La France appuie les appels européens à sanctionner Ankara

Le ministre chypriote des Affaires étrangères Nikos Christodoulides et le ministre français des Affaires européennes Clément Beaune lors d'un point de presse vendredi (Photo AP).
Le ministre chypriote des Affaires étrangères Nikos Christodoulides et le ministre français des Affaires européennes Clément Beaune lors d'un point de presse vendredi (Photo AP).
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Publié le Samedi 19 septembre 2020

La France appuie les appels européens à sanctionner Ankara

  • Une résolution du Parlement européen appelait à des sanctions contre la Turquie à moins qu'elle ne fasse preuve d'une «coopération sincère et de progrès concrets» pour désamorcer les tensions avec la Grèce et Chypre
  • La Turquie a critiqué la résolution, affirmant qu'elle était subjective, et a insisté sur la nécessité de démilitariser complètement les îles grecques de la zone

ANKARA: La pression européenne s’accentue sur la Turquie, alors que la France fait campagne pour des mesures punitives s’alliant étroitement aux positions grecques et chypriotes quant à la question de la méditerranée orientale.

À la suite de discussions avec le ministre chypriote des Affaires étrangères Nikos Christodoulides à Nicosie, le ministre français des Affaires européennes Clément Beaune a déclaré que l'UE devrait envisager d'employer des sanctions, entre autres outils disponibles, si la Turquie continuait à « mettre en danger la sécurité et la souveraineté d'un État membre ».

Ces déclarations interviennent quelques jours avant une réunion des leaders européens la semaine prochaine sur les activités turques en Méditerranée orientale, alors que  le Parlement européen exige la fin immédiate des «explorations et forages illégaux » dans la région.

Les leaders de l'Union européenne se réuniront à Bruxelles les 24 et 25 septembre pour discuter du marché unique, de la politique industrielle et de la transformation numérique, ainsi que des relations extérieures, en particulier avec la Turquie et la Chine.

La situation en Méditerranée orientale et les relations avec la Turquie ont été évoquées par certains États membres lors d’une vidéoconférence des leaders Européens le 19 août. Les leaders ont exprimé leur inquiétude face aux tensions croissantes tout en soulignant la nécessité urgente de désamorcer le conflit.

Une résolution du Parlement européen a par ailleurs appelé jeudi à des sanctions contre la Turquie à moins qu'elle ne fasse preuve d'une « coopération sincère et de progrès concrets » pour neutraliser les tensions avec les membres de l'UE, la Grèce et Chypre.

Les parlementaires veulent également que la Turquie « mette immédiatement fin à toute autre activité illégale d'exploration et de forage en Méditerranée orientale, en s'abstenant de violer l'espace aérien grec et les eaux territoriales grecques et chypriotes tout en s’écartant de la rhétorique belliciste nationaliste ».

De son côté, la Turquie a critiqué la résolution, affirmant qu'elle n’était pas objective tout en insistant sur la nécessité de démilitariser complètement les îles grecques de la zone.

Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'UE en Turquie et désormais analyste chez Carnegie Europe, a déclaré que la résolution reflétait les opinions d'un parlement démocratiquement élu. « Cela n’est pas un « pays X contre un pays Y », mais surtout,  le point de vue global du Parlement européen », a-t-il déclaré à Arab News.

L'Allemagne fait pression pour des efforts de médiation, tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré mercredi que rien ne pouvait justifier l’incursion de la Turquie en Méditerranée orientale dans un litige sur les ressources énergétiques. « La Turquie reste toujours un voisin important », a-t-elle déclaré, un jour après que la Turquie a fait savoir que les opérations de son navire de forage Oruc Reis avaient été prolongées jusqu'au 12 octobre. « Mais alors que nous sommes proches les uns des autres sur la carte, la distance qui nous sépare semble s’accroître», a-t-elle dit.

Fiona Mullen, directrice du cabinet de conseil en recherche Sapienta Economics basé à Nicosie, a déclaré que le Parlement européen était moins sérieux pour la question de la Méditerranée orientale que les chefs de gouvernement du Conseil européen. « Mais au Conseil européen, il semble que l'élan se développe pour de sérieuses sanctions », a-t-elle indiqué à Arab News. « Je crois que c'est la raison pour laquelle nous avons vu le retrait du navire Oruc Reis pour maintenance. La Turquie ne peut pas se permettre de lourdes sanctions alors que la livre est dans un état aussi fragile.

Si la diplomatie dans les coulisses réussissait, a-t-elle déclaré, le retrait des navires autour de Chypre serait probablement un avantage inestimable pour la Turquie en termes d'union douanière. « Il est dans l’intérêt de tous les membres de l’union d’en tirer des résultats bénéfiques», a-t-elle ajouté.

Pierini prévoyait que trois éléments ressortiraient du prochain débat du Conseil européen: la solidarité de l'UE avec Chypre et la Grèce; la disponibilité pour un dialogue sans menaces et les travaux en cours sur d'éventuelles sanctions graduelles en cas de besoin.

La résolution parlementaire prévoyait la possibilité que d'autres mesures restrictives soient « sectorielles et ciblées ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est pour sa part entretenu au téléphone avec le président du Conseil européen Charles Michel jeudi en persuadant Bruxelles à adopter une « position objective » à l'égard de son pays.

Malgre l’appel d’Ankara à Washington de rester neutre sur cette question, les États-Unis ont annoncé être « profondément préoccupés » par les comportements de la Turquie dans la région, selon le secrétaire d’État Mike Pompeo.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".