RABAT: Le Maroc est déterminé à « tourner définitivement la page » du conflit au Sahara occidental mais sans renoncer à ses « droits légitimes » sur ce territoire disputé avec les indépendantistes sahraouis soutenus par l'Algérie, a affirmé mardi son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita.
« Le Maroc demeure engagé de manière constructive à trouver une solution à ce conflit régional artificiel, issu de l'opposition d'un Etat voisin (l'Algérie) à ses droits légitimes à l'achèvement de son intégrité territoriale », a déclaré M. Bourita devant les sénateurs à Rabat.
Mais « le Maroc ne négocie pas la +marocanité+ du Sahara (occidental) ni ses droits », a-t-il insisté en pleine crise diplomatique avec le voisin algérien sur la question de l'ex-colonie espagnole.
Le Sahara occidental est considéré comme un « territoire non autonome » par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif. Rabat, qui contrôle près de 80% du territoire, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Les indépendantistes du Front Polisario, eux, continuent à réclamer un référendum d'autodétermination.
Dans un discours samedi, le roi Mohammed VI a plaidé en faveur d'« un règlement pacifique » du conflit et réaffirmé « l'attachement du Maroc au processus politique conduit par l'ONU ».
S'adressant aux « partenaires internationaux » du royaume, le monarque a cependant averti que « le Maroc n'engagera avec ceux qui affichent des positions floues ou ambivalentes aucune démarche d'ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain ».
La justice européenne a récemment infligé un revers au Maroc et à l'UE en annulant deux accords de partenariats commerciaux concernant le Sahara occidental, à la demande du Polisario.
Par ailleurs, l'Italie, dont le président Sergio Mattarella a effectué ce week-end une visite en Algérie, a salué « les efforts sérieux et crédibles menés par le Maroc dans le cadre des Nations unies », selon un communiqué conjoint publié à l'issue d'un entretien téléphonique entre M. Bourita et son homologue italien Luigi Di Maio.
« L'Italie encourage toutes les parties à poursuivre leur engagement dans un esprit de réalisme et de compromis », souligne ce texte.
Lors de sa visite à Alger, le président italien avait appelé dans une interview à un journal local à « tenir compte des droits du peuple sahraoui » pour parvenir à « une solution équitable et durable » au conflit.
Mardi, les ministres marocain et italien ont « réaffirmé leur grand intérêt au maintien et au renforcement du cadre juridique qui lie le Maroc à l'Union européenne, qui est essentiel pour garantir la poursuite et la stabilité de leur partenariat stratégique », selon le communiqué.
En outre, ils ont « marqué l'importance des initiatives du Conseil de l'UE relatives aux accords de pêche et agricole entre le Maroc et l'Union européenne ».
Le Maroc et l'UE sont liés par un accord d'association, signé en 1996 et entré en vigueur le 1er mars 2000, qui englobe le Sahara occidental. Ce partenariat prévoit l'application de tarifs préférentiels aux produits du territoire et stipule que ces derniers bénéficient de préférences commerciales.
Pour Rabat, la partie la plus importante de ce partenariat a trait à l'exportation de ses produits agricoles vers l'Europe. Pour les 27, l'un des principaux enjeux porte sur le déploiement de la flotte de pêche européenne dans les eaux adjacentes du Sahara occidental.