La tension monte en Libye à l'approche des élections

Le chef de la commission électorale nationale libyenne, Imad al-Sayeh, donne une conférence de presse dans la capitale Tripoli, le 7 novembre 2021. (Photo, AFP)
Le chef de la commission électorale nationale libyenne, Imad al-Sayeh, donne une conférence de presse dans la capitale Tripoli, le 7 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 08 novembre 2021

La tension monte en Libye à l'approche des élections

  • Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue des élections
  • Le dépôt des candidatures pour les scrutins présidentiel et législatif s'ouvre lundi

TRIPOLI : Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a défendu dimanche sa cheffe de la diplomatie suspendue et interdite de voyager, des mesures illustrant les tensions croissantes au sein du pouvoir intérimaire à l'approche d'élections cruciales. 

Samedi, le Conseil présidentiel (CP) a annoncé la suspension de la ministre des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, avec interdiction de quitter le territoire, d'ici à la remise sous 14 jours d'un rapport sur des "irrégularités administratives" qu'elle aurait commises. 

Une commission d'enquête doit vérifier si elle n'a pas pris "des décisions d'ordre politique sans consulter" le CP, l'organe présidentiel libyen. 

La réaction de M. Dbeibah ne s'est pas faite attendre. "La nomination, le limogeage, la suspension ou la mise en examen d'un membre de l'Exécutif, (...) relèvent des prérogatives exclusives du Premier ministre", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Les mesures à l'encontre de Mme Mangoush ont été décidées par le CP à quelques jours de la tenue le 12 novembre à Paris d'une conférence internationale sur la Libye qui discutera de l'élection présidentielle, la toute première au suffrage universel prévue le 24 décembre, devant être suivie un mois plus tard par des législatives.

Le Premier ministre a donné instruction à Mme Mangoush d'ignorer la suspension, de "poursuivre son action" et a réitéré "son appréciation" pour ses efforts dans l'exercice de ses fonctions. 

M. Dbeibah lui-même est resté en poste et a présidé le 21 octobre une conférence internationale à Tripoli alors qu'il avait été en théorie destitué par le vote d'une motion de censure du Parlement le 21 septembre.

Lockerbie

Appelant les différents pouvoirs "à respecter la procédure", le Premier ministre leur a demandé d'éviter les "conflits d'intérêts" et les "obstacles" à l'action gouvernementale dans cette "phase critique".

Le CP, formé de trois membres représentant les trois régions de Libye, a été mis en place en février par un processus politique parrainé par l'ONU, en même temps que le gouvernement Dbeibah.

Les deux instances sont chargées de préparer les élections générales censées mettre fin à la décennie de chaos qui a suivi la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte populaire.

Si aucune précision n'a été donnée sur les faits reprochés à Mme Mangoush, des médias locaux ont fait le lien avec un entretien accordé à la BBC il y a quelques jours où elle affirmait que Tripoli serait "prête à coopérer avec les Etats-Unis" pour l'extradition d'un suspect dans l'affaire de l'attentat à la bombe en 1988 contre un Boeing 747 de la Pan Am qui a explosé au-dessus de Lockerbie en Ecosse (270 morts dont 190 Américains). 

Selon la BBC, Mme Mangoush faisait allusion à Abou Agila Mohamad Massoud, incarcéré à Tripoli dans une autre affaire, qui aurait été l'un des principaux fabricants de bombes pour le compte de Kadhafi.

Mme Mangoush a "formellement démenti" dans un communiqué les propos qui lui ont été attribués, "niant catégoriquement avoir mentionné l'intéressé à la BBC".

Fossé grandissant

Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue des élections. Mais beaucoup d'incertitudes subsistent, du fait d'une situation sécuritaire fragile et de fortes dissensions internes, notamment entre les régions Est et Ouest du pays riche en pétrole.

La tension est en outre montée dernièrement au sein du pouvoir intérimaire. 

"Le fossé grandissant entre le président du CP, Mohamad al-Manfi, et Dbeibah s'est embrasé, al-Manfi sautant sur une piètre excuse pour suspendre la ministre al-Mangoush", a tweeté Tarek Megerisi, analyste au Conseil européen des relations internationales.

Selon Jalel Harchaoui, analyste de la Global Initiative, le CP "peut jouer un rôle clef pour résoudre les problèmes juridiques" liés à des "risques d'invalidité" de la loi électorale controversée pour la présidentielle. 

"Cela crée une opportunité politique pour le président Manfi et ses appuis pour s'affirmer face au Premier ministre", a indiqué l'expert. Il se peut même que "ce soit le début d'un conflit grave" au sein du pouvoir à Tripoli.

La loi électorale a été ratifiée par le chef du Parlement, Aguila Saleh, un allié du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est, sans être soumise à un vote.

Le dépôt des candidatures pour les scrutins présidentiel et législatif s'ouvre lundi. Seif al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien "Guide", a laissé entendre qu'il pourrait se présenter à la présidentielle, de même que Khalifa Haftar.


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.