PARIS: « Le 13-Novembre était inévitable », a déclaré lundi au procès des attentats le principal accusé Salah Abdeslam, appelant sous le regard atterré des parties civiles au « dialogue » pour éviter de nouvelles attaques.
L'audience avait débuté avec le témoignage d'un enquêteur qui a effectué les constatations au bar La Belle équipe, où 21 personnes ont été tuées le soir des attentats.
Il a fait diffuser dans la salle une vidéo où l'on voit les assaillants tirer sur la terrasse. Parmi eux, Brahim Abdeslam, frère aîné de Salah, qui se fera plus tard exploser dans un bar du XIe arrondissement.
« Je voudrais faire un commentaire sur les vidéos. Je voudrais dire que si on les sort de leur contexte, je suis le premier à les désapprouver. Mais si on les met dans leur contexte, je ne peux les condamner », déclare d'un ton solennel Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
« D'accord », répond le président Jean-Louis Périès. « Ensuite ? »
« Il y a des Français, des Allemands des Belges de confession musulmane qui ont immigré en Syrie et en Irak pour vivre leur religion dignement. La France les a assassinés. Si la France compte ses morts, nous on a arrêté de compter », continue Salah Abdeslam.
L'exposé de l'enquêteur dit-il, n'est que la « dernière page du livre », il faut « parler du début ».
« On peut se faire la guerre, s'entretuer, se détester, mais la porte du dialogue doit toujours rester ouverte », ose-t-il ensuite, provoquant un éclat de rire général et atterré dans la salle d'audience.
« Vous allez le contester mais il y a une part de provocation dans votre discours », lui dit le président. « Pas du tout ! », s'insurge le Franco-marocain de 32 ans.
« Tirer avec des Kalachnikov sur des civils sur des terrasses de restaurant, c'est pas comme ça qu'on dialogue », insiste le président.
L'échange continue quelques minutes.
« Le 13-Novembre était inévitable. Mais vous pouvez éviter de nouveaux 13-Novembre, et c'est pour cela que je parle de dialogue », lâche l'accusé.
Le président commence à s'exaspérer. « Je terminerai en disant ça », dit Salah Abdeslam. « Ces terroristes, ce sont mes frères ».
« Ça, j'avais bien compris », répond le président.