits souhaités.
Gap prévoit ainsi de conserver pour l'année prochaine les articles retardataires, plutôt que de devoir les solder, avait expliqué la directrice financière de l'enseigne, Katrina O'Connell, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes de Wall Street cette semaine.
Mais les prix, eux, ne cessent de grimper. L'inflation, une "priorité" pour Joe Biden, est au plus haut depuis 31 ans.
Les seuls prix de l'énergie ont flambé de 30,2% en octobre par rapport à octobre 2020, selon l'indice PCE du département du Commerce, ce qui pèse sur les finances des ménages dans un pays extrêmement dépendant de la voiture. Les prix des produits alimentaires ont eux aussi bondi.
Cela pèse sur moral des consommateurs, qui a dégringolé en novembre, d'après l'Université du Michigan qui a publié mercredi les résultats préliminaires de son enquête mensuelle.
Et une autre menace vient désormais s'ajouter: celle d'un nouveau variant du Covid-19, l’Omicron, détecté en Afrique du Sud et potentiellement très contagieux, qui pourrait faire dérailler la reprise économique mondiale.
La nouvelle a fait chuter Wall Street vendredi à l'ouverture, notamment les titres des compagnies aériennes, des croisiéristes et des compagnies pétrolières. En revanche, Zoom et Peloton, devenus très populaires lors des premiers confinements, sont repartis à la hausse.
La consommation, moteur de l'économie américaine, était repartie de plus belle à la fin de l'été, après un flottement en juillet lié au variant Delta.
En octobre, les ventes au détail ont augmenté de 1,7% par rapport à septembre et de 16,3% par rapport à l'an passé, à 638,2 milliards de dollars, selon les chiffres du département du Commerce, qui ont toutefois été gonflés par l'inflation.