BEYROUTH: Les prix des médicaments ont à nouveau flambé jeudi après une nouvelle suppression partielle des subventions sur fond de grave crise économique. Les mises en garde se multiplient dans le pays face au danger que courent de nombreux Libanais confrontés aux pénuries.
«Aujourd’hui, j’ai reçu des dizaines de messages de patients qui me disaient qu’ils ne sont plus capables de payer leurs médicaments du fait de leur prix exorbitant», regrette Elie Chammas, directeur du département de cardiologie du centre médical Clémenceau à Beyrouth dans des propos rapportés par le média libanais en ligne Mégaphone. «Cela aura pour conséquence un grand nombre de décès qui risque de dépasser le nombre de décès liés à la pandémie de Covid-19», s’est-il alarmé.
A doctor’s cry after the so-called “rationalization” of subsidies for chronic disease medication, which increased the price of some drugs by more than 500%.#Economy #Collapse #Medication #Lebanon pic.twitter.com/y27ZhwwyQ7
— Megaphone (@megaphone_news) November 17, 2021
Depuis des mois, du fait de la dévaluation sans précédent de la livre libanaise dans un pays en plein effondrement socio-économique et financier, le secteur sanitaire est en pleine crise en raison des pénuries de médicaments et d'équipements médicaux.
Les Libanais peinent à trouver des médicaments essentiels, comme des antidouleurs, des anxiolytiques ou des médicaments contre le cancer. Le lait pour enfant n’est pas épargné par ces pénuries.
«Décision irresponsable»
Réagissant à cette décision, le rapporteur spécial des Nations unies sur la pauvreté et les droits de l’homme, Olivier De Schutter, a appelé les responsables libanais à revenir dessus, qualifiant celle-ci d’«irresponsable, en l'absence de plans concernant la façon dont les gens vont désormais pouvoir se les procurer».
«Le Liban compte parmi les pays les plus chers de la région concernant les factures de médicaments du fait de mauvaises politiques de santé», a regretté pour sa part le président du syndicat des médicaments, Ghassan el-Amine au micro de la chaîne locale LBCI.
Et de mettre en garde: «Une grande partie des pharmacies n’a plus les fonds nécessaires pour acheter des médicaments et les revendre, et un certain nombre d’entre elles ne pourront pas continuer.» M. El-Amine a en outre déploré qu’une partie des médicaments subventionnés ait été vendue en contrebande en Syrie.
Mardi, le bureau du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) à Beyrouth a annoncé avoir livré quatre-vingt-dix-sept tonnes d'aides médicales au ministère libanais de la Santé, soulignant que ce matériel avait été financé par un don américain d'une valeur de plus d'un million de dollars (1 dollar = 0,88 euro).
L’État libanais, profondément endetté, a progressivement levé de nombreuses subventions.
Quant aux médicaments contre le cancer et les maladies chroniques, ils sont en théorie toujours subventionnés, ce qui signifie que pour pouvoir les importer, les agents doivent attendre le financement de la Banque centrale, qui a pratiquement épuisé ses réserves.
Mais dans les faits, les Libanais peinent à se les procurer.