PARIS: L'Assemblée nationale a voté lundi en première lecture les crédits pour le plan d'investissement France 2030, en adoptant "l'amendement le plus cher de la Ve République", de 34 milliards d'euros, dont 3,5 milliards dès 2022, une méthode décriée par les oppositions.
Ce plan annoncé par Emmanuel Macron vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d'avenir. Le sort de ces crédits dépendra toutefois de la présidentielle et des futurs budgets.
Déposé par le gouvernement dans le cadre de l'examen de la deuxième partie du projet de budget 2022, l'amendement prévoit 34 milliards d'euros en autorisations d'engagement avec une première tranche de 3,5 milliards d'euros de crédits mise en oeuvre dès 2022.
Il s'agit de "l'amendement le plus cher de la Ve République", a grincé la députée socialiste Valérie Rabault, sans être contredite par la ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher ni le président de la commission des Finances de l'Assemblée Eric Woerth (LR).
Voté par 48 voix pour et deux contre, l'amendement a recueilli les soutiens des groupes PS et LR, outre ceux de la majorité. Mais la méthode utilisée par le gouvernement a mécontenté plus d'un parlementaire.
Cet amendement "devrait faire l'objet d'un projet de loi à lui tout seul. C'est inouï de passer ce plan 2030 par amendement", a regretté Mme Rabault.
"Vous vous asseyez sur le Parlement, c'est une habitude de gouvernance", a déploré le communiste Sébastien Jumel.
Le gouvernement est le "champion du monde du dépôt d'amendement de dernière minute", a ironisé M. Woerth qui a comptabilisé une "bonne cinquantaine d'amendements de toute nature" déposés par le gouvernement sur l'actuel projet de loi de finances.
"Il peut y avoir des choses à dire sur la forme", a convenu le rapporteur général LREM du budget Laurent Saint-Martin, avant de se lancer dans une défense du plan tout en plaidant pour soigner la gouvernance de ces nouveaux et coûteux investissements.Un levier qui peut décider de leur succès ou de leur échec, a mis en garde le député du Val-de-Marne.
Il souhaite que les parlementaires soient "associés" à la construction de cette nouvelle gouvernance. "Il faut une gouvernance politique", a abondé M. Woerth.
Pour les oppositions, ce plan comporte aussi des "zones d'ombre", comme l'a souligné M. Jumel.
"Il faut dire" si ce plan correspond à des "subventions à des projets ou si l'Etat investit à 100%", a ainsi interrogé Mme Rabault. "Quelle sera la part de reprise de précédent plan d'investissement?", a questionné Eric Coquerel (LFI).
Il n'y a "pas de recyclage", a assuré Mme Pannier-Runacher pour qui France 2030 "marque une rupture en matière d'ambition et de moyens".