Dans un Liban en déliquescence, une fête de l'Indépendance décriée sur les réseaux sociaux

Le président libanais Michel Aoun est assis entre le Premier ministre Najib Mikati (à droite) et le président du Parlement Nabih Berri lors d'une cérémonie marquant le 78e anniversaire de la fête de l'indépendance du Liban au ministère de la Défense à Yarzeh, le 22 novembre 2021. (Photo, AFP)
Le président libanais Michel Aoun est assis entre le Premier ministre Najib Mikati (à droite) et le président du Parlement Nabih Berri lors d'une cérémonie marquant le 78e anniversaire de la fête de l'indépendance du Liban au ministère de la Défense à Yarzeh, le 22 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 23 novembre 2021

Dans un Liban en déliquescence, une fête de l'Indépendance décriée sur les réseaux sociaux

Le président libanais Michel Aoun est assis entre le Premier ministre Najib Mikati (à droite) et le président du Parlement Nabih Berri lors d'une cérémonie marquant le 78e anniversaire de la fête de l'indépendance du Liban au ministère de la Défense à Yarzeh, le 22 novembre 2021. (Photo, AFP)
  • «Les Libanais pâtissent de la présence de responsables, de dirigeants et de partis qui ne sont pas indépendants»
  • «Nous constatons dans les faits l'indépendance de l'État vis-à-vis de son peuple», regrette pour sa part l'ancien député Chamel Roukoz

BEYROUTH: L’ambiance est à la morosité en cette soixante-dix-huitième fête de l’Indépendance au Liban. Car cette année les Libanais peinent à trouver ne serait-ce qu’une raison de la célébrer. 

Depuis l’inflation galopante enclenchée en 2019 et l'explosion meurtrière au port de Beyrouth en août 2020, rien ne s'est amélioré, au contraire. Le Liban, laminé par des crises multiformes, semble être entré dans une spirale vicieuse qui n'en finit pas. Les citoyens libanais se sentent désormais totalement abandonnés, que ce soit par leurs propres dirigeants ou par la communauté internationale. 

L’époque où le président français, Emmanuel Macron, dans la foulée de l’explosion de Beyrouth, se tenait au chevet du pays après avoir déambulé dans les rues de la capitale sinistrée, semble lointaine. En effet, la ténacité de la classe politique libanaise, accusée de corruption et rechignant à mettre en œuvre toutes les réformes préalables aux aides financières dont le pays a pourtant cruellement besoin, a fini de lasser la communauté internationale. 

C’est cette même classe politique, que le peuple libanais accuse de tous les maux, notamment de corruption, qui organise aujourd’hui les festivités – certes discrètes – de l’Indépendance. La veille, le président de la république, Michel Aoun, et fondateur du Courant patriotique libre (CPL) disposant d’une majorité parlementaire, a exhorté les Libanais à «ne pas gâcher l'opportunité qui leur sera offerte de se débarrasser de la classe dirigeante corrompue» lors des élections de 2022.  

Il convient de rappeler que c’est l’alliance scellée en 2006 entre le CPL et le Hezbollah qui a offert à la milice chiite pro-Iran la couverture politique chrétienne dont elle avait besoin. 

Dans ce contexte, son discours a été, sans grande surprise, perçu comme déconnecté de la réalité et vivement critiqué. 

«L'indépendance pâtit aujourd'hui de la présence de Libanais non indépendants et les Libanais pâtissent de la présence de responsables, de dirigeants et de partis qui ne sont pas indépendants. L'indépendance ne saurait être célébrée face à la loyauté de certains à une autre patrie», a estimé le patriarche maronite, Béchara Raï, dans une allusion claire au Hezbollah. 

Blinken s'adresse au peuple libanais

Le secrétaire d'Etat américain, Antony J. Blinken a adressé au nom des États-Unis ses meilleurs voeux au peuple libanais à l'occasion de la fête de l'indépendance. «Les États-Unis reconnaissent à la fois la richesse de la culture et la persévérance du peuple libanais, qui a affronté et surmonté de nombreux défis au cours des 78 dernières années. En ces temps difficiles, les États-Unis continueront d'être aux côtés du peuple libanais et de soutenir ses espoirs d'un avenir meilleur», a assuré le secrétaire d'État Antony J. Blinken.

«Restaurer l'indépendance» 

«La première étape du sauvetage passe par la restauration de l'indépendance du Liban et la consolidation de sa neutralité positive et active relatives aux questions de paix et aux droits de l’homme, au dialogue politique, culturel et religieux, et à sa stabilité dans son environnement arabe», a-t-il poursuivi. Le nouveau gouvernement libanais, qui a vu le jour début octobre, ne se réunit plus, notamment depuis la crise avec les pays du Golfe provoquée par une séquence vidéo où le ministre de l’Information, George Cordahi, tenait des propos polémiques sur la guerre au Yémen. 

L'Arabie saoudite et dans la foulée, d'autres pays de la région du Conseil de coopération du Golfe (CCG), avaient décidé de rappeler leurs ambassadeurs et de prendre une série de mesures coercitives après les propos polémiques du ministre, afin de montrer leur mécontentement croissant à l'égard des activités déstabilisatrices du Hezbollah dans la région. 

«De la même façon que nous avons réussi à libérer le Liban du régime de tutelle et d'occupation syrienne et obtenu la deuxième indépendance, œuvrons ensemble pour libérer le Liban de la tutelle et de la mainmise iranienne, afin de rétablir l’État, la souveraineté et d'obtenir une troisième indépendance», a écrit pour sa part le député des Forces libanaises (FL), parti de l'opposition farouchement opposé au Hezbollah, Ziad Hawat. 

Un nombre croissant de Libanais critiquent ce qu'ils considèrent comme une «mainmise» de l'Iran sur le pays, dont la conséquence a été un isolement toujours plus grand du Liban sur les scènes arabes et internationales. 

Même son de cloche chez Chamel Roukoz, ancien député et gendre du président, Michel Aoun, désormais dans l'opposition: «D'ordinaire, l'indépendance s'entend comme une indépendance de l’État vis-à-vis de toute mainmise étrangère... mais désormais, nous constatons dans les faits l'indépendance de l’État vis-à-vis de son peuple, laissant les citoyens sans protection ni droits, même élémentaires!», a-t-il regretté. 

Et M. Roukoz d'ajouter: «En ce 22 novembre, appelons à y remédier, afin que l’État revienne à nouveau au citoyen, les institutions à la Patrie, à ce moment-là, nous pourrons parler d'indépendance.» 

Depuis l'automne 2019, les Libanais sont soumis à des restrictions bancaires draconiennes qui les empêchent d'avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir. Près de 80 % de la population vit désormais dans la pauvreté sur fond d’inflation galopante et de graves pénuries de médicaments, de carburant et d’électricité. 

L’effondrement de l'économie, l'insécurité et le délabrement des services publics de base ont aussi poussé un grand nombre de familles et de jeunes à l'émigration. 

(Avec AFP)


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.