PARIS : Amnesty international a exhorté mercredi l'Iran à ouvrir une enquête sur la "mort suspecte" d'un prisonnier ayant, selon l'organisation, révélé les tortures subies par le lutteur et opposant iranien Navid Afkari, exécuté en septembre 2020.
"Les autorités iraniennes doivent ouvrir urgemment une enquête indépendante, impartiale et transparente pour établir les causes et circonstances de la disparition forcée et de la mort suspecte de Shahin Naseri", a exhorté l'organisation de défense des droits humains dans un communiqué mercredi.
Shahin Naseri, 49 ans, est décédé fin septembre après avoir été transféré d'une prison à Téhéran vers un endroit inconnu, selon un rapport de l'Iran Human Rights (IHR), une organisation de défense des droits humains basée à Oslo.
La direction de la prison avait confirmé sa mort le 23 septembre dans un communiqué, affirmant qu'il était décédé pour une raison médicale inconnue et après une tentative infructueuse de le ranimer.
Selon des informations recueillies par Amnesty, Navid Naseri a appelé au moins deux personnes depuis la clinique de la prison, utilisant le téléphone portable d'un autre prisonnier, et avait affirmé avoir peur pour sa vie.
La disparition forcée de M. Naseri a coïncidé avec le premier anniversaire de l'exécution du jeune champion Navid Afkari.
Selon Amnesty, M. Naseri avait fourni de "multiples déclarations écrites sous serment" aux autorités en 2019 et en 2020 pour appuyer les plaintes pour tortures et les demandes de révision de son procès émises par M. Afkari.
Ce lutteur et opposant iranien, arrêté en septembre 2018, a été condamné à mort à la suite d'aveux obtenus sous la torture et exécuté le 12 septembre 2020 pour le meurtre d'un fonctionnaire lors de manifestations en 2018. Les Iraniens étaient alors descendus dans la rue pour protester contre les difficultés économiques et contester le régime, une mobilisation d'une ampleur inédite depuis 2009.
"Ce dernier cas de disparition forcée et de mort en détention est un puissant rappel des conséquences fatales de l'impunité systémique qui règne en Iran concernant les violations du droit à la vie et autres crimes", a fustigé Amnesty.
Dans un rapport le mois dernier, l'organisation a fait état d'un manque de transparence concernant la mort d'au moins 72 personnes en détention en Iran depuis janvier 2010, "malgré des informations crédibles indiquant que les décès sont le résultat de tortures ou de mauvais traitements ou de l'utilisation létale d'armes à feu et de gaz lacrymogènes par les autorités".