BEYROUTH : Des membres du parlement se sont cachés chez eux samedi de peur d'être assassinés par des hommes armés du Hezbollah alors que de nouveaux troubles au Liban risquent de devenir incontrôlables.
Les services de sécurité ont conseillé aux députés du parti des Forces libanaises de ne pas s'aventurer au milieu des tensions croissantes concernant une enquête judiciaire sur l'explosion du port de Beyrouth en août 2020, qui a fait plus de 200 morts et dévasté des zones de Beyrouth.
«Oui, ce conseil a été donné aux députés des Forces libanaises», a déclaré à Arab News, le chef des services médias du parti, Charles Jabbour. «On craint qu'ils ne soient exposés à des assassinats et à des meurtres, ce que le Hezbollah a pratiqué auparavant. La solution exige que le Hezbollah remette ses armes à l'État».
La crise entoure l'enquête menée par le juge Tarek Bitar, qui veut interroger d'anciens ministres ainsi que des ministres en exercice liés au Hezbollah et à son allié, le parti Amal sur leur responsabilité dans l'explosion meurtrière du port de Beyrouth. Les ministres affirment que les actions du juge sont purement politiques et ont refusé de coopérer.
Les tensions ont dégénéré en violence jeudi dernier, lorsque sept personnes ont été tuées après que des coups de feu ont éclaté lors d'une manifestation du Hezbollah et d'Amal contre l'enquête dans un quartier majoritairement chrétien du centre de Beyrouth.
Le ministre de la Justice Henry El-Khoury a déclaré samedi qu'il soutenait le juge Bitar, qui avait le droit de convoquer quiconque il voulait dans l'affaire. «Je soutiens l'enquêteur», a assuré El-Khoury. Il a affirmé qu'il n'avait pas le pouvoir de remplacer Bitar et qu'il n'avait subi aucune pression pour le faire.
Le ministre a eu des réunions de crise samedi dans le but de discuter de l'enquête avec le Premier ministre Najib Mikati, le président du Conseil supérieur de la magistrature Souhail Abboud et le procureur général Ghassan Oueidat. Ils ont également décidé d'inviter Bitar à une réunion du conseil mardi.
«Le juge Abboud est attaché à des approches judiciaires, et non politiques, pour résoudre le problème», a révélé une source judiciaire à Arab News.
L'enquête de Bitar a de plus été soutenue par une source inattendue, l'ancien ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, chef du Mouvement patriotique libre, le plus grand bloc chrétien du Liban. «Le Mouvement patriotique libre est pour la poursuite de l'enquête, la révélation de la vérité et le jugement des coupables», a souligné Bassil samedi.
Bassil, qui est le gendre du président Michel Aoun et dont on pense généralement qu'il cherche à le remplacer, fait l'objet de sanctions américaines pour corruption présumée et pour avoir des liens avec le Hezbollah.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com