BEYROUTH : Le Premier ministre libanais Najib Mikati attendait vendredi les résultats des consultations en coulisses visant à combler le fossé au sein de son gouvernement et à rétablir les liens avec l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, après avoir rompu leurs liens diplomatiques et économiques avec Beyrouth en signe de protestation suite aux déclarations du ministre de l'Information, George Kordahi.
Le député Ali Darwish, membre du bloc parlementaire de Mikati, a déclaré à Arab News : «Grâce à la feuille de route que Mitaki a annoncée jeudi, il a présenté une initiative afin de désamorcer la crise».
Darwish a souligné que Mikati «est un homme modéré par nature sur lequel il existe un consensus, ce qui est essentiel dans un pays comme le Liban, il est donc crucial pour lui de gérer les problèmes avec prudence et sagesse».
Mikati avait une nouvelle fois appelé Kordahi à «suivre sa conscience et privilégier l'intérêt national».
Kordahi, cependant, refuse de démissionner du gouvernement.
Évoquant la possibilité que le gouvernement de Mikati tombe si Kordahi et son équipe politique restent fermes, Darwish a affirmé : «Mikati comprend la situation libanaise et croit que tant qu'il sera Premier ministre, il pourra aider le Liban à maintenir de bonnes relations avec les pays arabes».
Darwish a ajouté : «Si Mikati devait démissionner, le Liban pourrait faire face à des conséquences inimaginables».
Le député a aussi signalé que le gouvernement actuel «est fondé sur une formule qui rassemble tous les Libanais, et si nous devions perdre le pouvoir exécutif, nous priverions le Liban du pouvoir de décision».
S'exprimant au nom du Front souverain anti-Hezbollah, l'ancien ministre de l'Intérieur, le général de division Ashraf Rifi, a déclaré : «Le Hezbollah a formé des gouvernements selon ses intérêts, en contrôlant l'État et en le prenant en otage pour le bien du régime iranien».
Rifi a appelé Mikati à démissionner, avisant : «Vous êtes le Premier ministre d'un gouvernement dysfonctionnel, et le pays n'a pas besoin de plus de gouvernements du Hezbollah».
Rifi a constaté : «Tout ce régime doit partir, à commencer par le président de l'Enfer, Michel Aoun. Nous devons nous éloigner de l'axe du mal et la justice doit être appliquée».
Le soutien international au gouvernement Mikati s'est accru vendredi lorsque le ministère français des Affaires étrangères a annoncé qu'il était «en contact étroit avec toutes les parties concernées par le nouveau conflit entre les pays arabes et le Liban».
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a appelé «toutes les parties, ainsi que les responsables libanais, à promouvoir le calme et le dialogue pour le bien du peuple libanais et de la stabilité du Liban», soulignant que cela est « crucial pour la région».
Le Drian a aussi affirmé : «Éloigner le Liban des crises régionales est d'une importance fondamentale. Le Liban doit pouvoir compter sur l'ensemble de ses partenaires régionaux pour l'accompagner dans la mise en œuvre des réformes».
Après avoir rencontré Mikati vendredi, la coordonnatrice spéciale des Nations Unies pour le Liban, Joanna Wronecka, a exprimé «son plein soutien au travail du gouvernement Mikati», l'encourageant à procéder aux réformes requises.
Jeudi soir, le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, a souligné que le Liban doit travailler avec ses partenaires pour le bien du peuple libanais, tout en laissant les voies diplomatiques ouvertes avec les pays du Golfe.
Price a ajouté : «Nous cherchons des moyens d'alléger les souffrances du peuple libanais».
Le député Nicolas Nahas, membre du bloc parlementaire de Mikati, a qualifié les complications politiques actuelles de «majeures», affichant que des efforts sont en cours pour mettre fin à l'escalade du conflit avec les États du Golfe.
Il a ajouté : «Le problème nécessite une feuille de route claire et intégrée de manière à rétablir la confiance, et la première étape commence avec Kordahi suivant sa conscience.
«Si Kordahi ne démissionne pas, le président, le Premier ministre et le président du parlement devront décider des mesures à prendre».
Nahas a souligné : «Un travail sérieux est requis, et il n'est en aucun cas admissible au peuple de payer le prix des conflits politiques».
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a également commenté la crise.
Zakharova a déclaré : «La Russie attend avec impatience la résolution du conflit diplomatique entre le Liban et les États arabes du Golfe aussitôt que possible».
Zakharova a souligné que les déclarations de Kordahi « ont été faites à un moment où il n'était pas encore ministre représentant l'État libanais et son gouvernement».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com