RAMLA: Israël ne souhaite pas une guerre avec le Hezbollah libanais mais se prépare à recevoir un record de quelque 2 000 roquettes par jour si un conflit armé éclatait entre les deux camps, a affirmé dimanche un haut responsable de l'armée.
Dans la foulée de manifestations musclées en mai à Jérusalem-Est, le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, avait lancé des salves de roquettes vers les principales villes d'Israël, qui avait aussitôt répliqué, donnant lieu à 11 jours de guerre.
Au total, environ 4 400 roquettes ont été tirées vers le territoire israélien depuis l'enclave palestinienne, dépassant le rythme de la dernière guerre (2006) avec le Hezbollah, où un nombre similaire de roquettes avaient été lancées depuis le Liban mais sur une période d'un mois, selon l'armée israélienne.
Le bouclier antimissile israélien « Dôme de Fer », en service depuis environ une décennie, a intercepté la majeure partie des roquettes lancées en mai depuis Gaza, mais un peu moins de 300 d'entre elles se sont abattues dans des zones habitées en Israël.
Résultat, des villes comme la métropole Tel-Aviv ou Ashdod (sud) ont essuyé leur « plus grand nombre de tirs » depuis la création du pays, a déclaré lors d'un entretien le général israélien Uri Gordin.
« S'il y avait un conflit ou une guerre avec le Hezbollah, nous nous attendons à ce qu'il y ait au moins cinq fois plus de roquettes tirées chaque jour du Liban vers Israël. Cela ferait entre 1 500 et 2.500 roquettes », a ajouté ce haut gradé, à la tête du « Home Front Command » (« Commandement du Front intérieur », NDLR).
Mise sur pied en 1992, après la première guerre du Golfe, cette branche de l'armée israélienne est en charge de la défense civile, c'est-à-dire qu'elle est responsable de préparer le pays en cas de menaces, conflit ou désastres.
En 2006, le Commandement du Front intérieur avait été critiqué pour sa réponse lors de la guerre avec le Hezbollah libanais, qui avait fait plus de 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, en majorité des militaires.
Cette guerre a servi de « signal d'alarme » au Commandement du Front intérieur qui a depuis renforcé ses unités de liaisons, déployées aujourd'hui dans les 250 municipalités israéliennes afin de fournir des secours en cas d'attaques, souligne M. Gordin, assis dans la salle de contrôle du QG de cette branche basée à Ramla, près de Tel-Aviv.
L'Iran nucléaire ?
A partir de projections informatiques, son équipe peut anticiper la trajectoire d'une roquette dès son lancement. Elle appelle aussitôt la population, dans un périmètre précis, à se cacher dans un abri antibombes, tout en prévenant policiers, pompiers et ambulanciers.
« Cela nous a permis d'intervenir (sur le terrain, NDLR) en moins de cinq minutes après chaque incident », lors de la dernière guerre avec le Hamas, assure le général qui dit se préparer également à d'éventuels accrochages à la frontière avec le Liban.
L'armée israélienne souhaite « la stabilité » du Liban voisin, mais estime que le Hezbollah est une « source d'instabilité (...) exploitant les ressources de l'Etat pour servir les intérêts iraniens », selon un autre entretien avec une source sécuritaire israélienne.
L'Iran, allié du Hezbollah, est « plus près que jamais de créer la matière fissile nécessaire à l'arme nucléaire », mais aurait encore besoin de deux ans pour parvenir à la bombe, a indiqué cette source, réitérant ainsi un échéancier avancé par des responsables israéliens.
L'Etat hébreu, ouvertement hostile à l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 (JCPOA), pourrait s’accommoder d'une nouvelle entente si celle-ci permet d'assurer que Téhéran n'accède jamais à la bombe, ont suggéré récemment des responsables israéliens à l'heure où les Etats-Unis, premier allié d'Israël, cherche à pousser l'Iran à retourner à la table des négociations.
En cas d'échec, Israël considère l'option militaire face à Téhéran, ont suggéré récemment les ministres israéliens de la Défense Benny Gantz et des Affaires étrangères, Yaïr Lapid.