Cafés-restaurants: les pourboires versés en CB seront défiscalisés

Emmanuel Macron au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l'alimentation (SIRHA) à Lyon, le 27 septembre 2021 (Photo, AFP)
Emmanuel Macron au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l'alimentation (SIRHA) à Lyon, le 27 septembre 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 27 septembre 2021

Cafés-restaurants: les pourboires versés en CB seront défiscalisés

Emmanuel Macron au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l'alimentation (SIRHA) à Lyon, le 27 septembre 2021 (Photo, AFP)
  • Les employés des cafés et restaurants verront bientôt leurs pourboires versés par carte bancaire intégrés à leur rémunération sans être fiscalisés
  • Des applications de paiement comme myPOS ou Sunday permettent aussi de laisser un pourboire en réglant par carte

LYON: Les employés des cafés et restaurants verront bientôt leurs pourboires versés par carte bancaire intégrés à leur rémunération sans être fiscalisés, ce qui devrait contribuer à attirer des jeunes dans ce secteur, espère le patronat, sous pression pour améliorer l'attractivité de ces métiers.   

« Nous avons décidé que les pourboires payés par carte bleue seraient sans charge pour les employeurs et sans impôts pour les salariés » avec une mise en œuvre « dans les prochains mois », a annoncé lundi Emmanuel Macron en visitant le Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l'alimentation (SIRHA) qui s'ouvre à Lyon.  

Cette mesure « ne coûte rien, car aujourd'hui ça ne marche pas », a-il ajouté, « parce qu'on l'a vu en sortie de crise, nos compatriotes utilisent de moins en moins de liquide ».  

Aujourd'hui les pourboires, même versés en liquide, doivent en principe être déclarés au fisc, a confirmé Bercy, mais ce n'est que très rarement le cas en pratique. « Je pense que dans 99,9% des cas, ce n’est pas le cas et c’est normal », a estimé sur LCI le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.  

Il observe qu'avec le recul du « cash », les clients laissent de moins en moins de pourboire - même si en pratique, rien n'empêche de rajouter aujourd'hui un montant à l'addition payée par carte, que le professionnel reversera ensuite en espèces, à ses salariés, en faisant sa caisse.  

Des applications de paiement comme myPOS ou Sunday permettent aussi de laisser un pourboire en réglant par carte. Le client opte pour un « pourcentage de sa note ou un montant personnalisé » précise le directeur France de myPOS Florian Malvicino.  

Le gouvernement espère que cette défiscalisation -de sommes qui jusqu'ici échappaient de toute façon au fisc - va « permettre d'attirer plus de jeunes et de moins jeunes pour leur dire: tu peux gagner plus que le salaire et le bonus que je te verse », a affirmé le chef de l’État, qui déplore régulièrement les emplois non pourvus dans ce secteur, un casse-tête pour les restaurateurs.  

Alors que l'emploi fait partie, avec la lutte contre la Covid et un vaste plan d'investissements, des chantiers prioritaires annoncés par l'exécutif le 10 septembre, à sept mois de la présidentielle, le patronat de l'hôtellerie-restauration qui peine à recruter -comme le bâtiment ou d'autres secteurs-, voit ainsi exaucée l'une de ses demandes et s'en est promptement félicité.   

« C'est quelque chose que nous demandions depuis plusieurs années, beaucoup de pays le font. Cela va inciter les jeunes à venir dans nos métiers, tirer le service vers le haut, et inciter les clients à reconnaître la qualité du service », a déclaré Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation patronale de l’hôtellerie restauration.   

Argent « jusque-là invisible »  

Mais cela n'exempte pas le patronat d'une réflexion sur la façon de « revaloriser [ces] métiers, en améliorant les conditions de travail et les grilles de salaires », juge-t-il.  

Selon M. Macron, 110 000 emplois sont à pourvoir dans la restauration, le patronat parlant même de « 150 à 180 000 emplois », sans disposer d'estimation fiable.  

