PERNES-LES-FONTAINES: Dans le Vaucluse, terre frontiste, le cœur des électeurs du Rassemblement national balance entre la candidature de Marine Le Pen, une "tradition", et celle encore potentielle d'Eric Zemmour, qui attise leur curiosité. Certains estiment que "Ce serait bien qu'ils s'allient".
"Ca c'est fabuleux, on aimerait aller les ramasser", lance Marine Le Pen devant un étal de champignons frais, samedi matin sur le marché de Pernes-les-Fontaines.
"On a besoin de vous!", lui répond le marchand, Emile, la soixantaine. Même si le polémiste et putatif candidat Eric Zemmour "est pas mal aussi, on va réfléchir !".
À six mois de la présidentielle, M. Zemmour, qui la talonne dans les sondages, est lui aussi samedi dans le Sud, pour une conférence à Béziers, la ville de Robert Ménard, qui a promis de soutenir Mme Le Pen en 2022.
Henri, retraité et électeur du RN depuis toujours, distribue des tracts derrière la candidate et veut "virer tous les indésirables en France".
"Ça fait 40 ans" qu'il vote Le Pen, alors il espère que Marine Le Pen et Eric Zemmour "vont se raccrocher".
«Espérance»
Tout sourire, Mme Le Pen se penche sur le landau d'une petite fille. Elle fait un selfie avec les parents, habitants de Pernes-les-Fontaines, Aimé et Sabine.
"On la suit de très près", dit Sabine qui "a beaucoup d'espérance pour les prochaines élections" car "y'en a marre de vivre dans l'insécurité et il faut moins d'immigrants".
Son mari Aimé "est entre les deux". "Si on avait le choix ce serait bien qu'ils s'allient, dit-il. Ils ont quelques trucs de différents mais ils ont beaucoup des choses en commun."
"C'est pour ceux qui se lèvent tôt, je vous laisse un petit document", poursuit Marine Le Pen en distribuant des tracts sur son projet de loi destiné à combattre l'immigration.
Le vendeur de saucisses prend son tract mais après son passage dit qu'il "'n'en a rien à foutre des politiques". "C'est tous la racaille et ça fait des années que ça dure".
La candidate, donnée au second tour face au président Macron mais en baisse dans les sondages, salue une vendeuse de sacs en cuir et lui rappelle que, pour les "dépenses contraintes" qui augmentent comme le carburant, elle veut faire baisser la TVA sur l'essence, l'électricité et le gaz de 20 à 5,5%.
Zemmour devrait «réserver ses piques» à Macron
La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a souhaité samedi qu'Eric Zemmour, qui la talonne dans les sondages en vue de 2022, "réserve ses piques" au chef de l'Etat Emmanuel Macron qui porte, selon elle, la "responsabilité" de "la situation du pays".
"J'aimerais qu'Eric Zemmour prenne conscience que je n'ai aucune responsabilité dans la situation du pays et que c'est Emmanuel Macron qui est au pouvoir. Il devrait donc réserver ses piques au président de la République plutôt qu'à quelqu'un qui défend la France avec conviction, honnêteté et pugnacité (depuis) plus longtemps que lui", a affirmé la candidate à la présidentielle en marge d'un déplacement à Pernes-les-Fontaines, dans le Vaucluse.
"Je suis la mieux placée comme candidate nationale (...), je suis convaincu qu'à un moment donné il l'entendra et viendra rejoindre ma candidature", a-t-elle ajouté.
«Rien n'est exclu»
Ginette 91 ans, électrice du RN, salue Mme Le Pen. Sa fille Marie-Blanche vote aussi RN mais elle "aime bien" M. Zemmour qui lui "fait passer de bons moments". "Il faudrait qu'ils s'allient", suggère-t-elle.
A Cavaillon, la veille, Marine Le Pen a visité deux associations d'aide alimentaire et le commissariat, avant de suivre en soirée des policiers municipaux du Pontet, plaidant pour une "action forte en matière de sécurité et de pouvoir d'achat".
Interpellée par une habitante d'une cité difficile, qui se sent "abandonnée", elle a estimé que "les idées ça ne met pas les délinquants en prison" et "ça ne remplit pas les assiettes". Eric Zemmour donnait au même moment une conférence aux allures de meeting dans le Gard voisin, à laquelle a assisté l'eurodéputé RN Gilbert Collard.
Entre les deux adversaires qui se marquent à la culotte, Colette Agnel, sympathisante RN, va "bien étudier tout cela". Mais elle soutient encore Marine Le Pen: "Elle parle vrai sur les étrangers qui viennent en France et voudraient nous chasser de chez nous".
"Rien n'est exclu", dit l'ancien candidat RN Dominique Roujon, même s'il revendique "une tradition" de vote RN.
C'est, en revanche, déjà tout vu pour Annie Pontet, élue RN d'opposition à Cavaillon. Selon elle, Eric Zemmour "n'a pas de programme" et "n'est là que pour faire du buzz".