Algérie: Le plan d’action du gouvernement permettra-t-il de relancer l'économie?

Le Premier ministre algérien et ministre des Finances Aimene Benabderrahmane donne une conférence de presse pour annoncer le lancement de la production du vaccin Sinovac (CoronaVac) Covid-19 développé localement, dans la ville de Constantine, dans le nord-est de l'Algérie, le 29 septembre 2021. RYAD KRAMDI / AFP
Le Premier ministre algérien et ministre des Finances Aimene Benabderrahmane donne une conférence de presse pour annoncer le lancement de la production du vaccin Sinovac (CoronaVac) Covid-19 développé localement, dans la ville de Constantine, dans le nord-est de l'Algérie, le 29 septembre 2021. RYAD KRAMDI / AFP
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Publié le Samedi 09 octobre 2021

Algérie: Le plan d’action du gouvernement permettra-t-il de relancer l'économie?

  • «C’est le plan de la dernière chance»
  • Pour dynamiser le marché financier, le gouvernement mise sur l’entrée en bourse de deux banques publiques

PARIS : Le plan d’action du gouvernement, mis en œuvre par le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, validé par le conseil des ministres et adopté par l’Assemblée populaire nationale (APN) ainsi que le Sénat, va-t-il permettre d’impulser l’investissement productif et la diversification des ressources financières du pays? Est-ce le plan de l’ultime chance pour l’économie nationale?

Leviers de croissance pour un plan de la dernière chance?

Le plan du gouvernement mise sur des leviers de croissance: modernisation du système bancaire et financier, réforme du secteur public marchand, gouvernance des entreprises publiques et amélioration de l’attractivité du climat des investissements. Pour y parvenir, le plan d’action dirigé par le Premier ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, prévoit de développer des secteurs porteurs: le secteur énergétique (mines, transition énergétique, énergies renouvelables dont l’hydrogène…), les filières industrielles (pharmaceutique, agroalimentaire…), la pêche, le tourisme et la culture.

Quant aux opérateurs économiques, ils espèrent que ce plan d’action sera porteur de solutions. «C’est le plan de la dernière chance», a estimé Sami Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) lors de sa dernière intervention sur les ondes de la radio algérienne Chaîne 3. Selon lui, le gouvernement devrait débloquer les projets d’investissements et lutter efficacement contre la bureaucratie.

Banques, finances, les indispensables réformes

Le gouvernement initiera-t-il les réformes structurelles tant attendues dans les secteurs bancaire et financier qui permettraient de rendre plus efficace et plus attractive la relance économique?

Amélioration de la gouvernance, professionnalisation des métiers, densification du réseau des banques et des assurances, déploiement des banques à l’étranger, digitalisation et internationalisation du système bancaire figurent parmi les priorités des réformes de ces secteurs névralgiques pour l’économie nationale.

Selon Aïmene Benabderrahmane, premier argentier du pays, le financement bancaire demeure le mode le plus répandu en matière de financement de l’économie. Au 30 juin 2021, l’encours des crédits alloués par les banques a atteint 10 387 milliards de dinars (1 dinar algérien = 0,0063 euro), dont 5 065 milliards de dinars accordés au secteur privé (soit 49 %). Quant aux crédits d’investissement, ils sont évalués à 7 410 milliards de dinars, soit 71 % du total des crédits accordés par les banques publiques.

Pour y remédier, Aïmene Benabderrahmane a mis en avant la nécessité de développer d'autres modes de financement, citant le recours au marché financier comme le leasing ou encore la contribution des partenariats public-privé pour financer des projets d'infrastructures. Pour rappel, seize entreprises exercent le leasing dont la taille de marché est évaluée à 162 milliards de dinars à la fin décembre 2020, contre 135 milliards de dinars à la fin de l’année 2019, soit une hausse de 17 %.

Aussi, pour dynamiser le marché financier, le gouvernement mise sur l’entrée en bourse de deux banques publiques. Dans ce but, ces institutions bénéficieront d’un renforcement en matière de gouvernance des sociétés de marché et de la modernisation des systèmes de négociation et de supervision du marché boursier.

