BEYROUTH : Oubliez Tiktok et Instagram. Pour faire passer le temps, Rita Younes préfère l’écriture. A 14 ans et à contre-courant de la génération Z, cette passionnée de Littérature, de Théâtre et de Poésie a su profiter du confinement pour écrire un roman. Inspirée par les différents classiques de la littérature française et arabe qu’elle a pu lire ou étudier, Rita, a laissé libre cours à son imagination pour écrire Le voyage de Yowachim et le mystère d’Esmeralde.
Ainsi, ce qui à première vue la distingue de la plupart des filles de son âge, c’est sa maturité. Car malgré son très jeune âge, cette fille d’un père écrivain et d’une mère médecin n’en est pas à son premier essai. Elle a déjà écrit ou présenté six pièces de théâtre dans sa langue maternelle, l’arabe libanais.
Par sa plume, elle choisit de nous raconter l’histoire d’un petit garçon, Yowachim, qui part en quête d’un médicament pour son père, malade. Il doit faire face à de nombreux obstacles et rencontre en route une jeune fille nommée Pauline.
Si l’univers est fictif on devine que cette histoire a été rédigée en temps de pandémie. « J’ai commencé à écrire au moment où ma mère avait contracté le coronavirus », précise Rita. « L’écriture me soulage, canalise toute mon angoisse et joue un rôle clé », admet-elle, à une période où comme beaucoup de jeunes, elle se sentait isolée.
Le temps d’une histoire mêlant mystérieux, magie noire et fiction, elle s’évade, dans un univers que l’on devine influencé par le 18ème siècle en France et les Lumières. Pas étonnant pour celle qui, comme une partie des Libanais de son âge, parle français depuis qu’elle a quatre ans et fut élevée dans un univers mêlant littérature française et arabe, de Charles Perrault au comédien George Khabbaz, en passant par les œuvres philosophiques de Khalil Gebran.
De l’esprit critique des Lumières, elle tire un refus du concept de classes sociales, thématique qu’elle aborde dans son roman. « Qui-sommes-nous pour déterminer une personne par un prétendu rang social ? », s’indigne-t-elle, dans une société libanaise fortement inégalitaire. « Ce qui compte pour moi, c’est la personne, par son rang ».
Si cette passionnée se consacre à l’écriture depuis l’âge de 11 ans, elle le fait surtout pour la liberté que cela lui procure, puisqu’elle admet ne pas vraiment aimer étudier la Littérature pour autant. « Dans le contexte libanais instable et catastrophique, il est difficile de savoir si je poursuis dans cette voie (artistique) », reconnaît la jeune libanaise, également amatrice de piano, de danse et de chant.
Mais quand on lui demande quel est l’enseignement principal de son œuvre qu’elle voudrait transmettre aux jeunes, elle répond, de manière lucide, qu’en dépit des obstacles, « il ne faut jamais cesser de chercher le chemin qui nous mène à la clarté ». A l’entendre s’exprimer clairement dans la langue de Molière, sa seconde langue, nul doute que, le chemin de la clarté, Rita l'a emprunté depuis longtemps.