ISTANBUL : La Turquie s'est dite prête jeudi à aider l'Afghanistan sans pour autant reconnaître le régime taliban, selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.
"Nous avons insisté auprès de la communauté internationale sur l'importance de [nouer] contact avec l'actuelle administration talibane. Mais reconnaître [le régime] et être en contact sont deux choses différentes", a déclaré M. Cavusoglu à l'issue d'une rencontre à Ankara avec le ministre des Affaires étrangères des talibans, Amir Khan Muttaqi.
"L'économie afghane ne doit pas s'effondrer", a-t-il ajouté, appelant les pays qui "gèlent les comptes afghans à l'étranger" à "agir de manière plus souple afin que les salaires puissent être payés".
Les talibans ont renversé le gouvernement afghan soutenu par les États-Unis mi-août, après vingt ans de conflit, et ont instauré un émirat islamique.
Des sanctions internationales strictes ont été imposées au pays: les banques sont à court de liquidités et les fonctionnaires ne sont pas payés depuis.
Il s'agit de la première rencontre entre une délégation talibane et un ministre turc, alors que le régime taliban n'a toujours pas été reconnu internationalement.
"Nous avons aussi discuté avec eux [la délégation] de ce qui peut être fait pour éviter des flux migratoires supplémentaires", a poursuivi le chef de la diplomatie turque, affirmant que certains migrants afghans souhaitent "rentrer en Afghanistan".
"L'administration talibane a dit qu'elle apporterait le soutien nécessaire (...) s'ils souhaitent rentrer", a-t-il dit encore, la Turquie faisant régulièrement valoir que son pays de 84 millions d'habitants accueille déjà cinq millions de migrants et de réfugiés, dont environ 3,7 millions en provenance de Syrie et jusqu'à 420.000 Afghans.
Le ministre turc a encore demandé que les femmes afghanes puissent retourner au travail et les filles à l'école, assurant qu'il n'y avait "pas d'exigence ou de pré-condition" de la part d'Ankara en ce sens mais "des attentes aussi de la part d'autres pays musulmans".
Les dirigeants du G20 se sont engagés mardi au cours d'un sommet virtuel à fournir une aide humanitaire à l'Afghanistan, l'Union européenne promettant un milliard d'euros à l'ouverture des travaux de cette réunion.
La Turquie avait annoncé fin août avoir commencé à retirer ses troupes d'Afghanistan, abandonnant ainsi sa proposition de continuer à assurer la sécurité de l'aéroport de Kaboul après le retrait des forces américaines.