Algérie : deux figures symboles de la liberté d'opinion devant la justice

Karim Tabbou, figure emblématique du mouvement « Hirak » (Photo, Ryad KRAMDI/AFP).
Karim Tabbou, figure emblématique du mouvement « Hirak » (Photo, Ryad KRAMDI/AFP).
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Publié le Lundi 14 septembre 2020

Algérie : deux figures symboles de la liberté d'opinion devant la justice

  • Le premier, Karim Tabbou, visage très populaire du mouvement (« Hirak ») antisystème, comparaît libre lundi devant le tribunal de Koléa
  • Le second, le journaliste Khaled Drareni incarcéré depuis le 29 mars, saura mardi s'il reste en prison, quand sera prononcé le verdict de son procès en appel

ALGER : Deux figures du mouvement contestataire en Algérie, symboles de la lutte pour la liberté d'opinion, se retrouvent cette semaine devant la justice dans un climat de répression à l'encontre des opposants et des médias indépendants, malgré les appels internationaux réclamant leur relaxe.

Le premier, Karim Tabbou, visage très populaire du mouvement (« Hirak ») antisystème, comparaît libre lundi devant le tribunal de Koléa, à l'ouest d'Alger. Son procès devait s'ouvrir le 29 juin mais avait été reporté en raison de l'épidémie de coronavirus.

Le second, le journaliste Khaled Drareni incarcéré depuis le 29 mars, saura mardi s'il reste en prison, quand sera prononcé le verdict de son procès en appel.

Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens, le « Hirak » a secoué le pays jusqu'à sa suspension il y a quelques mois en raison de la crise sanitaire.

Très attendus, les deux procès cristallisent les tensions politiques et suscitent l'inquiétude de la société civile et des ONG qui dénoncent le musèlement de toute dissidence et une répression plus insidieuse depuis le début de l'épidémie.

Il n'est guère de journée sans que des militants de ce soulèvement populaire, des opposants, des journalistes ou des blogueurs ne soient interpellés, poursuivis, condamnés et, parfois, emprisonnés.

Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), quelque 45 personnes sont actuellement derrière les barreaux pour des faits liés au mouvement de protestation.

De son côté, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimmer, assure qu' « il n'y a pas de détenus d'opinion en Algérie ».

« Atteinte au moral de l'armée »

Arrêté le 11 septembre 2019, Karim Tabbou, 47 ans, opposant de longue date, est poursuivi pour « atteinte au moral de l'armée ».

Chef d'un petit parti d'opposition non enregistré, son portrait était régulièrement brandi lors des manifestations hebdomadaires en Algérie.

Il sera jugé à partir de 10H00 (09H00 GMT) mais il n'est pas certain que le verdict soit annoncé lundi.

Tabbou a déjà été condamné le 24 mars à un an de prison ferme et à une amende de 50.000 dinars (environ 325 euros). Il était notamment accusé d' »atteinte à l'intégrité du territoire national » à la suite d'une vidéo publiée sur la page Facebook de son parti dans laquelle il critiquait le rôle de l'armée dans la politique, selon Amnesty International.

Après neuf mois de détention, Karim Tabbou a bénéficié d'une libération conditionnelle le 2 juillet, tout comme trois autres activistes connus du « Hirak », une mesure considérée comme un geste d'apaisement de la part du pouvoir.

Au lendemain de sa sortie de prison, l'opposant avait plaidé en faveur de la libération des détenus du « Hirak » et appelé à un « vrai processus politique ».

Le « Hirak » réclame un changement du « système » en place depuis l'indépendance algérienne en 1962 et a chassé du pouvoir en avril 2019 l'ex-président Abdelaziz Bouteflika, à la tête du pays depuis deux décennies.

Etat de santé « préoccupant »

Devenu l'incarnation du combat pour la liberté de la presse en Algérie et soutenu par une forte campagne de solidarité, Khaled Drareni, 40 ans, sera quant à lui fixé sur son sort mardi au moment du verdict de son procès en appel.

Le directeur du site d'information en ligne Casbah Tribune, également correspondant en Algérie pour TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF), a été condamné le 10 août à trois ans d'emprisonnement et à une amende de 50.000 dinars pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l'unité nationale ».

Il avait été arrêté à Alger le 7 mars alors qu'il couvrait une manifestation du « Hirak ». Le journaliste est aussi accusé d'avoir critiqué sur Facebook le système politique.

La sentence, d'une sévérité inédite, a surpris et indigné ses confrères.

Les comités de soutien au journaliste, en Algérie et à l'étranger --notamment à Paris où plusieurs centaines de sympathisants se sont rassemblés dimanche-- ont réclamé sa libération « immédiate et inconditionnelle » en raison de son état de santé « particulièrement préoccupant », selon RSF.

A son procès en appel à Alger, lors duquel le procureur a requis comme en première instance quatre années de prison ferme et une amende de 50.000 dinars, Drareni est apparu « très amaigri, mais aussi très affaibli », affirme RSF.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.