Macron à Athènes: climat, stabilité et crise migratoire au menu de l’UE Méditerranée

Photo de famille du 7e sommet EU-Med qui s'est déroulé à Porticcio en Corse, en septembre 2020. (AFP).
Photo de famille du 7e sommet EU-Med qui s'est déroulé à Porticcio en Corse, en septembre 2020. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 17 septembre 2021

Macron à Athènes: climat, stabilité et crise migratoire au menu de l’UE Méditerranée

  • Selon l’Élysée, ce sommet comprendra trois sessions de travail ainsi qu’un dîner au cours duquel sera abordée la question de l’Afghanistan
  • Climat, stabilité régionale et crise migratoire seront au menu des discussions pour ce sommet Med7 auquel participent pour la première fois la Croatie et la Slovénie

ATHÈNES: Après Ajaccio en 2020, c’est Athènes qui accueille cette année le 8e Sommet des pays du sud de l’Union européenne (UE Méditerranée). Emmanuel Macron est d’ailleurs attendu dans la capitale grecque.

En effet, le président français prend part à cette grand-messe des pays du sud de la Méditerranée à laquelle participent, outre la France, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, Chypre et Malte. Cette année, deux nouveaux arrivants également conformément au souhait du président français : la Croatie et la Slovénie.

Selon l’Élysée, ce sommet comprendra trois sessions de travail ainsi qu’un dîner au cours duquel sera abordée la question de l’Afghanistan.

La première session portera sur le changement climatique, un dossier essentiel pour les pays du sud de la Méditerranée et notamment pour la Grèce, qui, durant l’été 2021, a subi des feux de forêt d’une ampleur inégalée. Au total ce sont plus de 100 mille hectares qui sont partis en fumée. «Sur ce plan, la France a répondu présent», souligne l’Élysée, qui a apporté son aide à la Grèce et à l’Italie afin de lutter contre les ravages du feu. Il faut souligner que le réchauffement climatique affecte tout particulièrement les pays du sud de l’Europe. La Grèce vient d’ailleurs de désigner son tout premier Chief Heat Officer (haut responsable pour le changement climatique). Cette nomination est l’aboutissement d’un constat simple: la ville d’Athènes deviendra inhabitable dans quelques années si rien n’est fait pour inverser la tendance qui se dessine, des records de chaleur étant atteints chaque année.

Loin d’être un sujet accessoire, le changement climatique est donc au cœur des préoccupations des pays du sud de la Méditerranée. Pour sa part, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a d'ores-et-déjà estimé que le sommet de vendredi serait une "poursuite du débat sur la protection de la biodiversité" et sur "la nécessité d'une meilleure coopération en termes de protection civile, notamment pour les incendies".

Comprendre l’importance de la pression migratoire en Europe, en quelques chiffres

  • Les demandes d'asile déposées par les Afghans ont augmenté de plus de 20% au mois de juillet avant la prise de pouvoir de Kaboul par les talibans à la mi-août, selon des chiffres du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO) publiés jeudi dernier.
  • 50 000 demandes de protection internationale ont été déposées au mois de juillet dernier (une augmentation de 8% par rapport à juin) dans les vingt-sept pays de l'UE, auxquels s’ajoutent la Norvège et la Suisse. Le nombre de requêtes afghanes tend à se rapprocher de celui des demandes syriennes, qui demeure toutefois le plus élevé.

La deuxième session de travail sera, quant à elle, consacrée à la paix, à la sécurité et à la stabilité de cette région, alors que la Méditerranée orientale connaît un regain de tension ponctué par les provocations turques, notamment à l’égard de la Grèce. Même si l’été 2021 a été relativement calme entre Athènes et Ankara, cet apaisement n’est majoritairement perçu, du côté grec, que comme une pause estivale bienvenue qui a permis à ces deux pays de profiter de leurs saisons touristiques respectives. Or, les relations de la France avec la Turquie se sont détendues depuis le début de l’année 2021; les éléments de langage du président turc, Recep Tayip Erdogan, se sont nettement adoucis à l’égard de Paris. Même si, en ce qui concerne la Chypre du Nord, la Turquie n’a pas assoupli sa position d’un iota, sur le plan des provocations en mer – aux abords des côtes grecques, en particulier –, on constate une accalmie significative. Paris pourra sans doute tirer parti de ce contexte pour arracher un accord avec Ankara sur la vague migratoire: c’est sur ce sujet que les participants de l’UE Méditerranée plancheront à l’occasion de leur troisième session de travail.

Il est évident, en effet, que l’exode afghan après la prise de contrôle de Kaboul par les talibans constitue un dossier préoccupant, surtout pour les pays sud-méditerranéens, qui sont en première ligne de la vague migratoire.

Selon l’Élysée, ce dossier va être discuté en long et en large avec la Turquie, mais une chose est sûre: il n’y aura pas de «cadeau» fait à Ankara comme cela avait été le cas lors de la vague migratoire qu’avait provoquée la guerre en Syrie. À l’époque, la Turquie s’était vu offrir une coquette somme en échange de son rôle de gendarme de l’Europe. Un rôle qu’on lui demande une nouvelle fois d’endosser, mais dans des conditions nettement différentes.

Enfin sur le plan moyen-oriental, la situation au Liban sera abordée lors de ce sommet, confirme l’Élysée. Néanmoins, il s’agira surtout de mettre l’accent sur l’accompagnement qui doit être mis en place afin de soutenir le nouveau gouvernement pour qu’il soit capable d’entreprendre les réformes radicales attendues par la communauté internationale.

On le voit, l’agenda qui attend Emmanuel Macron à Athènes est dense, tandis qu’il règne à Paris une atmosphère de précampagne présidentielle qui s'annonce déjà électrique; l’actuel président français n’a d’ailleurs toujours pas présenté sa candidature…


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Short Url
  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.


Faux Brad Pitt: une enquête pour escroquerie ouverte en France

Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Short Url
  • A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien
  • Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION: Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière.

A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien.

Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine en lui envoyant de faux selfies, des documents d'identité falsifiés et en recourant à l'intelligence artificielle pour dissiper ses doutes.

Prétextant avoir besoin d'argent pour payer une opération pour un cancer du rein, le faux Brad Pitt a réussi à soutirer cette somme importante à cette femme, qui est aujourd'hui ruinée et a fait trois tentatives de suicide.

Depuis la diffusion de l'émission, elle fait l'objet de railleries de la part d'internautes moquant sa supposée crédulité. Le reportage a depuis été retiré de toutes les plateformes par TF1, après une "vague de harcèlement à l'encontre d'un témoin".

L'affaire est parvenue jusqu'à l'entourage de l'acteur, qui a mis en garde ses fans contre les escrocs utilisant son image.

"C'est terrible que des escrocs profitent de la forte connexion des fans avec des célébrités", a déclaré mardi un porte-parole de l'acteur au média Entertainment Weekly.

De escroqueries jouant sur les sentiments existent depuis le début des courriers électroniques, mais l'arrivée de l'intelligence artificielle a augmenté le risque de vol d'identité, canulars et fraude en ligne, selon les experts.