Pour Souhil Meddah, expert financier, le marché boursier actuel est figé face aux différents potentiels de mobilisation des ressources comme le capital-investissement, l’épargne, etc. «Avec le niveau actuel des revenus et de l’épargne – institutionnelle ou privée –, le marché boursier doit avant tout se limiter au financement des projets de taille intermédiaire, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME).» Il estime qu’il est «plus souhaitable actuellement de repousser l’option d’ouverture des entreprises publiques et de se contenter des solutions d’allègement, par un rééchelonnement de leurs dettes financières, et de convertir leurs crédits à moyen terme vers des crédits à long terme», conclut-il.

meddah
Pour Souhil Meddah, expert financier, le marché boursier actuel est figé face aux différents potentiels de mobilisation des ressources comme le capital-investissement, l’épargne, etc. Photo fournie.

Financements combinés

Interrogé par Arab News en français sur les modes de financement à privilégier pour dynamiser les investissements et accroître le développement des entreprises, Souhil Meddah explique que la conjoncture actuelle du pays impose deux types d’approche. «Il s’agit d’abord de composer avec des financements combinés, croisés et pondérés entre capitaux propres et la dette financière, ce qui implique des apports en capitaux propres suffisants, ou, a contrario, s’ils sont relativement bas, d’être soutenus par des formes juridiques de garantie de gestion, avec la participation des sociétés de capital-risque», affirme-t-il.

Pour l’expert, d’autres modes de financement sont imminents et nécessaires. «Il s’agit notamment du passage par le capital-développement pour les entreprises qui ont besoin de s’élargir et de se distinguer sur le plan marketing ou le capital-retournement pour les entreprises qui souffrent de surendettement structurel et qui risquent de mettre en danger la configuration de leur passif», nous confie-t-il.

Ainsi, afin de mieux accompagner les investisseurs dans leur quête de parts de marchés à l’international, le plan d’action du gouvernement prévoit la restructuration des bilans des banques afin d’assurer leur solvabilité, la réactivation du rôle du taux d’intérêt et la captation de la masse monétaire circulant dans le secteur informel. Pour Souhil Meddah, la question ne doit pas se poser en termes de mobilisation, mais plutôt sur la nécessité de son organisation, de sa canalisation, de sa dématérialisation et de son contrôle. «Les moyens que l’écosystème doit mettre en œuvre rapidement, c’est la maîtrise du circuit par la base, c’est-à-dire à partir du petit porteur avant d’avancer sur les autres segments», explique-t-il.

Le gouvernement table aussi sur la finance islamique (sukuk et takaful) comme alternative particulièrement attrayante pour capter une partie des épargnes hors secteurs bancaires et financiers conventionnels. À ce sujet, le Premier ministre a rappelé que depuis l’ouverture de 310 guichets dédiés à la finance islamique, près de 15 000 comptes bancaires ont été ouverts, mobilisant une épargne de 10 milliards de dinars. Enfin, le gouvernement compte améliorer l’inclusion financière par une plus grande implication de la Poste d’Algérie qui offrira davantage de services financiers.

Favoriser les recettes des exportations hors hydrocarbures

Selon le ministère du Commerce, les recettes des exportations algériennes hors hydrocarbures ont enregistré une progression de 118 % durant les neuf premiers mois de l’année 2021, passant de 1,34 milliard de dollars (1 dollar = 0, 87 euro) en 2020 à 2,9 milliards de dollars en 2021.

Pour favoriser le développement des exportations, le plan d’action du gouvernement parie sur la mise en place d’une politique commerciale plus structurée, laquelle reposerait sur la facilitation de l’acte, le développement des accords commerciaux de libre-échange, l’assainissement de la sphère commerciale et la modernisation de l’outil de contrôle.

Les premiers signes de rebond depuis le début de l’année sont-ils de bon augure pour la mise en œuvre urgente des réformes permettant de stimuler la croissance économique? Dans tous les cas, la libération du potentiel reste, indéniablement, étroitement liée à l’action gouvernementale.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".