Explosion du port de Beyrouth: la suspension du juge Bitar ramène l’enquête à la case départ

L’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a tué des centaines, blessé des milliers et détruit de vastes régions de la capitale Beyrouth (Photo, Reuters).
L’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a tué des centaines, blessé des milliers et détruit de vastes régions de la capitale Beyrouth (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Mercredi 29 septembre 2021

Explosion du port de Beyrouth: la suspension du juge Bitar ramène l’enquête à la case départ

  • Le juge Tareq Bitar arrête toutes les procédures en relation avec le dossier dans l’attente d’une décision en appel déposé par le député Nohad Al-Machnouk
  • Bitar a reçu des menaces du Hezbollah pour le retirer du dossier: «Nous sommes fatigués de vous. Nous suivrons la voie légale, et si la situation ne se passe pas bien, nous vous déracinerons»

BEYROUTH: Le juge Tareq Bitar, l’enquêteur judiciaire dans l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, a été informé lundi avoir été suspendu de l’affaire après que le député Nohad Al-Machnouk ait déposé une plainte contre lui la semaine dernière.

Bitar a suspendu son enquête et toutes les procédures en relation avec le dossier, dans l’attente d’une décision de la Cour d’appel de Beyrouth d’accepter ou de rejeter l’appel déposé par Al-Machnouk.

Le 19 février, Bitar a été désigné deuxième juge à diriger l’enquête dans l’affaire de l’explosion, après le juge Fadi Sawan. Le 18 février, Sawan a été suspendu du dossier, quatre mois après avoir été désigné pour diriger l’enquête, à la demande des anciens ministres Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaiter, que Sawan a jugé en relation avec l’incident, le dossier a été transféré en raison de «soupçon légitime».

La catastrophe, qui a secoué le monde le 4 août 2020, a coûté la vie à 215 personnes, fait plus de 6 500 blessés et détruit le front de mer de la capitale libanaise. Elle a été causée par l’explosion de nitrate d’ammonium, faisant partie d’une cache estimée à 2 750 tonnes, selon les estimations officielles, qui était stockée dans le silo numéro 12 du port, avec des quantités d’autres explosifs saisis.

Le nitrate d’ammonium avait été confisqué sur un navire amarré dans le port en 2014.

Bitar and Sawan ont inclus dans leurs accusations l’ancien Premier ministre Hassane Diab, plusieurs autres ministres et députés actuels, des officiers supérieurs de l’armée, des officiers de la sécurité générale et de l’État, des hauts fonctionnaires du port, ainsi que certains juges.

Ces allégations étaient fondées sur des crimes liés à la négligence, causant la mort de plus de 200 personnes, faisant des milliers de blessés, dont certains gravement avec des déformations physiques et des handicaps permanents, en plus de la destruction du port et de ses installations, ainsi que de multiples maisons et propriétés publiques et privées.

Bitar a interrogé lundi l’ancien chef des services de renseignement, Jawdat Oweidat, et commencé à tenir une séance pour interroger le général de brigade Kamil Daher et le général de brigade Ghassan Gharzeddine dans cette affaire, lorsqu'il a été informé de la décision de sa suspension.

Arab News a appris d'une source judiciaire que, vendredi dernier, Bitar a saisi le procureur général, le juge Ghassan Khoury, et a demandé que des poursuites soient engagées contre lui pour avoir «classé le dossier du nitrate d'ammonium alors qu'il était en sa possession».

Le processus de poursuite des juges est de la responsabilité du Procureur général de la Cour de la cassation et non de l’enquêteur judiciaire du crime.

La décision de suspendre Bitar est officielle, mais elle n’est pas définitive, en attendant la décision de la Cour d’appel. Si la demande d’Al-Machnouk est acceptée, les choses reviendront à la case départ.

L’ancien ministre Youssef Fenianos, un défendant dans l’affaire, a précédemment soumis une «demande de transfert du dossier de l’explosion du juge Bitar pour soupçon légitime».

