LONDRES: Le Premier ministre britannique Boris Johnson a décliné lundi les appels pressants à s'expliquer devant les députés face à l'intensification des accusations de favoritisme contre son gouvernement conservateur.
Un débat sur les règles de conduite encadrant le travail des parlementaires a été organisé en urgence dans l'après-midi à la Chambre des Communes, à la suite de ces accusations qui agitent depuis plusieurs jours le pouvoir.
Boris Johnson a toutefois indiqué qu'il n'y participerait pas, justifiant son absence par une visite dans un hôpital prévue "de longue date" dans le nord-est de l'Angleterre. Se déplaçant en train, il n'aurait pas eu le temps de rejoindre le Parlement à Londres à temps.
"S'il y a quelque chose de positif qui puisse ressortir de tout ça, c'est que (...) le président (de la Chambre) est déterminé à nous mener de l'avant vers un système nous permettant d'avoir une approche transpartisane", a déclaré Boris Johnson en marge de cette visite.
Keir Starmer, le chef de l'opposition travailliste, a pourtant demandé que le chef du gouvernement vienne présenter des excuses en personne. Il "doit participer à ce débat, répondre de ses erreurs, s'excuser auprès du pays et prendre des mesures pour réparer les dommages qu'il a causés", a-t-il dit.
Boris Johnson a provoqué l'indignation la semaine dernière en apportant son soutien à une réforme des règles parlementaires afin d'éviter des sanctions à un député tory sous le feu des critiques pour ses activités de lobbying.
La manoeuvre visait à permettre à tout député mis en cause de se défendre et de faire appel et évitait aussi à un membre du Parti conservateur, Owen Paterson, d'être suspendu du Parlement. Face au tollé, le Premier ministre a fait machine arrière.
Depuis, les critiques fusent, y compris au sein de la majorité.
Le gouvernement a déjà été éclaboussé par un récent scandale mettant en lumière les liaisons dangereuses entre pouvoir et milieux d'affaires, notamment concernant l'attribution de contrats d'équipement à des entreprises privées dans le cadre de la pandémie.
Dimanche, une enquête du Sunday Times avec Open Democracy a souligné que presque tous les 16 trésoriers du Parti conservateur de ces vingt dernières années s'étaient vu offrir un siège à la Chambre des Lords, chambre haute du Parlement composée de membres non élus, après avoir porté leur dons à la formation à plus de 3 millions de livres (3,5 millions d'euros).
"Bien sûr, le Premier ministre attend de tous les ministres qu'ils se soumettent aux règles comme il le fait lui-même, et le public attend d'eux qu'ils se concentrent sur la mise en oeuvre de leurs priorités", a commenté le porte-parole de Boris Johnson.
La députée libérale-démocrate Wendy Chamberlain, une ancienne policière à l'initiative du débat, a cependant souligné sur la BBC que les Britanniques n'avaient "pas encore entendu un mot de regret sur ses tentatives (de M. Johnson) de créer une règle pour lui et ses amis, et une autre pour tous les autres. Il doit venir devant la Chambre (des communes) et dire pardon".
"Il y a assurément des conflits d'intérêt qui doivent être examinés", a-t-elle ajouté. Son parti a appelé à une enquête indépendante sur les accusations de corruption et d'"immoralité" visant l'exécutif.