BEYROUTH: Le gouvernement intérimaire du Liban a annoncé jeudi le lancement de la carte d’approvisionnement pour les familles défavorisées.
Le processus d’inscription a été initié en présence, entre autres, de Ramzi Moucharafieh, le ministre sortant des Affaires sociales.
La période d’inscription s’étend du 15 septembre au 31 octobre. La date limite peut être prolongée jusqu’à la fin de l’année 2021 pour ceux qui n’ont pas encore obtenu de carte d’identité.
Près de 700 000 familles libanaises devraient bénéficier de la carte d’approvisionnement, qui aide les familles défavorisées à survivre en attendant que des solutions concrètes à la crise économique soient mises en place.
Le Liban fait face à un effondrement économique sans précédent depuis fin 2019. Selon la Banque mondiale, cet effondrement fait partie des pires crises financières du monde depuis le milieu du XIXe siècle.
Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté, la livre libanaise ayant perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar.
Selon M. Moucharafieh, cette carte temporaire, valable un an, fournira un soutien aux citoyens mais ne permettra pas de résoudre le vrai problème – résultat de l’échec des politiques sociales au cours des trente dernières années. «Mieux vaut allumer une chandelle que maudire les ténèbres», déclare-t-il.
M. Moucharafieh a démenti les allégations selon lesquelles cette carte servirait de carte électorale. «Les gens peuvent porter plainte si certaines personnes titulaires de la carte ne devraient pas y avoir droit.»
La carte permet à ses bénéficiaires d’obtenir entre 93 et 126 dollars (1 dollar = 0,84 euro) américains par l’intermédiaire d’un transfert d’espèces. Ce montant sera payé soit en dollars, soit en livres libanaises au taux du marché parallèle.
M. Moucharafieh souligne qu’une famille de cinq personnes a le droit de recevoir 25 dollars américains pour chaque membre âgé de moins de 65 ans et 40 dollars pour ceux qui ont plus de 65 ans.
Cette carte n’inclut pas les familles dont le revenu est supérieur à 10 000 dollars américains par an; les personnes dont les dépôts bancaires s’élèvent à plus de 10 000 dollars américains; les familles dont le loyer dépasse 3 500 dollars par an; les familles qui possèdent deux voitures immatriculées dont le modèle date de 2017 ou d’une année plus récente et celles qui ont deux employés de maison.
Seules les familles qui ont des employés domestiques aidant une personne âgée ou à besoins spécifiques pourront bénéficier de la carte.
En plus de la carte d’approvisionnement, il existe deux programmes parallèles destinés à d'autres familles classées selon d'autres types de pauvreté. L’un d’eux est financé par la Banque mondiale et vise à soutenir les familles vivant dans l’extrême pauvreté et l’autre est financé par le ministère des Affaires sociales dans le but de venir en aide aux familles les plus vulnérables.
«Les familles obtiendront la carte quelle que soit leur affiliation politique ou sectaire», affirme Raoul Nehmé, ministre sortant de l’Économie.
«La plate-forme déterminera automatiquement les personnes éligibles ou non à l’obtention de la carte. Aucune intervention humaine n’est possible; la plate-forme classera tout le monde et toute personne bénéficiant d’un autre programme de soutien sera automatiquement exclue», explique M. Nehmé.
L’Inspection centrale supervisera la plate-forme. Son président, le juge George Auguste Attia, déclare: «La plate-forme est basée sur les normes de contrôle et les principes de justice distributive, de responsabilité, de confidentialité des données et de transparence.»
Durant treize mois, les politiciens n’ont pas réussi à former un gouvernement de sauvetage pour mettre en place les réformes exigées par la communauté internationale pour aider le Liban, en raison du différend concernant le tiers de blocage au sein du gouvernement.
Mercredi, le chef du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a publié le tweet suivant: «Les talibans ont formé un gouvernement. Soyez comme les talibans, assumez vos responsabilités pour assurer la sécurité, les moyens de subsistance et la santé des citoyens. Vous prétendez tout savoir en vous appuyant sur une logique qui rejette tout pluralisme.»
Pendant ce temps, les manifestations se poursuivent en raison des difficultés financières auxquelles fait face la population, en plus des pénuries de carburant et de l’augmentation continue des prix sur le marché noir.
Jeudi, plusieurs conducteurs ont bloqué la route de Saïda avec des pneus enflammés, tandis que la région d’Akkar a été le terrain de plusieurs manifestations mercredi.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com