LONDRES: Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a minimisé l'importance du soutien financier saoudien au Liban et a reconnu l'incapacité de son gouvernement à restreindre le rôle du Hezbollah dans le pays.
Dans une interview accordée aux médias du Golfe, Bou Habib a affirmé que les États du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, ont dépensé beaucoup d'argent au Liban pour les élections, mais que l'État n'en a pas directement profité.
«La plus grande aide est venue de l'UE, quant à l'aide saoudienne, elle n'était pas destinée au gouvernement, mais a été fournie pendant les élections», a expliqué Bou Habib.
«Nous ne savons toujours pas où a été dépensée l'aide saoudienne qui a été accordée à l'agence de secours après 2006, mais l'État libanais n'en a rien retiré», a-t-il ajouté.
L'interview, qui a eu lieu le 28 octobre avec des correspondants de divers médias du Golfe, a été obtenue par le journal saoudien Okaz. L'enregistrement a été publié mardi.
Se référant au Hezbollah, Bou Habib a révélé que le Liban «souffre» et est incapable de trouver un remède.
Il a même confié qu'il avait dit à un responsable de l'administration américaine précédente: «Si vous nous envoyez 100 000 Marines, vous nous débarrasser du Hezbollah et vous voulez fêter cela, le champagne est pour nous.»
Commentant la fuite des informations, Bou Habib a affirmé dans un communiqué que l'enregistrement publié par Okaz présentait «des récits fragmentés et faux qui ne font que jeter de l'huile sur le feu.»
Il a ajouté qu'il avait rencontré les journalistes «pour ouvrir la porte au dialogue» et «rétablir les relations avec le Royaume d'Arabie saoudite».
Selon le journal Okaz, le bureau du ministre des Affaires étrangères a cherché à empêcher la publication de ces déclarations et a tenté de convaincre les journalistes de ne pas les publier.
Bou Habib a en outre révélé mardi à Reuters que l'Arabie saoudite dictait des conditions impossibles en demandant au gouvernement libanais de réduire le rôle du Hezbollah soutenu par l'Iran, ajoutant que le différend entre Beyrouth et Riyad pourrait être résolu si le Royaume acceptait un dialogue avec le nouveau Conseil des ministres libanais.
«S'ils veulent juste la tête du Hezbollah sur un plateau, nous ne pouvons pas la leur donner», a indiqué Bou Habib.
«Le Hezbollah est une composante de la politique au Liban. Il a une dimension armée régionale, certes, mais cela dépasse ce que nous pouvons résoudre», a-t-il ajouté.
Ses commentaires interviennent à la lumière des tensions exacerbées entre l'Arabie saoudite et le Liban à la suite des commentaires critiques du ministre libanais de l'Information, George Kordahi, concernant l'intervention dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. Il a affirmé que la guerre contre la milice terroriste Houthie soutenue par l'Iran était vaine.
En réponse, l'Arabie saoudite a expulsé l'ambassadeur libanais de Riyad, une mesure qui a été reprise par le Koweït et le Bahreïn qui ont expulsé à leur tour les principaux émissaires libanais dans leurs propres capitales. Les Émirats arabes unis ont également retiré tous leurs diplomates de Beyrouth.
Dans l'interview accordée à Reuters, Bou Habib a évoqué l’absence de dialogue avec l'Arabie saoudite, affirmant que l'ambassadeur saoudien au Liban «n'a jamais communiqué» avec eux.
«Il (l'ambassadeur) était ici et communiquait avec de nombreux politiciens libanais, mais pas avec nous», a précisé Bou Habib.
«Nous devons savoir ce qu'ils veulent… nous préférons le dialogue aux dictats.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com