TUNIS : L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé samedi à la tenue d’élections pour former un nouveau Parlement afin de débattre du changement du système politique, rejetant ainsi implicitement toute initiative du président visant à le faire directement par référendum.
Le président Kaïs Saïed s’est emparé du pouvoir le 25 juillet, invoquant une clause d’urgence inscrite dans la constitution pour limoger le Premier ministre et suspendre le Parlement, ce que ses détracteurs politiques qualifient de coup d’État.
Cela a plongé la Tunisie dans sa plus grande crise politique depuis la révolution de 2011 qui a permis de renverser un régime autocratique et d’instaurer la démocratie.
« Le secrétaire général (de l’union) a appelé à la tenue d’élections législatives anticipées qui conduiraient à la formation d’un nouveau Parlement, après quoi la constitution serait discutée et le système politique serait modifié », indique le journal Echaab de l’UGTT.
Cette semaine, l’un des conseillers de M. Saïed, Walid Hajjem, a précisé à Reuters que le président envisageait de suspendre la constitution de 2014 et d’en proposer lui-même une nouvelle version par référendum.
Bien qu’il ait prolongé indéfiniment les mesures d’urgence, M. Saïed a rejeté les accusations de coup d’État. Cependant, près de sept semaines après son intervention, il n’a toujours pas nommé de Premier ministre ou déclaré officiellement comment il entendait gouverner.
L’UGTT, qui compte plus d’un million de membres, est l’une des forces politiques les plus puissantes en Tunisie et a joué un rôle déterminant dans le rapprochement des blocs politiques rivaux après la révolution de 2011.
Les partis politiques, dont certains ont exprimé leur soutien à l’intervention de Kaïs Saïed le 25 juillet, ont rejeté l’idée qu’il suspende la constitution et en propose une nouvelle unilatéralement.
Quant aux démocraties occidentales, qui ont été d’importants donateurs pour les finances publiques en difficulté de la Tunisie ces dernières années, elles ont poussé M. Saïed à nommer rapidement un Premier ministre et à tracer une voie pour l’avenir.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com