Bouteflika, symbole des «occasions manquées» de l'Algérie

Dans cette photo d'archives prise le 15 avril 1999, l'unique candidat à la présidentielle algérienne Abdelaziz Bouteflika vote dans le quartier El Biar d'Alger. (Photo, AFP/Archives)
Dans cette photo d'archives prise le 15 avril 1999, l'unique candidat à la présidentielle algérienne Abdelaziz Bouteflika vote dans le quartier El Biar d'Alger. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Dimanche 19 septembre 2021

Bouteflika, symbole des «occasions manquées» de l'Algérie

  • Il rêvait de marquer l'Histoire et de devenir un nouveau «père du peuple» à l'image de son mentor, l'ancien président Houari Boumedienne qu'il a dépassé en longévité au pouvoir
  • Aux jeunes générations qui n'ont connu que lui à la présidence, il a laissé une «image navrante, d'un vieil homme en chaise roulante»

TUNIS: Réconciliation inachevée, crise socio-économique persistante, système politique bloqué: les 20 ans au pouvoir de l'ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika ont été ponctués d'"occasions manquées", estiment des analystes.

Il rêvait de marquer l'Histoire et de devenir un nouveau "père du peuple" à l'image de son mentor, l'ancien président Houari Boumedienne (1965-1978), qu'il a dépassé en longévité au pouvoir, et dont il fut un fringant chef de la diplomatie.

A son arrivée au pouvoir en 1999, à la fin de la décennie noire (1992-2002, 200.000 morts), Abdelaziz Bouteflika inspirait "quelque chose de rassurant des années ‘glorieuses’ de (Houari) Boumedienne, de l'Algérie leader du Tiers monde, contrastant avec l'Algérie de cendres et de ruines des années 90", analyse l'écrivain et journaliste algérien Adlène Meddi dans la revue Middleeasteye.net. 

En France, la maire adjointe de Marseille, Samia Ghali, a d'ailleurs salué, dans un tweet, un "diplomate de talent, réconciliateur de l'Algérie...un homme d'Etat qui marquera à jamais l'histoire de son pays".

Après la mort de Boumedienne, il avait été écarté de sa succession en 1979 par le "système", déjà dominé par les généraux, et avait dû s'exiler à Dubaï et Genève.

« Eclipse totale »

Populaire à son retour aux plus hautes responsabilités mais mu par une soif de revanche envers l'armée, il avait clamé en juin 1999 lors du Forum de Crans Montana (Suisse): "je suis l'Algérie toute entière, je suis l'incarnation du peuple algérien".

En réalité, "sa popularité était assurée par un (prix du) baril (de pétrole) élevé et une loi sur la concorde civile (mettant fin à la guerre civile avec les islamistes, ndlr) négociée par l'armée", analyse pour l'AFP Hasni Abidi, directeur du centre d'études Cernam à Genève.

Ensuite, "Bouteflika a raté son rendez-vous avec l'Histoire, c'est le président des occasions manquées": pendant ses 20 ans de mandat, "c'est devenu un homme de pouvoir et d'intrigues, et pas un homme d'Etat", ajoute M. Abidi.

Selon cet expert du monde arabe, "méprisant la société civile et les médias", Bouteflika a "creusé un fossé avec son peuple" et "donné des ailes aux hommes d'affaires sans scrupules". Profitant de la manne pétrolière et gazière, il faisait "des choix sans consulter" en "neutralisant les contrepouvoirs dans l'institution militaire et en humiliant tous ceux qui s'opposaient à lui", ajoute l'expert.

Cette attitude a abouti, selon lui, à un report de "tous les chantiers de réformes politiques, institutionnelles et économiques" et "une éclipse totale" de la diplomatie algérienne, une situation aggravée par un accident vasculaire cérébral (AVC) subi en 2013 qui l'a laissé affaibli et dépassé par la guerre des clans autour de lui. 

Sa volonté de briguer un cinquième mandat a provoqué de massives manifestations pro-démocratie entre février et avril 2019, le poussant à la démission.

« Au service d'un clan »

En 20 ans de pouvoir, il n'a au final "réalisé ni ses ambitions personnelles ni celles de l'Etat algérien", explique à l'AFP Louisa Dris Aït Hamadouche, enseignante en sciences politique à l'université d'Alger, dénonçant elle aussi une "accumulation d'occasions ratées".

Il voulait "dépasser le statut de Boumediene, sanctuariser la présidence, mettre sous ses ordres l'institution militaire, imposer l'Algérie sur l'échiquier régional, être celui qui tourne la page de la décennie noire (...) Résultat, en 2021, jamais les institutions de l'Etat n'ont été aussi fragilisées, divisées, discréditées".

Aux jeunes générations qui n'ont connu que lui à la présidence, il a laissé une "image navrante, d'un vieil homme en chaise roulante", poursuit Mme Dris Aït Hamadouche déplorant aussi qu'il soit parti sans avoir eu à "répondre ni moralement, ni judiciairement, des fautes commises dans l'exercice de ses fonctions". 

Samir Yahiaoui, militant du mouvement pro-démocratie Hirak en France, s'inquiète aussi que M. Bouteflika puisse "emporter autant de secrets avec lui". "C'est juste inadmissible", dit-il à l'AFP, et "c'est la preuve qu'il était au service d'un clan, d'un pouvoir, qu'il n'a jamais été un homme d'Etat", faisant montre d'"égoïsme et d'un mépris pour son propre peuple jusqu'au bout". 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".