Soudan: les manifestations continuent, le Premier ministre ramené chez lui

Les manifestants veulent que l'ensemble des autorités civiles de transition soient réinstituées. Ils continuent donc de bloquer par milliers les principaux axes de Khartoum sous une nuée de drapeaux soudanais et aux cris de "Non au pouvoir militaire!". (Photo, AFP)
Les manifestants veulent que l'ensemble des autorités civiles de transition soient réinstituées. Ils continuent donc de bloquer par milliers les principaux axes de Khartoum sous une nuée de drapeaux soudanais et aux cris de "Non au pouvoir militaire!". (Photo, AFP)
Le général Burhane avait bien tenté de rassurer mardi en assurant que le chef du gouvernement était à son propre domicile. Mais face aux appels incessants venus de nombreuses capitales, il a semblé céder en soirée. (Photo, AFP)
Le général Burhane avait bien tenté de rassurer mardi en assurant que le chef du gouvernement était à son propre domicile. Mais face aux appels incessants venus de nombreuses capitales, il a semblé céder en soirée. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

Soudan: les manifestations continuent, le Premier ministre ramené chez lui

  • Blinken, s'est entretenu par téléphone avec Hamdok et a «appelé les forces militaires qu'elles libèrent tous les dirigeants civils en détention et garantissent leur sécurité»
  • Les forces de l'ordre ont arrêté des dirigeants de partis politiques, attaqué des étudiants et tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants

KHARTOUM: Des manifestants sont encore dans les rues mercredi au Soudan pour protester contre un coup d'Etat militaire et l'arrestation de hauts dirigeants civils, notamment le Premier ministre Abdallah Hamdok, brièvement retenu puis ramené chez lui mardi soir, sur fond d'intense pression internationale.


De nombreux pays ont dénoncé un coup d'Etat militaire après l'annonce lundi par le général Abdel Fattah al-Burhane de la dissolution de toutes les institutions du Soudan et l'arrestation de leurs dirigeants civils par des soldats. Ces événements ont coupé court à une transition démocratique entamée en 2019.


A la suite du coup de force lundi, Washington a suspendu une part de son aide à ce pays d'Afrique de l'Est parmi les plus pauvres du monde, et l'Union européenne a menacé de suivre. Moscou a en revanche estimé que ces développements étaient "le résultat logique d'une politique ratée".


Tôt mercredi, après de nouveaux tirs de gaz lacrymogène sur des manifestants -- dont quatre ont déjà été tués par balles, selon des médecins--, le Conseil de sécurité de l'ONU a renoncé à utiliser "les termes les plus forts" pour dénoncer le putsch. Et le Fonds monétaire international (FMI), dont les aides et l'allègement de la dette sont vitales pour le Soudan, a estimé qu'il était "prématuré" de se prononcer.


Dans les rues de la capitale Khartoum, les manifestations se poursuivent mercredi matin, mais la police et les forces de sécurité démantèlent certains barrages routiers installés par les manifestants et arrêtent des participants autour des barricades, selon des correspondants de l'AFP.


En 2018 et 2019 déjà, des manifestants avaient campé pendant des mois jusqu'à forcer l'armée à démettre le dictateur Omar el-Béchir -- au prix de plus de 250 morts dont les familles attendent toujours justice.

«Désobéissance civile»
La capitale soudanaise est depuis lundi une ville morte, coupée de ses banlieues de l'autre côté du Nil par des soldats et des blindés déployés sur tous les ponts et coupée du reste du monde avec la fermeture jusqu'à samedi de son aéroport.


La "désobéissance civile" décrétée lundi sous le choc d'un coup d'Etat que tout le monde pressentait mais que personne n'imaginait si rapide est suivie. La plupart des syndicats ont déclaré la "grève générale", les magasins non essentiels sont fermés et ceux qui voudraient briser le mouvement ne peuvent pas rejoindre leur travail en raison des barricades et du danger à s'aventurer dans une ville où internet et les télécommunications vont et viennent.


Et le fait que le Premier ministre Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l'ONU devenu le visage de la moitié civile des autorités de transition partagées avec les militaires pour mener le Soudan vers ses premières élections libres depuis 30 ans, soit chez lui n'y change rien pour la rue qui veut une transition menée par les seuls civils.


Aucune image de l'homme qui n'a cessé de tenter de trouver un compromis entre les militaires et la rue pour "réaliser la liberté, la paix et la justice", disait-il il y a encore moins d'une semaine, n'a jusqu'ici filtré et il est toujours, selon son bureau, "sous étroite surveillance".


Pour manifestants et experts, l'option d'un retour à la dictature dans ce pays d'Afrique de l'Est, l'un des plus pauvres au monde, devient de plus en plus réaliste. 


Incapables de poster des vidéos en ligne avec des réseaux coupés la plupart du temps, nombre de militants redoutent plus de violence des forces de l'ordre. 


Selon eux déjà, plusieurs dirigeants de partis politiques ont été arrêtés et les forces de l'ordre ont pris d'assaut le campus de l'Université de Khartoum.


Pour dénoncer ces violences et le coup d'Etat, les ambassadeurs soudanais à Paris, Bruxelles et Genève ont fait défection, proclamant mardi leurs ambassades comme celles du "peuple et de sa révolution".


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
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  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
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  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
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  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.