Ils étaient en pleine préparation de la deuxième édition de Dream’s Chebeb, projet de soutien à la création artistique des jeunes Tunisiennes et Tunisiens quand le Covid-19 débarque sans prévenir pour mettre tout à l’arrêt. Des semaines de confinement ont paralysé le pays, frappant de plein fouet les activités des arts et de la culture, rendant plus dépourvu un secteur déjà fragile. Mais seules la volonté et la persévérance sont capables de surpasser tous les obstacles.
Aujourd’hui, l’équipe de Dream's Chebeb, pilotée par la comédienne, metteuse en scène, dramaturge et formatrice Leïla Toubel, est fière d’annoncer les lauréats : 8 projets de théâtre, 3 de danse, 1 d’édition, 1 de photographie, 1 de musique et 1 de vidéo. Tout ce beau monde a été accueilli à l’espace Be Actor Studio, les 28 et 29 août avec leurs rêves pleins les yeux, venus de 13 gouvernorats : Médenine-Tunis-Sfax-Bizerte-Sidi Bouzid-Ben Arous-Jendouba-Kasserine-Le Kef-Kébili-Gafsa–Kairouan.
Leïla Toubel nous parle avec émotion de cette expérience si riche et si particulière. Entretien :
Avec beaucoup de difficultés vous êtes arrivée à mener à terme votre Dream’s Chebeb. Comment s’était passée cette édition exceptionnelle?
C’était très dur. Comme tout le secteur des arts et de la culture, Dream’s Chebeb a subi l’impact de la Covid-19. Confinés, nous étions dans l’impossibilité d’entreprendre quoi que ce fut pour avancer dans la première étape de cette nouvelle édition annoncée depuis décembre 2019. Les candidatures se faisaient en ligne, mais on s’est rapidement heurté à une triste réalité, quelque part dans les régions oubliées de la Tunisie, Internet n’était pas à la portée de tous. Il fallait donc gérer et apaiser tous les jeunes candidats en prolongeant à deux reprises les délais de dépôt des dossiers et offrir ainsi les mêmes chances pour tout le monde.
Comme tous les travailleurs de l’art, nous avons vécu cette expérience en étant malmenés par toutes formes d’émotions intenses et contradictoires, se résigner à la fermeture pour endiguer la pandémie, appliquer strictement le confinement, faire de la santé publique une priorité, mais en même temps, s’accrocher à nos projets et continuer à vivre malgré les conditions très difficiles. Je le savais déjà, mais cette crise sanitaire a révélé d’une manière crue et amère, que l’art est la dernière préoccupation des dirigeants politiques. Rien n’est fait, rien n’est écrit, pensé, senti, aucune stratégie de crise, aucune vision, aucun mécanisme pour protéger les artistes des conséquences désastreuses quand l’art baisse le rideau, éteint les lumières et passe de longues semaines derrière les ordinateurs à divertir les confinés déprimés. Il nous a fallu beaucoup de courage pour nous accrocher et donner suffisamment d’assurance et d’écoute aux jeunes pour qu’ils ne renoncent pas à leurs rêves.
NDLR: Mosaïque est une revue de presse qui offre au lecteur un aperçu sélectif et rapide des sujets phares abordés par des quotidiens et médias de renommée dans le monde arabe. Arab news en Français se contente d’une publication très sommaire, revoyant le lecteur directement vers le lien de l’article original. L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.