Le Canada aux urnes, l'avenir politique de Justin Trudeau en jeu

Le chef du Parti libéral Justin Trudeau s'adresse à ses partisans le 19 septembre 2021 à Maple, au Canada (Photo, AFP)
Le chef du Parti libéral Justin Trudeau s'adresse à ses partisans le 19 septembre 2021 à Maple, au Canada (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 20 septembre 2021

Le Canada aux urnes, l'avenir politique de Justin Trudeau en jeu

  • «L'usure du pouvoir se fait sentir, la Trudeaumanie de 2015 semble bien loin»
  • «C'est difficile d'imaginer plus serré comme course»

MONTREAL : Un troisième mandat pour le libéral Justin Trudeau ou l'alternance avec le conservateur modéré Erin O'Toole? Appelés aux urnes par anticipation, les Canadiens décident lundi qui formera le prochain gouvernement, lors de législatives à l'issue incertaine.


Pour cette course très serrée, les électeurs de Terre-Neuve-et-Labrador, sur la côte atlantique, seront les premiers à voter lundi puisque dès 8H30 locales (11H00 GMT). 


À l'opposé, comme le Canada s'étale sur six fuseaux horaires, les derniers électeurs à faire une croix sur un bulletin de vote sont en Colombie-Britannique, province de la côte pacifique, où les bureaux fermeront à 19H (02H00 GMT mardi).


La campagne éclair de 36 jours s'est terminée comme elle a commencé: avec un discours du Premier ministre sortant dans lequel il demande aux Canadiens de lui accorder un nouveau mandat pour diriger le pays et gérer la sortie de la pandémie.


Ce dernier a déclenché des élections anticipées à la mi-août pour tenter de regagner la majorité qu'il avait perdue deux ans plus tôt.


Mais il est d'après les sondages en train de perdre son pari. L'usure du pouvoir se fait sentir, la "Trudeaumanie" de 2015 semble bien loin... il plafonne autour de 31% d'intentions de vote, au même niveau que son principal rival, le conservateur Erin O'Toole, encore inconnu du grand public il y a peu.


Vers une autre minorité
              
Comme en 2019, ce "suspense absolument total" fait dire aux analystes que "la majorité semble très compliquée à atteindre pour qui que ce soit".


"C'est difficile d'imaginer plus serré comme course", explique à l'AFP Félix Mathieu, professeur de politique à l'Université de Winnipeg.


Dimanche, Justin Trudeau s'est démultiplié au dernier jour de campagne, faisant des arrêts d'est en ouest du pays.


Ces derniers jours, il a appelé les électeurs au vote stratégique, expliquant que le retour des conservateurs au pouvoir serait synonyme de retour en arrière pour le pays, notamment sur la question climatique.


Erin O'Toole, qui était dimanche dans la grande région de Toronto, où il se présente, a promis aux Canadiens d'être le renouveau et a fait une campagne résolument au centre. 

«Retour à la case départ»?

Les quelque 27 millions de Canadiens de 18 ans et plus admissibles à voter lundi sont appelés à élire les 338 députés que compte la Chambre des communes. 


Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n'est en mesure d'obtenir une majorité des sièges au parlement, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire.


Dans ce cas, le futur Premier ministre, libéral ou conservateur, devra collaborer avec les plus petits partis pour gouverner à Ottawa.


Comme le Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, crédité de près de 20% des intentions de vote. Ou le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par Yves-François Blanchet, qui a semblé reprendre des couleurs en fin de campagne après une polémique sur la place du Québec au sein de la confédération canadienne.


Dernier grand parti en lice, les Verts d'Annamie Paul ont peiné à faire passer leur message d'une urgence climatique, luttant eux-mêmes pour leur survie en raison de problèmes d'unité, d'image et de finances.


Le scénario du "copier-coller" avec cette élection est donc très plausible, selon des commentateurs. 


"La question au départ était de savoir si les libéraux méritent d'avoir un gouvernement majoritaire. Et maintenant, la question est de savoir s'ils méritent de rester au pouvoir", résume Daniel Béland, professeur à l'Université McGill.


Mais la patience sera peut-être de mise lundi soir car il y a une possibilité que le nom du vainqueur ne soit pas connu le soir même, a expliqué l'organisme en charge du scrutin. De nombreux Canadiens ont opté pour le vote par correspondance et cela pourrait être très serré dans certaines circonscriptions.


"Tout va dépendre du nombre de circonscriptions où les courses sont serrées", a affirmé Geneviève Tellier, expliquant que les Canadiens ont remis en question ces dernières semaines "le leadership de Justin Trudeau".  


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.