PARIS : Un militant d'ultradroite originaire du sud-ouest a été mis en examen vendredi à Paris notamment pour provocation à un acte de terrorisme et apologie, tandis qu'un autre homme, qui n'appartient pas à cette mouvance, est également poursuivi pour lui avoir vendu des armes, selon une source judiciaire.
Tous les deux ont été placés en détention provisoire. L'information judiciaire ouverte par le Parquet national antiterroriste (Pnat) ne vise pas l'association de malfaiteurs terroriste criminelle, selon la même source, qui souligne qu'à ce stade, l'enquête n'a pas démontré la préparation d'un projet violent.
Les investigations, notamment l'exploitation de toutes les données et supports numériques, se poursuivent toutefois.
Les deux hommes ont été interpellés mardi dans le Tarn-et-Garonne et en Gironde et placés en garde à vue par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Ils ont été repérés, selon des sources judiciaire et policière, par des échanges sur la messagerie cryptée Telegram.
Tous les deux s'écrivaient pour effectuer des "achats d'armes", avait indiqué une source policière.
Le premier suspect a été arrêté à Montauban, où il est employé municipal. Agé de 46 ans, il administrait des chaînes de la messagerie cryptée Telegram, enraciné dans une idéologie d'ultradroite et adhérait à une tendance dite "accélérationniste", qui vise à provoquer ou encourager des affrontements entre communautés.
Selon une source proche du dossier, il publiait des messages très violents et expliquait qu'il fallait se préparer, en s'armant, à la guerre civile.
Il a été mis en examen pour provocation à un acte de terrorisme, apologie, détention d'arme de guerre et de substances explosives en relation avec une entreprise terroriste et acquisition d'armes de catégorie C sans les avoir déclarées.
Selon une source proche du dossier, son casier mentionne une condamnation, pour exhibition sexuelle.
L'autre homme, âgé de 60 ans, chasseur, a été interpellé dans un hameau de Saint-Denis-de-Pile (Gironde).
Il lui est notamment reproché d'avoir vendu illégalement des armes de chasse au premier, ce qui lui vaut une mise en examen notamment pour cession d'armes de catégorie C sans déclaration préalable.
"Il n'y a aucun lien entre mon client et la mouvance d'ultradroite de quelque manière que ce soit", a réagi auprès de l'AFP son avocate, Me Julie Gonidec. "Il n'a rien à avoir avec les quelconques postures idéologiques" de l'autre mis en cause, a-t-elle ajouté. "Ils ne se sont jamais vus, il n'y avait qu'un lien de transactions par la vente d'armes de chasse".
En 2006, il avait été condamné aux assises à 14 ans de réclusion pour meurtre, selon une source proche.
Il avait par ailleurs présidé la société de chasse d'un village voisin. Le maire de cette commune évoque "quelqu’un de relativement ouvert": "je ne l’ai jamais entendu de tenir de propos racistes". "Que lui soit capable de fomenter une attaque, j’y crois pas du tout", a assuré cet élu.
Lors des perquisitions, "plusieurs dizaines d'armes de toutes sortes (des armes longues, courtes, des munitions etc.), ainsi que du matériel entrant dans la composition d'explosifs" ont été découverts, selon une source policière.
Depuis 2017, plusieurs projets d'actions violentes de l'ultradroite visant notamment des personnalités politiques ont été déjoués.