PARIS: Hydrogène, semi-conducteurs ou encore batteries électriques: Emmanuel Macron détaille mardi les secteurs prioritaires du plan "France 2030" pour "faire émerger les champions de demain", face aux concurrences chinoise et américaine et aux critiques sur le "déclin" de la France.
Son discours sur ce plan de plusieurs dizaines de milliards d'euros, avec également des annonces attendues sur les petits réacteurs nucléaires SMR, sera scruté avec attention par le monde économique mais aussi la classe politique à six mois du premier tour de la présidentielle le 10 avril 2022.
Prévue à 10H00 à l'Elysée devant une dizaine de membres du gouvernement dont Jean Castex, des chefs d'entreprise et des jeunes, l'intervention du chef de l'Etat lui donnera l'occasion de tenter de remettre l'économie au coeur de la campagne face à certains candidats qui l'accusent d'accélérer "le déclassement" ou "le déclin" de la France.
Il lui permettra aussi de détailler sa stratégie de sortie de la crise du Covid-19 qui franchit, avec ce plan, une troisième étape après celle des mesures d'urgence mises en place depuis mars 2020 et celle du plan de relance de 100 milliards.
"La crise a rappelé notre vulnérabilité, notre dépendance vis-à-vis de l'étranger dans certains secteurs clé mais aussi l'importance que l'innovation peut tout changer", relève l'entourage du président.
Emmanuel Macron a récemment souligné que le "super vaccin" de Pfizer avait été "inventé par une startup allemande qui a une dizaine d'années" tandis que l'autre vaccin ARN messager, celui de Moderna, a également été mis au point par une jeune entreprise américaine qui "a 10 ans d'âge".
Il s'agit donc de fixer "un objectif à 10 ans d'être les meilleurs du monde sur telle technologie de rupture, telle innovation, tel développement industriel", a-t-il ajouté jeudi dernier au forum annuel Bpifrance Inno Génération (BIG) à Paris.
Pour faire éclore ces champions "français et européens", "France 2030" vise à se déployer rapidement avec le déblocage d'environ 30 milliards d'euros, selon les estimations, sur cinq ans. Afin qu'"en 2030 il y ait déjà des projets sortis de terre", selon l'entourage du président.
Une première partie de cette enveloppe sera intégrée, par amendement, au projet de budget pour 2022, actuellement en discussion au Parlement.
«Processus darwinien»
Dans son discours, Emmanuel Macron va détailler les secteurs prioritaires de "France 2030", dont les semi-conducteurs victimes d'importantes pénuries au niveau mondial, les batteries électriques, l'intelligence artificielle, l'avion bas carbone ou l'agriculture. Avec, pour chacun d'entre eux, l'objectif d'accompagner la transition écologique.
Outre le nucléaire, le chef de l'Etat a également annoncé son intention de "donner un grand coup d'accélérateur" à la filière hydrogène "pour pouvoir à la fois démultiplier les solutions technologiques et mieux la structurer" autour des acteurs existants comme Air Liquide, des "laboratoires publics" et des "startup privées".
Car la logique de "France 2030", a-t-il expliqué, est de "réconcilier cette France des start-up", objets de toutes les attentions depuis le début du quinquennat, et "cette France de l'industrie", qui se sent parfois délaissée et ne représente plus que 13,5% du PIB contre 22% en Allemagne.
Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux souhaite que "l'Etat se concentre sur les filières où son soutien est réellement nécessaire" et juge que "l'intérêt de ce plan est de faire entrer de nouveaux innovateurs dans les filières les plus stratégiques, afin que s'enclenche un processus darwinien".
"Le risque de ces grands plans tient dans la gouvernance et l'exécution. Souvenons-nous des échecs passés, tel le plan Calcul du général de Gaulle: la gouvernance était alors trop centralisée, dirigiste et colbertiste", a-t-il averti dans un entretien aux Echos lundi.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a multiplié les réunions de "concertation" ces dernières semaines, insiste aussi sur la nécessité "d'augmenter la productivité de la France et d'éviter le "déclassement" du pays et de l'Europe face aux géants chinois et américains. Le plan comprendra pour cela un volet "compétences et métiers" afin d'assurer la transmission des savoirs et l'engagement des jeunes.
Grâce aux taux d'intérêt bas, "c'est le moment d'investir", affirme le ministre, en répliquant aux critiques de l'opposition de droite sur la "frénésie" de dépenses de l'Etat et le creusement de son endettement.