ROME: Grands projets sur l'acier et l'aluminium, cordialité débordante avec Macron, promesses de consultations étroites sur de nombreux sujets: Joe Biden a cajolé ses alliés européens, lors de son déplacement à Rome pour le sommet du G20.
Du Vatican au Colisée en passant par le Forum Romain, il n'y a pas beaucoup de merveilles de la capitale romaine que les passagers du gigantesque convoi présidentiel - plus de 80 voitures par moment - n'aient vues, au moins furtivement, depuis l'arrivée jeudi du président américain.
Lequel a multiplié les entrevues et les annonces.
Dimanche, au dernier jour du sommet du G20, Joe Biden et la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen sont venus ensemble devant les journalistes célébrer « une nouvelle ère » et une « étape importante » de la relation transatlantique.
Tous deux ont annoncé la fin d'une brouille commerciale sur l'acier, datant de la présidence Trump, et promis de conclure dans ce secteur un vaste accord, à la fois pour lutter contre le changement climatique et résister à la concurrence chinoise.
Joe Biden y a vu « la preuve de la force de notre partenariat. »
« Nous avons restauré la confiance et la communication », a dit la présidente de l'exécutif européen, après que Donald Trump a eu beaucoup malmené les Européens.
Le président américain avait déjà vu vendredi le Premier ministre italien Mario Draghi - présenté parfois comme la nouvelle étoile de la scène politique européenne - et le président français Emmanuel Macron.
Soucieux d'arrondir les angles après une crise à propos d'un contrat de sous-marins australiens soufflé par les Américains aux Français, le démocrate de 78 ans n'a pas ménagé sa peine, se déplaçant à l'ambassade de France près le Saint-Siège, multipliant les poignées de mains et clamant son « affection » pour le pays de La Fayette.
Maladresse
S'approchant aussi près que possible d'un mea culpa, Joe Biden a reconnu la « maladresse » des Etats-Unis dans l'affaire des sous-marins.
Samedi, au sommet des vingt premières puissances économiques mondiales, boudé par ses grands rivaux le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine, le président des Etats-Unis a continué sur sa lancée.
Il a vu Emmanuel Macron, la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson, pour harmoniser les positions sur le nucléaire iranien.
Le président des Etats-Unis s'est également entretenu avec Olaf Scholz, probable successeur de la chancelière allemande Angela Merkel.
Un haut responsable américain a assuré que les alliés des Etats-Unis, un peu refroidis après un retrait d'Afghanistan chaotique, mené d'après eux sans guère de concertation, « ont la conviction qu'il faut faire le plus de progrès possibles tant qu'il y a un président (américain) en exercice qui est profondément attaché à la relation transatlantique ».
Nucléaire
Ce haut responsable de la Maison Blanche a par ailleurs balayé toute divergence de vue sur la Chine, assurant avoir constaté une « forte convergence » avec les Européens « sur la nature du défi ».
Joe Biden, même s'il rejette toute idée de nouvelle guerre froide avec Pékin, a adopté une ligne dure qui ne fait pas l'unanimité en Europe, loin s'en faut.
Washington a également promis, selon un haut responsable, de « consulter étroitement ses alliés » à propos de la revue, qui est en cours, de ce que l'on appelle la »posture nucléaire » américaine.
Il s'agit pour la première puissance mondiale de formaliser dans quelles circonstances elle pourrait faire usage du feu nucléaire, en particulier si ses alliés étaient attaqués.
Selon le Financial Times, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, mais aussi le Japon et l'Australie craignent que les Etats-Unis n'adoptent une définition trop restreinte, au moins sur le papier.
Dans un communiqué commun, Joe Biden et Emmanuel Macron ont d'ailleurs écrit vendredi que « les alliés doivent continuer de mener des consultations étroites sur les questions relatives au contrôle nucléaire et à la maîtrise des armements, notamment dans le cadre de l'OTAN ».