LONDRES: La réintégration de la Syrie au sein du réseau de communication d’Interpol pourrait conduire au harcèlement et au mauvais traitement des réfugiés et des opposants au régime de Bachar al-Assad, selon les activistes.
La semaine dernière, l’organisation internationale de police criminelle a confirmé que la Syrie avait réintégré son réseau. Le pays avait précédemment fait l’objet de «mesures correctives» après avoir accédé aux bases de données de l’organisation et demandé de l’aide pour des arrestations internationales, à la suite du déclenchement de la guerre civile en 2011, indique un article publié par The New Arab.
Les experts juridiques et les activistes craignent désormais que cette mesure ne mette en danger les dissidents qui ont fui le régime et pourraient désormais être extradés ou détenus. Le régime syrien peut ainsi de nouveau émettre des mandats d’arrêt internationaux, également appelés «notices rouges» pour des personnes recherchées via un réseau de 194 organisations policières internationales.
Bien que les «notices rouges» soient transmises par l’intermédiaire du secrétariat général d’Interpol et fassent l’objet d’un processus de filtrage, afin d’éviter que les mandats ne soient motivés par des considérations politiques, les experts juridiques affirment que le processus est profondément vicié et que les demandes sont rarement rejetées.
«Je suis profondément déçu et inquiet qu’une telle décision ait été prise», a estimé Toby Cadman, un avocat britannique travaillant sur les poursuites pour crimes de guerre liés à la Syrie. «Les systèmes d’Interpol sont opaques, sans véritable contrôle ni responsabilité, et ils sont régulièrement utilisés de manière abusive par des États comme la Syrie, qui ont peu de considération pour les droits de l’homme.»
Les activistes craignent aussi que la décision d’Interpol n’affecte les 6,8 millions de réfugiés et de Syriens qui demandent actuellement l’asile dans des pays du monde entier, bien que l’organisation ait affirmé qu’elle ne remettrait pas de «notices rouges» aux demandeurs d’asile ou aux réfugiés.
Dans des commentaires envoyés par courrier électronique, Interpol a déclaré que «la recommandation de lever les mesures correctives a été faite par le comité exécutif (…) après une surveillance étroite des messages du Bureau central national (BCN) de Damas (le bureau d’Interpol dans le pays)».
«Les États membres gardent le contrôle total des données qu’ils fournissent à Interpol et décident quels BCN ont accès à leurs informations. Cela signifie que le BCN de Damas ne peut accéder qu’aux informations contenues dans les bases de données d’Interpol qui n’ont pas été restreintes par d’autres pays membres», a conclu l’organisation.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com