BRUXELLES: Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE examineront lundi soir les conséquences du pacte de sécurité conclu entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni, au cours d'une réunion en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, a annoncé un porte-parole de la Commission européenne.
Le chef de la diplomatie européenne « Josep Borrell présidera cette réunion qui sera la première occasion de discuter des implications et des conséquences de cet accord pour l'UE et ses Etats membres », a-t-il précisé.
« La réunion va durer deux heures et M. Borrell devrait en rendre compte par une déclaration », a-t-il ajouté.
Il ne s'agit pas d'une réunion extraordinaire, mais de la traditionnelle rencontre des ministres de l'Union européenne pendant l'Assemblée générale des Nations unies au cours de laquelle « ils discutent de toutes les questions actuelles à l'ordre du jour, de tous les derniers développements qui ont un impact sérieux sur l'UE ou ses États membres », a souligné le porte-parole.
L'UE n'a été « ni consultée ni informée » du partenariat stratégique pour la région indo-pacifique conclu entre Washington, Londres et Canberra et dont la première conséquence a été la rupture d'un important contrat d'armement passé par la France avec l'Australie.
Pour marquer sa colère, la France a rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, de même que celui en Australie, le pays à l'origine de la crise.
Le ministre français des Affaire étrangères Jean-Yves le Drian reproche aux dirigeants des trois signataires du pacte AUKUS d'avoir dissimulé pendant des mois leurs négociations et dénonce une « rupture majeure de confiance » entre alliés de l'Otan. Il a au passage jugé que le Royaume-uni était la « cinquième roue du carrosse ».
Josep Borrell a dit comprendre « la déception » de la France, mais aucun des dirigeants de l'UE n'a pris position.
La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, « suit de très près la situation », a assuré son porte-parole.
« Quand un Etat membre exprime sa préoccupation de manière forte, on l'écoute », a-t-il souligné. « La présidente s'est entretenue avec le président (Emmanuel) Macron », a-t-il ajouté. « Nous attendons d'avoir une analyse détaillée de cet accord et de son impact avant de réagir », a-t-il conclu.
« La confiance est partie »
Le président Joe Biden a demandé à s'expliquer avec Emmanuel Macron, qui le prendra au téléphone dans les « prochains jours », selon le gouvernement français.
Rien ne va plus entre Paris et les trois signataires du pacte AUKUS. Une rencontre entre la ministre française des Armées Florence Parly et son homologue britannique Ben Wallace a été annulée par la France.
Le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes Clément Beaune a averti que les négociations commerciales entre l'UE et l'Australie en vue de conclure un accord de libre-échange pourraient être affectées car la « France ne voit pas comment elle peut faire confiance à Canberra ».
La Commission a rappelé lundi négocier au nom des Etats membres sur la base d'un mandat. Les négociateurs des deux parties se sont rencontrés pour la dernière fois en juin et doivent poursuivre leurs travaux en octobre.
Pour l'eurodéputé socialiste allemand Bernd Lange, qui préside la commission du commerce du Parlement européen, la « confiance est partie » et « les négociations seront plus compliquées ».
« L'humeur pour un compromis, surtout dans le secteur de l'agriculture, est très limitée en France. Une conclusion rapide de l'accord n'est pas possible », a-t-il déclaré aux journalistes.