Bitar a renouvelé son recours au ministère public pour deux nouvelles demandes adressées au ministre de l'Intérieur et au Secrétariat général du Conseil des ministres, demandant l'autorisation de poursuivre le Directeur général de la sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et le Directeur général de la sûreté de l'État, le général Tony Saliba.

Bitar avait fixé le 30 septembre pour interroger le ministre Ali Hassan Khalil, le 1er octobre pour l’interrogatoire des ministres Ghazi Zeaiter et Al-Machnouk et le 4 octobre comme nouvelle date pour l’audition de l’ancien Premier ministre Hassane Diab, qui est aux États-Unis, après avoir été informé par Bitar de la date de sa séance d’interrogatoire.

«Lorsque le système judiciaire est ébranlé, cela signifie qu'une erreur a été commise» a déclaré le juge Hatem Madi, ancien procureur général. Il a dit à Arab News: «Un crime a eu lieu dans le port de Beyrouth. Le premier enquêteur judiciaire a été démis de ses fonctions et maintenant le deuxième enquêteur judiciaire est démis. Combien de temps cette interaction avec le système judiciaire va-t-elle durer? A-t-on l'intention de nommer un troisième enquêteur judiciaire? Et s'il suit les traces des deux juges précédents? Vont-ils l'écarter aussi? (Vont-ils continuer) jusqu'à ce que le système judiciaire soit vidé de ses juges, ou auront-ils recours à des juges d'une autre planète?»

Madi a déclaré que «quand l’adversaire se méfie de l’impartialité du juge, il a peur de juger contre ses intérêts.»

Quant à savoir si Bitar est impartial dans son travail, Madi a déclaré: «Quand un juge travaille, quelqu'un s’oppose toujours à lui, même s'il est juste. Généralement, les juges contournent cela. Je ne connais pas la politique pénale suivie par le juge Bitar, mais ce qu'il a fait jusqu'à présent est bon et professionnel, et il n'y a aucun doute à ce sujet. Quant à savoir pourquoi il a choisi cette méthode et pas une autre, le dossier est sous sa responsabilité et c'est lui le patron, et il a choisi la voie qui lui convenait. Cela ne veut pas dire qu'il a commis une erreur.»

Bitar avait reçu des menaces du Hezbollah pour le retirer du dossier. La première menace a été celle du Secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en août dernier, qui l’a publiquement accusé de «politiser» l’affaire, ajoutant: «Soit il (Bitar) adhère à une enquête technique claire, soit le système judiciaire doit trouver un autre juge.»

La deuxième menace a été adressée par l'officier de sécurité et de liaison du Hezbollah, Wafiq Safa, qui s'est rendu la semaine dernière au Palais de justice de Beyrouth et a rencontré plusieurs juges. Il a demandé à Lara Al-Hashem, journaliste au Palais de justice, de transmettre un message à Bitar, disant: «Nous sommes fatigués de vous. Nous suivrons la voie légale jusqu'au bout, et si la situation ne se passe pas bien, nous vous déracinerons.»

Al-Hashem a révélé dimanche avoir «délivré le message au juge Bitar», et sa réponse était: «Wafiq Safa a raison, peu importe mon processus de déracinement.»

Elle a déclaré avoir également transmis le message de Safa au procureur public discriminatoire. Elle a ajouté qu’il y avait «des données de communications, de caméras et des témoins, et je suis soumise à la loi.»

Les menaces du Hezbollah ont suscité l’indignation au sein du système judiciaire, mais n’ont pas atteint le niveau d’une condamnation publique de masse.

Imad Wakim, membre du bloc parlementaire du parti des Forces libanaises a commenté la suspension de Bitar du dossier, postant sur son compte Twitter: «Voulez-vous Wafiq Safa comme enquêteur judiciaire?»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

Short Url
  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
Short Url
  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.