L'exploitation des filles dans le monde, un calvaire souvent invisible

La crise liée à la pandémie de Covid-19 a dans de nombreux pays en développement empiré leur sort. Car elle s'est accompagnée d'une "augmentation de l'extrême pauvreté, et les filles sont souvent les premières à être mises au travail". (Photo, AFP)
La crise liée à la pandémie de Covid-19 a dans de nombreux pays en développement empiré leur sort. Car elle s'est accompagnée d'une "augmentation de l'extrême pauvreté, et les filles sont souvent les premières à être mises au travail". (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 12 octobre 2021

L'exploitation des filles dans le monde, un calvaire souvent invisible

  • Quelque 160 millions d'enfants travaillaient dans le monde en 2020, un chiffre en hausse de plus de 8 millions par rapport à 2016
  • Sur ce total, quelque 63 millions étaient des filles, «davantage touchées par le trafic humain et la prostitution, mais aussi par le travail domestique»

PARIS : Agnès a six ans quand ses parents la confient à une autre famille togolaise, loin de chez elle. Douze années plus tard, elle raconte les coups, l'exploitation subie, comme des millions de filles dans le monde, rendues aussi vulnérables qu'invisibles par le travail domestique.

Car son calvaire, vécu à huis clos, passe sous le radar des évaluations du travail des enfants, selon l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'ONG Plan international.

"Au début, ça allait. Mais ensuite ils ont commencé à être méchants", se souvient la jeune femme au visage poupin et aux cheveux courts, interrogée à l'occasion de la Journée internationale des filles, dont la dixième édition a lieu lundi.

Agnès, qui témoigne sous un faux nom car elle vit toujours dans cette famille, est autorisée à aller en classe jusqu'au brevet des collèges. Tout en assurant les tâches domestiques. Mais ses "parents adoptifs", selon ses mots, refusent ensuite qu'elle poursuive ses études.

"Après mon BEPC, quand je leur disais que je voulais aller à l'école, ils me battaient", narre-elle, la voix hachée par l'émotion.

Les coups pleuvent quand elle n'exécute pas assez bien les corvées qui lui sont assignées, affirme-t-elle lors d'un conversation vidéo avec l'AFP. "Ils me frappent souvent. Ils sont très exigeants."

"Je voudrais partir, mais je ne sais pas où aller. Et j'ai peur d'aller voir la police", soupire la jeune femme, qui a perdu tout contact avec sa famille biologique.

«Invisibles»

Ce genre de récit est "monnaie courante" au Togo, déplore Sibabi Djalissa, spécialiste des violences de genre à Plan international au Togo. Dans ce petit pays du golfe de Guinée, parmi les plus pauvres au monde, 80% des enfants âgés de 5 à 17 ans avaient une activité économique en 2010, année du dernier recensement de l'OIT.

"Pour les garçons, c'est saisonnier. Ils vont et reviennent pour des activités agricoles. Les filles partent plus longtemps", à l'intérieur du Togo ou à l'étranger - principalement dans les pays voisins, mais aussi au Liban, aux Emirats arabes unis ou encore au Koweït -, remarque Sibabi Djalissa.

"C'est au cours de l'année scolaire qu'on se rend compte que les filles ne sont pas revenues", confirme son collègue Yorou Ismaila. Sinon, "on ne les voit pas car elles restent dans les maisons."

Quelque 160 millions d'enfants travaillaient dans le monde en 2020, selon l'OIT. Ce chiffre, en hausse de plus de 8 millions par rapport à 2016, augmente surtout en Afrique subsaharienne, observe Cyril Cosme, directeur de l'OIT en France.

Sur ce total, quelque 63 millions étaient des filles, "davantage touchées par le trafic humain et la prostitution", mais aussi "beaucoup plus concernées par le travail domestique", ce qui les rend plus "vulnérables" et "invisibles", déplore-t-il.

Selon Plan international, leur nombre est de ce fait largement sous-évalué et elles seraient même plus nombreuses que les garçons à travailler.

École «sanctuaire»

La crise liée à la pandémie de Covid-19 a dans de nombreux pays en développement empiré leur sort. Car elle s'est accompagnée d'une "augmentation de l'extrême pauvreté, et les filles sont souvent les premières à être mises au travail", observe Anne Bideau, directrice générale de Plan international France.

Elle a aussi engendré de la déscolarisation. Pourtant, l'école protège les filles des violences et leur permet "de s'épanouir en ayant un projet d'avenir", ajoute-t-elle.

En Tanzanie, l'échec à l'examen sanctionnant la fin de l'école primaire pousse nombre d'entre elles vers le travail domestique. Comme Awa (prénom d'emprunt), qui, à 15 ans, "voulait voir où travailler chez des gens (la) mènerait", raconte-t-elle à l'AFP. Mais cela ne s'est pas passé comme prévu."

Si la première famille qui l'a employée l'a bien traitée, elle a été battue par la deuxième et la troisième ne l'a jamais payée.

Quelque 4,2 millions d'enfants de 5 à 17 ans travaillent en Tanzanie, soit près du tiers de cette classe d'âge, selon l'OIT. Plus de 2 millions sont des filles.

A présent mère célibataire et petite commerçante, Awa, 24 ans, "partage son histoire avec d'autres filles" désireuses de devenir domestiques pour "les décourager".

Agnès rêve elle de "continuer l'école" et "passer son bac". Pour à terme "devenir sage-femme".


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com