Quel message la présence américaine accrue en Syrie envoie-t-elle à la Russie et à la Turquie ?

Un Syrien conduit une moto devant un véhicule militaire américain patrouillant dans la ville de Tal Tamr, dans le nord-est de la province syrienne de Hasakeh, le 21 septembre 2020 (Photo AFP)
Un Syrien conduit une moto devant un véhicule militaire américain patrouillant dans la ville de Tal Tamr, dans le nord-est de la province syrienne de Hasakeh, le 21 septembre 2020 (Photo AFP)
Short Url
Publié le Mardi 22 septembre 2020

Quel message la présence américaine accrue en Syrie envoie-t-elle à la Russie et à la Turquie ?

  • La décision des États-Unis de renforcer leur présence militaire en Syrie à la suite d'une rencontre avec les forces russes a suscité des inquiétudes quant au message que cette décision envoie à la Turquie
  • Le déploiement de troupes américaines supplémentaires après un affrontement avec les Russes est un coup de semonce symbolique à Moscou, selon un analyste

ANKARA: La décision des États-Unis de renforcer leur présence militaire en Syrie à la suite d'une rencontre avec les forces russes a suscité des inquiétudes quant au message que cette décision envoie à la Turquie, à la Russie et à l'Iran, alors que Washington tente de renforcer son rôle dissuasif dans la région.

Cependant, les experts ont déclaré que la démonstration de force ne modifierait probablement pas le statu quo dans le nord-est du pays, déjà dominé par les forces kurdes américaines et syriennes des YPG.

En plus d'environ 500 soldats qui se trouvaient déjà dans la région, les États-Unis ont déployé six véhicules blindés de combat Bradley et 100 autres soldats dans la région. Cela est interprété comme un effort pour dissuader la Russie d'intervenir dans des zones où les forces américaines et kurdes conjointement fonctionnent.

Le mois dernier, sept soldats américains ont été blessés lors d'un incident au cours duquel un véhicule blindé russe est entré en collision avec un véhicule de patrouille militaire américain.

La Russie et la Turquie ont tenu une nouvelle série de pourparlers les 15 et 16 septembre à Ankara sur la situation en Syrie. Cependant, ils n’ont pas réussi à parvenir à un consensus sur la dégradation de la présence militaire de cette dernière dans la province d’Idlib, contrôlée par les rebelles, où plus de 20 000 soldats turcs sont déployés.

La Russie espère que les troupes turques se retirent des zones au sud de l'autoroute M4, conformément à un accord précédent entre les deux nations, mais les autorités d'Ankara ne sont pas disposées à se retirer car elles veulent débarrasser les villes de Manbij et Tel Rifaat des forces des YPG.

Alexey Khlebnikov, conseiller indépendant sur les risques stratégiques et expert de la région MENA au Conseil russe pour les affaires internationales, a déclaré que la Turquie voudrait probablement quelque chose en échange d'un accord avec la Russie sur le déploiement à Idlib.

«Moscou veut qu'Ankara retire ses troupes du sud de l'autoroute M4. En effet, les deux parties se sont convenus sur cela en mars», a-t-il déclaré. «Le sud d'Idlib en échange de certaines concessions dans le nord-est et les zones où les Kurdes sont présents pourrait aboutir à un accord entre Ankara et le Kremlin.»

Il est peu probable que le déploiement de forces américaines supplémentaires affecte les discussions entre la Turquie et la Russie ou modifie la dynamique de leurs relations, selon Samuel Ramani, analyste du Moyen-Orient à l'Université d'Oxford.

« Ils sont principalement un coup de semonce symbolique à la Russie pour ne pas harceler ou infliger de tort aux forces américaines en Syrie », a-t-il déclaré. «Mais même leur capacité à dissuader l'agression russe est limitée, car Moscou est très convaincu que les États-Unis choisiraient de se retirer de la Syrie plutôt que de s'enfoncer plus profondément dans le conflit syrien, du moins tant que Donald Trump restera président. »

L'effet sur le terrain du déploiement supplémentaire sera donc marginal, a ajouté Ramani, mais cela pourrait conduire à des discussions plus approfondies à Washington sur les objectifs de la mission en Syrie et si les États-Unis doivent être présents là-bas. Cela pourrait avoir des effets à plus long terme après les élections américaines de novembre.

Joe Macaron, analyste de la politique étrangère du Moyen-Orient au Centre arabe, a déclaré que les États-Unis avaient envoyé des troupes supplémentaires en Syrie pour renforcer la posture défensive des forces existantes.

« La Maison Blanche a donné son feu vert pour seulement 100 soldats supplémentaires pendant 90 jours, ce qui coïncide d'ailleurs avec la fin du premier mandat de Trump », a-t-il déclaré.

Par conséquent, a-t-il ajouté, il est peu probable que cette décision ait un effet significatif sur la dynamique régionale alors que la Russie et la Turquie attendent le résultat des élections américaines, qui pourraient redéfinir les relations de Washington avec Moscou et Ankara.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".