« Le diagnostic de nos faiblesses est connu, c’est à nous d’y répondre », a conclu M. Heguy, alors qu'après des mois de fermeture des cafés et restaurants dus au confinement en 2020, certains salariés se sont détournés d'un secteur connu pour ses horaires à rallonge, sa pénibilité et ses faibles rémunérations.  

Même satisfaction du côté du GNI, syndicat patronal des indépendants de l’hôtellerie restauration, dont le président Didier Chenet a salué une « excellente nouvelle ».  

Pour le restaurateur parisien Stéphane Manigold, à la tête du groupe Eclore, « trouver un logement quand on est salarié dans la restauration dans la capitale est un cauchemar: si vous avez 300 ou 400 euros de plus intégrés à votre rémunération, le banquier, le bailleur vont en tenir compte. Cela augmente la capacité d'endettement, et valorise cet argent jusque là invisible ».   

L'hôtellerie-café-restauration fait partie des branches professionnelles qui mènent actuellement des négociations salariales. Selon Nabil Azzouz, secrétaire fédéral FO-FGTA hôtel-cafés-restaurants, cette mesure pourrait « réduire [la] marge de négociation salariale dans la branche », et « ne répond pas aux vrais enjeux qui sont les coupures, les week-ends, le treizième mois, les salaires ». 


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
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  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".


Affaire Meurice et remous à France Inter: appel à la grève dimanche à Radio France

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France  (Photo, AFP).
Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France (Photo, AFP).
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  • L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu
  • Il avait comparé le Premier ministre israélien à une «sorte de nazi mais sans prépuce»

 

PARIS: Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche pour protester contre "la répression de l'insolence et de l'humour" après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre "des menaces" qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi soir un préavis de grève pour dimanche de 00h00 à minuit. C'est le jour où est diffusée l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d'ordinaire Guillaume Meurice.

L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre.

Il avait comparé le Premier ministre israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui lui avait valu des accusations d'antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

Dans leur préavis de grève, les syndicats demandent à la direction du groupe public "la fin de la répression de l'insolence et de l'humour" et "la réaffirmation sans limites de la liberté d'expression" sur ses antennes.

Menaces 

Plus largement, les syndicats s'inquiètent des "menaces" qui pèsent selon eux "sur des émissions populaires et singulières", en particulier sur France Inter.

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France. Elles assuraient notamment avoir appris le remplacement prochain de l'émission sur l'environnement "La terre au carré".

Les syndicats accusent la direction de Radio France de mener "une politique de casse sociale sur les antennes" alors qu'un "projet de réforme de l'audiovisuel public va être discuté prochainement à l'Assemblée nationale".

Projet de la ministre de la Culture Rachida Dati, la mise en place d'une gouvernance unique pour l'audiovisuel public (dont France Télévisions et Radio France) sera examinée les 23 et 24 mai dans l'hémicycle.

Les syndicats fustigent enfin "une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio". Ce dernier est fréquemment accusé par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche.


L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris à nouveau bloquée

Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
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  • Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage
  • Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites

PARIS : L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris est bloquée mardi matin par des étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des poubelles, mobilier urbain, vélos en libre service, obstruaient l'entrée du bâtiment situé au 27 rue Saint-Guillaume, un quartier huppé de la capitale.

Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage. Des policiers sont positionnés à proximité.

«On se mobilise avec ces moyens non conventionnels car on pense qu’on n’a plus d’autres choix, on a essayé les mails, les discussions. On est en période d’examen, on est tous fatigués», a déclaré à l'AFP une étudiante en première année qui n'a pas souhaité dévoiler son identité.

Cette jeune femme justifie le blocage par les mêmes revendications qui agitent les campus de Sciences Po Paris depuis plusieurs semaines, notamment une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et «l'arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions».

Elle affirme que 10 étudiants poursuivent une grève de la faim entamée vendredi après une évacuation de ces mêmes locaux par les forces de l'ordre.

Contactée la direction de Sciences-Po n'a pas répondu à ce stade.

Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites.

Les étudiants en examens peuvent rentrer par une porte annexe, a constaté une journaliste de l'AFP.