MOSCOU : La compagnie aérienne bélarusse Belavia a affirmé vendredi que les autorités turques avaient interdit aux ressortissants de Syrie, d'Irak et du Yémen de prendre place à bord de ses vols à destination du Bélarus, pays accusé d'acheminer des migrants vers l'Europe.
"Conformément à une décision des autorités compétentes en Turquie, les ressortissants de l'Irak, de la Syrie et du Yémen ne seront plus autorisés sur les vols entre la Turquie et le Bélarus" à partir de vendredi, a déclaré Belavia dans un communiqué.
Cette annonce intervient alors que quelques milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, sont bloqués dans des conditions difficiles à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, qui les empêche de passer.
C'est le cas notamment de plus de 2.000 personnes, notamment des Kurdes, qui sont coincées depuis plusieurs jours dans un camp de fortune du côté bélarusse de la démarcation.
Trois migrants battus et volés à la frontière polonaise
HAJNOWKA : Trois migrants venus d'Irak et de Syrie ont été battus et volés près d'une ville polonaise frontalière du Bélarus, ont indiqué l'un de ces migrants et une ONG.
L'un des trois, un Irakien, a dû être emmené à l'hôpital après avoir été frappé à la tête avec une barre de métal, près de la ville d'Hajnowka, et était toujours inconscient vendredi, selon l'ONG.
Un Syrien, qui avait traversé la frontière avec l'Irakien et son épouse, a expliqué qu'ils avaient été attaqués jeudi par trois personnes, dont l'un tenant une bouteille brisée.
"Nous leur avons demandé de l'eau, mais (...) ils nous ont attaqués", a-t-il expliqué, via un interprète de l'ONG Grupa Granica (Groupe Frontière).
"Nous ne pensons pas que c'était une attaque raciste, plutôt un vol. Ils nous ont battus pour nous faire dire où était l'argent. Nous ne voulions pas leur dire", a-t-il ajouté.
Les voleurs sont partis avec 7.500 dollars (6.600 euros).
Les gardes-frontières polonais ont annoncé vendredi avoir arrêté deux Irakiens et un Syrien.
Des milliers de migrants, la plupart originaire du Moyen-Orient, ont traversé ou tentent de traverser depuis cet été la frontière entre le Bélarus et trois pays de l'UE, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne.
L'Occident accuse le gouvernement bélarusse de laisser passer ces migrants, en représailles de sanctions européennes à son égard.
Les migrants disent que les forces bélarusses les poussent à traverser la frontière et qu'ensuite les autorités polonaises les repoussent, laissant de nombreuses personnes dans des conditions déplorables le long de la frontière.
Selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, dix migrants sont morts dans la zone frontalière ces dernières semaines.
L'Union européenne accuse Minsk d'avoir organisé ces mouvements migratoires, en délivrant des visas et en affrétant des vols, pour se venger des sanctions occidentales imposées au régime du président bélarusse Alexandre Loukachenko l'an dernier après la brutale répression d'opposants.
Bruxelles, qui fustige un "trafic d'êtres humains", s'efforce d'endiguer les arrivées d'exilés vers le Bélarus en contactant des pays, notamment du Proche-Orient, pour les convaincre d'empêcher les personnes d'embarquer sur des vols à destination de Minsk.
L'UE a également annoncé que de nouvelles sanctions seraient prises contre le régime de M. Loukachenko la semaine prochaine.