LONDRES: Une photo de l’actrice libanaise Nadine Njeim avec un maquilleur israélien aux Émirats arabes unis (EAU) a suscité un tollé sur les réseaux sociaux ce week-end. «La mannequin et actrice libanaise Nadine Njeim photographiée avec un maquilleur israélien aux Émirats arabes unis. Probablement sa cliente. Va-t-elle, elle aussi, dire “Oups, je ne savais pas ”!? a tweeté le compte Lebanon News and Updates (@LebUpdate) samedi, accompagné de la photo. Puis dans un message suivant, il affirme qu’«il est confirmé qu’elle était sa cliente, selon sa vidéo sur TikTok. Il est évident que les célébrités ne choisissent pas simplement des maquilleurs au hasard sans faire de recherches sur leur travail et leur expérience».
Ces messages ont provoqué des réactions indignées et des débats sur Twitter. «Nadine Njeim, on demande des mannequins à Tel Aviv», a lancé une utilisatrice surnommée Mimo. Un autre twitto, Adam, s’est contenté de tweeter trois émojis en train de vomir, et d’autres personnes l’ont imité. Sur la Toile, certains ont prédit que Nadine Njeim, une ancienne reine de beauté qui a été couronnée Miss Liban en 2004, dirait qu’elle ignorait que le maquilleur était israélien. D’autres ont répliqué: «Et qu’est-ce que ça peut faire s’il l’est?»
«Je suis vraiment lasse de cette mentalité arriérée et de ces gens», a écrit une utilisatrice du nom de Romy. «Lorsqu’ils ne détruisent pas le Liban, avec leurs allégeances étrangères et leur idéologie, ils passent leur temps en ligne, sur leurs iPhones, à faire de la surveillance pour voir si un Israélien a respiré près d’eux. Leur seule occupation est d’intimider ou de causer des problèmes». De son côté, un autre utilisateur, 961Iceberg, a tweeté: «Chaque fois que vous entrez dans un salon de coiffure ou chez un maquilleur, n’oubliez pas de leur demander une biographie complète, ainsi que leur certificat de naissance, leurs passeports, les visas obtenus et leurs relations avec d’autres humains sur terre.»
Techniquement, le Liban est toujours en guerre avec Israël. Les deux pays n’ont aucune relation officielle, et il est interdit aux citoyens libanais de s’y rendre. En mars, un militant libanais ayant écrit une publication polémique sur les réseaux sociaux, a purgé dix mois d’une peine de trois ans de prison pour «collaboration» avec Israël, avant d’être libéré sous caution après avoir fait appel du verdict.
En 1993, trois ans à peine après la fin de la guerre civile libanaise, et alors qu'Israël occupait toujours le sud du pays, une photo de la reine de beauté libanaise Ghada Turk souriant aux côtés de Tamara Porat, Miss Israël âgée de 17 ans, avait suscité l’indignation de l’opinion publique libanaise et de nombreuses critiques dans les médias locaux.
En 2015, un selfie pris lors d’un concours de Miss Univers et partagé par Miss Israël, dans lequel figuraient Miss Liban, Miss Japon et Miss Slovénie, a rendu viral le hashtag «Tu ne représentes pas le Liban». Deux ans plus tard, la Miss Liban Amanda Hanna, qui possède la double nationalité suédoise et libanaise, a été déchue de son titre une semaine après sa victoire, lorsqu’il a été découvert qu’elle avait déjà visité Israël en utilisant son passeport suédois.
Toutefois, sous la présidence de Michel Aoun, le gouvernement libanais a engagé des pourparlers sur les frontières maritimes avec les Israéliens. De plus, en 2020, le procureur général du Liban a décidé de ne pas inculper l’ancien PDG fugitif de Nissan, Carlos Ghosn, pour avoir visité Israël en 2008. On ignore si Mme Njeim, qui a obtenu un visa en or aux EAU en mai pour une durée de dix ans, possède une autre nationalité ou un autre passeport, ou quelles conséquences elle pourrait encourir si elle retournait au Liban.
Les EAU, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont conclu l’année dernière des accords avec Israël, baptisés «accords d’Abraham», afin de normaliser les relations avec ce pays.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com