BEYROUTH: Mardi, le drapeau libanais a été mis en berne à la suite du décès de cheikh Abdel Amir Qabalan, chef du Conseil suprême islamique chiite, décédé à l'âge de 85 ans.
Le Conseil est la référence officielle de la communauté chiite au Liban. Qabalan était à la tête de cette institution depuis deux décennies. Le parti Amal et le Hezbollah entament désormais une lutte de pouvoir pour déterminer qui sera le prochain président du Conseil.
Le Hezbollah, parti politique et groupe militant islamiste chiite libanais, est soutenu par l'Iran, tandis qu’Amal est dirigé par Nabih Berri, président du Parlement libanais depuis 1992.
Les éloges funèbres de cheikh Qabalan se sont concentrés sur son rôle dans le «maintien de la coexistence et de la paix», mais sa mort mettra l’accent sur le fossé grandissant entre le Hezbollah et Amal.
«Le différend entre les deux partis se manifeste ordinairement au niveau de la base, et non à celui des dirigeants», affirme à Arab News l'universitaire et militante Mona Fayad. «Ils pourraient se mettre d’accord pour partager à nouveau le pouvoir ou suspendre le processus d'élection du chef du Conseil.»
Le Conseil gère les affaires des chiites, et vise à améliorer leurs conditions sociales et économiques. Son programme précise également qu’il «soutient la résistance palestinienne et participe activement avec les pays arabes frères à la libération des territoires occupés, dans le cadre d'une stratégie arabe unifiée».
Selon un recensement effectué en 2020 au Liban, les musulmans constituent environ 69,4% de la population, avec 31,7% de chiites et 31,3% de sunnites, ainsi que d’autres minorités, les alaouites et les ismaéliens.
Cependant, le Conseil s’est divisé sur l'expansion du Hezbollah au sein de la communauté chiite libanaise.
EN BREF
Cheikh Abdel Amir Qabalan était à la tête du Conseil suprême islamique chiite depuis deux dernières décennies, avant de décéder à l'âge de 85 ans.
Certains membres du Conseil sont des partisans du Hezbollah, tandis que d'autres soutiennent le mouvement Amal. Le fossé s'est creusé au cours des deux dernières années, alors que les différends entre les départements du conseil se sont intensifiés après la détérioration de la santé de cheikh Qabalan.
Des religieux chiites indépendants ont en effet critiqué la corruption enracinée au sein du Conseil, qui s’est manifestée par des violations de la loi, du favoritisme et la course Hezbollah-Amal pour le contrôle de la communauté chiite.
Fayad assure à Arab News que le Conseil a même joué un rôle négatif sur les droits des femmes chiites.
«Le rôle du Conseil n'est plus clair, car les élections ont connu un coup d’arrêt. Le corps électoral, qui est composé de personnalités culturelles, économiques, professionnelles et politiques, ne s'est pas réuni une seule fois», précise-t-elle.
«Le Conseil est actuellement en faveur du Hezbollah, et a perdu de son efficacité. Nous ne connaissons pas l'étendue de la présence des forces opposées au parti au sein du conseil, ni leur influence.»
Le différend entre Amal et le Hezbollah sur la direction du Conseil sera-t-il révélé au grand jour? Pour l’universitaire, l'Iran rejettera certainement tout différend concernant l'autorité du Conseil.
«Le Hezbollah et le mouvement Amal sont particulièrement vulnérables», indique-t-elle. «La population les tient pour responsables de l'effondrement actuel, et la présidence du Conseil est une question insignifiante face à l’enfer que traversent les Libanais.»
Le Conseil a été créé par l'imam Moussa Sadr et approuvé par le Parlement en 1967. Deux ans plus tard, Moussa Sadr était désigné comme son premier chef. Après sa disparition en Libye en 1978, cheikh Mohammed Mahdi Shams al-Din l’a remplacé. Lorsque celui-ci est décédé en 2001, le vice-président du conseil, cheikh Qabalan, a pris sa tête.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com