KHARTOUM: Cinq officiers du contre-terrorisme ont été tués mardi lors d'une perquisition à Khartoum visant "une cellule liée au groupe Etat islamique (EI)", une organisation jihadiste qui n'a jusqu'ici jamais revendiqué d'attaque au Soudan, selon le renseignement.
"Après avoir reçu des informations sur la présence d'une cellule terroriste liée à l'EI, le renseignement a mené dans la matinée une perquisition" dans une maison du quartier de Jabra, explique le renseignement dans un communiqué.
"Onze terroristes de différents pays étrangers ont été arrêtés", assure le texte. Mais des complices ont tiré sur les forces de sécurité, "tuant deux officiers et trois sous-officiers" tandis que "quatre terroristes étrangers sont parvenus à s'enfuir", poursuit-il.
En fin de journée, la maison de deux étages était encerclée par un cordon de membres des forces de sécurité qui demandaient aux badauds de s'éloigner au cas où des explosifs auraient été abandonnés par les fugitifs, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Des voisins ont affirmé à l'AFP avoir entendu des échanges de tirs et vu des blessés être évacués à bord de voitures.
L'organe de propagande de l'EI n'a pas évoqué dans l'immédiat un quelconque incident à Khartoum.
En 2019, le département d'Etat américain avait mis en garde contre une possible arrivée au Soudan de l'EI, qui ne tient plus que des poches en Syrie et des cellules clandestines terrées dans le désert et les montagnes d'Irak.
"S'il n'y a pas d'attaques de grande envergure au Soudan, l'EI semble avoir un réseau actif de facilitateurs au Soudan", assurait-il dans son rapport sur le terrorisme en 2019.
Il ajoutait que des responsables avaient "reconnu que des +extrémistes+ liés à l'EI se trouvaient dans le pays", bordé au nord par l'Egypte, où l'EI mène une insurrection dans la péninsule orientale du Sinaï.
Fin 2020, Khartoum a été retirée par Washington de sa liste "noire" des pays soutenant le "terrorisme", sur laquelle elle figurait depuis 1993 et qui lui valait de lourdes sanctions économiques et faisait obstacle aux investissements étrangers.
Durant plusieurs décennies et sous l'impulsion de l'autocrate Omar el-Béchir longtemps allié à des islamistes radicaux, le Soudan a été la plaque tournante du jihadisme international, accueillant notamment le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden en 1992, avant de l'expulser en 1996 sous la pression des Etats-Unis.
L'incident de mardi vient alourdir le fardeau du Soudan qui tente de mener à bien sa transition après la révolte ayant mis fin à 30 années de régime Béchir en avril 2019.
Englué dans le marasme politique et économique, Khartoum annonçait il y a une semaine avoir mis en "échec" une tentative de coup d'Etat menée, selon elle, par des civils et des militaires partisans de Béchir.
Le gouvernement fait également face à un mouvement de contestation dans l'Est, poumon commercial du pays dont les habitants sont majoritairement pauvres, qui a paralysé un temps les exportations de pétrole sud-soudanaises et continuent de menacer l'ensemble de l'import-export du Soudan.