Alger : Karim Tabbou, une figure du mouvement de contestation Hirak en Algérie, a vivement critiqué mardi les propos du président français Emmanuel Macron dans lesquels il questionne l'existence d'une "nation algérienne" avant la colonisation française.
M. Macron a déclenché la colère d'Alger après des propos rapportés samedi par le journal français Le Monde accusant le système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle" en servant à son peuple une "histoire officielle" qui "ne s'appuie pas sur des vérités".
D'après Le Monde, le président français avait également affirmé que "la construction de l'Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c'est la question (...)", un passage qui a le plus heurté l'opinion algérienne.
"Le propos interrogatif d'Emmanuel Macron sur l'existence de l'Algérie avant la colonisation est une assertion absurde", écrit Karim Tabbou sur sa page Facebook.
Chef d'un petit parti d'opposition non agréé par les autorités, l'Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou, 47 ans, est l'un des visages les plus populaires du Hirak, mouvement antisystème inédit né en février 2019.
"La déclaration d'Emmanuel Macron à propos de l'Algérie montre ce profond désarroi d'un homme qui, faute de gagner les grandes batailles, espère tout au moins gagner sa bataille électorale. A travers sa déclaration, Macron tente de remettre le débat de l'Algérie sur la scène politique française dans une approche faite de surenchères et de populismes", assène-t-il.
Alger a annoncé samedi le "rappel immédiat" de son ambassadeur à Paris et décidé dimanche d'interdire de facto le survol de son territoire aux avions militaires français en guise de riposte.
"Ni la situation des droits de l'homme et ni les questions relatives aux libertés n'intéressent les uns et les autres !" critique cette figure du Hirak ajoutant que "la France officielle continue de donner la prime aux intérêts économiques et l'Algérie officielle escompte des soutiens politiques".
Condamné en première instance le 7 décembre 2020 par le tribunal de Koléa, près d'Alger, à un an de prison avec sursis et une amende de 100 000 dinars (environ 640 euros) pour "atteinte à la sûreté nationale", son procès en appel est prévu le 11 octobre.